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Cinquième partie

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1Cinquième partie Empty Cinquième partie Ven 3 Avr - 23:55

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Cinquième partie 5510

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2Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:08

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Un bruit fit subitement tourner la tête à Jack, et il s'immobilisa un instant, le regard fixé sur les épais taillis de la forêt, avec l'impression étrange d'être observé, et que, à travers les feuilles vertes des arbres et des buissons, des prunelles dures et imperturbables les observaient, les étudiaient, et attendaient le bon moment pour passer à l'attaque. Ce n'était qu'une impression, et pourtant, ses poils se hérissaient sur ses bras, et, dans sa nuque, la chaire de poule couvrait sa peau.
Soudain, un frôlement d'aile de papillon effleura sa main, et le brun sursauta violemment, croyant que les Terriens avaient décidé de passer à l'attaque et qu'il venait de sentir le mouvement de l'air dû à un pieu. Mais non. Ce n'était qu'Adèle qui, dans un moment de faiblesse, avait voulu lui prendre la main pour ensuite se raviser. Le jeune homme baissa la tête vers elle et planta son regard brun dans le sien. Pourquoi, encore maintenant, hésitait-elle à le toucher ? Quelques jours plus tôt encore, elle venait se laisser tomber dans son lit, sans aucune gêne, et aujourd'hui, le moindre fait de mettre la main dans la sienne la mettait mal à l'aise ? Il avait beau dire, le beau brun avait du mal à suivre toutes les pensées et les états d'âme de la brune, malgré tous ses efforts. Un jour, ils étaient plus proches que jamais, et le lendemain, ils ne se parlaient que pour échanger les banalités indispensables. Il ressentit d'ailleurs un pincement au coeur en prenant conscience soudain du brusque changement qu'avait pris leur relation, et, même s'il s'en était déjà aperçu, ce n'est qu'à cet instant qu'il en comprit toute l'ampleur et les nuances.
Mais Jack, même s'il l'était un brin, ne voulait pas passer pour un sentimental. Et surtout pas face à cette nouvelle Adèle, qui semblait plus froide que jamais. Alors il se redressa et tourna son regard chocolat vers le lac, juste devant eux, à quelques pas, entre deux arbres centenaires qui portaient leur ombre sur les épines de pin au sol.
- On n'a qu'à le longer, dit-il alors, après un moment de silence, en se penchant pour attraper un bâton en guise de défense.
Même si ça ne serait pas très efficace face à des arcs et des flèches.

Billie tourna une fois de plus son regard autour d'eux, sur le camp, et, subitement, elle eut l'impression de ne plus voir le camp de jeunes qu'ils avaient construit comme elle voyait quelques secondes plus tôt. Là, où, auparavant, elle voyait les groupes travailler efficacement, elle voyait désormais toutes les failles du mur qui s’érigeait. Elle voyait chaque interstices de lumière entre les différentes planches de bois, elle voyait chaque faiblesse des troncs qu'ils avaient dressés contre les miradors. Là, où, quelques temps plus tôt, elle voyait des issues de secours, elle voyais maintenant des guet-appens, des pièges, des trous de lapins. Et, là, où auparavant elle voyait l'unité entre tous els jeunes gens, elle voyait désormais l'hilarité générale, la légèreté qui se dégageait de leurs gestes et qui s'entendait dans leurs rires qui volaient doucement au gré du vent. Comment pourraient-ils résister aux Sauvages ? Comment des jeunes comme eux, qui n'avaient jamais connu la guerre, et qui n'avaient connu comme conflit, en règle générale, que celui avec leurs parents, pourraient-il au moins croire qu'ils réussiraient à s'en sortir ?
Un poids sembla alors s'abattre sur les frêles épaules de la brune, et son optimisme légendaire sembla se briser en morceaux. Elle avait essayer de raisonner un Terrien. Et elle n'avait pas réussi. Comment réussir à en raisonner des centaines armés jusqu'aux dents ? Billie n'était pas du genre à avoir peur. Elle n'était pas du genre à renoncer, et elle n'était pas du genre à être pessimiste et à voir la défaite partout. Mais là, cernée par des centaines de sauvages, et avec la peur qui lui tordait les entrailles, la petite brune n'en menait pas large et avait une seule envie : qu'ils aillent tous se terrer sous terre pour éviter cet affront pour lequel ils n'étaient pas prêt.
Ce fut la voix de John qui la sortit de ses réflexions, et, en redressant la tête, elle serra ses poings, contre sa poitrine, les bras toujours croisés, et hocha la tête, en tentant de dissimuler au maximum sa peur et son incertitude.
- Oui, il faut commencer tout de suite. Et il y a les bombes d'Adèles.
Mais elles n'étaient même pas terminées ! Et qui savait terminer des bombes, ici ?

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3Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:09

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Adèle sentit durant quelques instants le regard de Jack peser sur épaules, alors qu'elle avait justement détourné la tête pour ne pas avoir à le regarder dans les yeux. Sa main se ferma doucement, reprenant docilement sa place contre sa cuisse qui avançait a un rythme plutôt soutenu. La petite brune n'osa pas relever les yeux vers les jeune homme, mais elle se douta qu'il avait cessé de la regarder des qu'il se mît a parler.
Les doigts légèrement crispés, Adèle souffla doucement. Si en apparence elle paraissait être de marbre, ce qu'elle s'efforçait de faire depuis le début, elle suintait intérieurement la peur, et a plein nez. Ses poings fermés tentaient de contenir avec force les sursauts qu'elle réprimait, et son regard posé sur le lac lui empêchait de relever vers Jack.
Jack. Qui n'avait même pas esquissé un mouvement lorsqu'elle lui avait effleurer la main, se contentant de la fixer durant quelques instants. Peut être ne s'en était-il pas rendu compte, et elle devait avouer que cela serait rassurant. Pour elle.
- La source ne doit pas être loin, lâcha-t-elle.
En effet le courant semblait être plus fort a quelques mètres d'eux, il finiraient donc bien par trouver le début de cette espèce de rivière. Lorsqu'il se pencha pour ramassée un morceau de bois, Adèle grinça encore des dents. Était-il inquiet, lui aussi ?

John passa une fois de plus ses mains sur son visage en sueur. Comment allaient-ils faire ? Ils etaient tout bonnement pris au piège, fais comme des rats. Personne ne saurait se battre face aux Terriens, ils etaient trop nombreux comme avait certifié Andrew, et aussi trop puissants et armés comme ils le savaient tous. Ce ne serait avec des petits bâtons ridicules qu'ils survivraient. Pourquoi l'arche ne leur avait-elle pas donné des armes ? En même temps, comment le conseil aurait-il pu savoir que la Terre était encore habitée par des malades psychopathes mutants ?
Le regard du grand brun dériva quelques instants sur le camp, et il soupira avant de lever les yeux vers Billie. Même si elle tentait de le dissimuler, il la voyait très clairement anxieuse et paniquée. Dans son regard se lisait une peur incertaine qui prédisait sand mégarde le futur qui leur était annoncé. Alors lui, ne devait pas flancher. Surtout pas.
- Ou sont Adèle et Jack ?

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4Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:09

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Inquiet, Jack ? Ce n'était pas vraiment un secret, et ce, même si le brun tentait de ne pas le montrer. Car, si Adèle avait proposé d'aller partir à la recherche de cette satanée cabane abandonnée au fin fond des bois, il ne doutait pas qu'elle était en réalité aussi effrayée qu'un lapin pris au piège. Le jeune homme ne le montrait pas, mais, même s'ils s'étaient éloignés ces derniers temps, il avait commencé à la connaître, et montrer ses faiblesses n'était pas dans les habitude de la brune. Surtout qu'il lui avait reproché d'avoir une peur démesurée des Terriens. Alors elle lui avait prouvé le contraire, et les voilà, tous els deux, perdus en pleine forêt, sans avoir prévenu personne hormis ce garçon qui les avait débarrassé de leurs pommes, et certainement entouré de mabouls qui n'avaient qu'une seule envie : les tuer. Tous. Jusqu'aux derniers. Mais quelle idée avaient-ils eue ? Qu'avaient-ils voulu prouver en partant à la recherche de cette cabane de malheur ? Qu'eux aussi pouvaient survivre hors du camps ? Que John et Billie mentaient ? Qu'ils n'avaient pas dit toute la vérité ? Qu'eux aussi pouvaient ramener des vivres pour la centaine de jeunes qui barricadait en ce moment même le camp ? Etait-ce pas excès d'orgueil et d'amour-propre que les deux bruns avaient décidé de s'éclipser en douce ?
Jack était perdu. Dans ses sentiments, et dans ses propres motivations. Et, à cet instant, une sorte de dégoût pour lui-même lui tordit les tripes. Ils n'avaient prévenu personne avant de partir. Et si les Sauvages attaquaient pendant leur absence ? C'était une hypothèse à ne pas négliger. Mais surtout, il se questionnait sur la raison véritable de leur escapade, car, même maintenant, il continuait d'en ignorer la raison, et la peur de découvrir que c'était l'orgueil et la fierté qui l''avait poussé à partir n'arrêtait pas de lui piquer le coeur, à intervalles réguliers. Etait-il donc vraiment ce gars, imbu de lui-même, qui préférait prouver aux autres que lui aussi avait l'étoffe d'une chef, au lieu de rester avec tous les autres pour protéger le camp d'une éventuelle attaque ?
Ses doigts serrèrent le bois du bâton, et, quand il le planta dans le sol au rythme de ses pas, il s'enfonça de quelques centimètres sous la force de la colère que le brun mit dans son geste. Et, à leur droite, le miroitement de l'eau, magnifique, semblait les narguer. Comment croire que, dans un endroit si beau et féerique pouvait sommeiller une créature avide de chair fraîche ? Encore une fois, trop de questions martyrisaient le pauvre esprit du brun, qui ferma les yeux un instant, avant de tourner un instant la tête vers la jeune femme. Il n'arrivait plus à la cerner. A savoir ce qu'elle pensait. Et, pire encore, à savoir ce qu'elle ressentait.
- J'espère qu'il y en a vraiment une, ne put-il s'empêcher de répondre, non sans un certain pessimisme.

Adèle et Jack. Adèle et Jack ? Ils étaient les mieux placés pour défendre le camp car c'était ceux qui étaient restés ici le plus longtemps, ceux qui avaient organisé, en plus grande partie, la construction des murailles, des groupes de travail, qui avaient veillé à ce que tout se passe bien. C'était grâce à Adèle que des bombes avaient été commencée, alors qu'eux, à leurs drôles d'idées, étaient toujours partis en vadrouille. Ils avaient rapporté de quoi manger pour quelques jours, mais, et puis ? Avaient-ils acquis une quelconque façon de se défendre face aux Sauvages ? Qu'avaient-ils appris d'utile, dehors, à part qu'il ne fallait pas se baigner dans le lac et que les Terriens n'étaient pas pacifiques ? La brune pinça les lèvres, et, sentant la panique affluer dans ses veines, elle décroisa les bras. Il fallait qu'elle bouge, qu'elle fasse quelque chose, ou alors elle allait finir par se rouler en boule et céder totalement à la panique qui menaçait de contrôler son corps et son esprit.
Mais où étaient donc ces deux-là ? Son regard chocolat parcourut avec une rapidité maladive le camp. Ses prunelles fixèrent les différents groupes de travail, dévisagèrent tous les bruns et toutes les filles aux cheveux bouclés, dénudèrent chaque tronc d'arbre et chaque tente. Et pourtant, elle ne les trouva nulle part. Et ce n'est qu'à cet instant qu'elle se rendit compte que pendant tout le temps de sa recherche, elle avait cessé de respirer. En inspirant donc un grand coup, elle se tourna vers le jeune homme et secoua la tête.
- Je ne sais pas.
Mais que faisaient-ils donc ? Où étaient-ils donc ? Billie ne cessait de triturer ses mains, de se tordre les doigts et de regarder autour d'elle. Mais il fallait qu'elle fasse quelque chose. Alors, avisant les groupes de travail qui continuaient leur corvée, et, un peu plus loin, les autres groupes qui s'entraînaient au combat, elle souffla.
- Je vais leur dire d'arrêter de construire le mur.
Et, sans rien ajouter de plus, ni se tourner vers le brun, elle commença à s'éloigner.

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5Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:09

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Adèle était elle aussi bien loin de la forêt. Son regard vide vagabondait sans aucune allégresse sur l'eau claire, ne prêtant aucune attention à ce qui l'entourait. Car ce qui se trouvait dans ses pensées n'était autre qu'un questionnement infini et une peur qui lui brisait les os. Qu'est-ce qu'elle foutait ici bon Dieu ? Pourquoi n'était-elle pas au camp, enfermée dans sa tente a se dire qu'elle devait se réveiller d'un mauvais rêve ? Pourquoi n'était-elle pas en train d'essayer de réparer ses bombes avec l'anxieuse peur que le Terrien qui se trouvait au dessus d'elle brise ses chaînes et vienne à nouveau l'attaquer ?
Frissonnante, la petite brune ne savait plus quoi penser, et n'osait même pas lever les yeux vers Jack. Que devait-elle lui dire ? Qu'il fallait faire demi-tour, et que c'était seulement pour lui prouver qu'elle n'avait pas peur d'être dehors qu'elle avait proposé d'aller voir cette cabane ? Alors qu'en réalité, elle crevait de peur. Une peur écrasante qui la poussai à baisser les yeux vers le sol, de peur de les relever sur un Terrien ou pire, sur Jack. Pourquoi cette crainte ? Pourquoi ces barrières qu'elle n'arrivait plus à franchir ? Pourquoi désirait-elle plus que tout lui prendre la main et faire demi-tour en courant alors qu'elle se taisait simplement, oubliant qu'il était là. Elle l'oublia tellement qu'elle n'entendit pas ses paroles, et qu'elle continua d'avancer en silence, longeant le bord de la rivière sans vraiment s'en rendre compte. Elle suivait les pas du jeune homme, lui faisait une confiance aveugle qu'elle n'avait pas lorsqu'elle le regardait dans les yeux. Alors elle marchait, le regard rivé sur le sol comme s'il allait lui livrer ses secrets ou l'aider à réfléchir. Mais rien, il n'y avait rien, de toute façon. Jamais rien. Le silence était une arme destructrice, surtout pour les âmes en peine. Ce ne fut que lorsqu'elle entendit le clapotis de l'eau s'accentuer qu'elle fini par relever les yeux. Juste là, à quelques mètres, l'eau semblait bien moins profonde que là ou ils étaient de nombreuses minutes plus tôt.
- Ça a l'air pas mal, non ?
S'approchant du bord, elle avisa rapidement la profondeur. Si elle ne se trompait pas, ils en auraient jusqu'au ventre.

Mais où est-ce qu'ils étaient passés ces deux là ? Lui aussi avait rapidement cherché du regard les deux jeunes qui avaient dirigé le camp à leur place pendant leur absence, mais ne les retrouva pas. Avaient-ils quitté le camp ? Quelqu'un était-il au courant de leur fuite ? S'étaient-ils fait enlever par les sauvages ? Le grand brun lâcha un soupir et posa à nouveau son regard sur une Billie crispée et paniquée. Son regardait translucide laissait apercevoir la peur viscérale qu'elle commençait à éprouver, et le brun la regarda en fronçant les sourcils.
- Moi non plus, mais on va les retrouver, si ça se trouve ils sot partis en repérage.
Alors qu'il voulait continuer, Billie lui annonça qu'elle allait dire aux jeunes d'arrêter de construire et partit sans se retourner. Inquiet pour son état, il l'arrêta rapidement en l'attrapant par le bras.
- Hé Billie, attends deux secondes. Ca va aller ? demanda-t-il en plantant son regard dans le sien.
Et même s'il savait que ça n'allait pas, il avait tout de même pris la peine de lui demander. Pour la rassurer peut-être. Parce que si elle commençait à flipper, ils étaient clairement dans la merde. Billie ne devait pas abandonner, et il la savait déterminée, alors il allait tout faire pour qu'elle ne lâche pas le cran qu'elle possédait.

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6Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:09

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Le silence. Lourd et pesant. Plein de sous-entendus. Horrible, affreux. Insupportable. Et c'est le silence total qui accueillit la phrase de Jack. Alors maintenant, elle l'ignorait ? Il ne comprenait rien, mais alors vraiment rien à ce qu'elle faisait. Etait-elle en train de jouer avec lui ? Avec ses sentiments ? Quel était son but, en venant le voir pour « apprendre de leurs erreurs » ? Parce que qu'apparemment, rien ne changeait vraiment. Elle continuait de l'ignorer, de le repousser, de ne pas vouloir le regarder en face. Mais quel était le problème enfin ? Lui ? Elle ? Qu'avait-il fait pour que tout se dégrade comme ça en quelques jours ? Qu'est-ce qui avait déclenché tout ça . Pourquoi, subitement ? Le jeune homme passa une main sur son visage en continuant d'avancer.
Et, en plus de ce questionnement sans fin qui l'assaillait, il y avait toujours, autour d'eux, la menace des Sauvages, qui étaient peut-être là, à l'affut, dans les taillis, à les observer, à attendre le moment propice pour les attaquer. Mais si c'était le cas, ne seraient-ils pas déjà morts ? Car contre les mabouls, le brun doutait qu'ils puissent tenir.
Mais alors, à côté d'eux, le lac perdit de la profondeur, et le jeune homme finit par ralentir, bientôt imitée par Adèle, qui avançait derrière elle depuis un bon bout de temps. Il s'avança donc à son tour et trempa son bâton dans l'eau fin de voir quel était vraiment le niveau. Et, comme le pensait la jeune femme, ils en auraient certainement jusqu'à la taille. Ils n'avaient jamais appris à nager, mais avoir de l'eau à la taille était assez sécurisé pour qu'ils puissent traverser. Et puis de toute façon, ils étaient allés trop loin pour rebrousser chemin maintenant.
Le brun enferma donc toutes ses questions à double-tour dans son esprit, il enferma ses incertitudes sur son vrai-lui, remonta son t-shirt, avant de finir par l'enlever totalement, et il sauta dans l'eau, sans avoir rien dit à Adèle. Elle ne voulait pas lui parler ? Très bien. Il allait arrêter d'espérer pour rien, et n'allait donc rien lui dire non plus.
Cependant, une pensée vicieuse ne put s'empêcher de se demander, dans sa tête, comment ils avaient fait pour arriver de l'amusement qu'ils avaient eu quelques heures plus tôt, sous le pommier, à cette froideur étrange et ce silence morbide, entre eux deux.

Billie allait rejoindre les groupes de construction, quand le jeune homme l'arrêta. Elle inspira un grand coup avant de se tourner vers lui, gommant tout stress et anxiété de son visage. Mais pas de son regard. Car le regard de la brune était une fenêtre ouverte sur son âme, sur ses états d'esprit, et tous les efforts possibles ne réussiraient pas à dissimuler toutes les émotions qui passaient dans ses prunelles chocolat.
- Ca va aller, répondit-elle donc en forçant sa voix à ne pas trembler.
Et, même si ses jambes, ses mains et ses doigts ne tremblaient pas, intérieurement, rien n'était stable. Si, de l'extérieur, elle était parfaitement immobile, intérieurement, les battements effrénés de son coeur faisaient trembler tout son être. Et la seule façon de calmer son muscle vital était de bouger, de faire quelque chose, de se défendre, de faire tout ce qu'il fallait pour avoir le plus de chances de s'en sortir. Si elle restait immobile à attendre, nul doute qu'elle finirait par devenir folle. Alors, pour elle, mais aussi certainement pour la survie - ou pour la durée de vie - de toute le monde, il fallait bouger et se dépêcher. Elle leva donc son regard vers celui du jeune homme, qui, lui ne semblait pas ébranlé par la peur paralysante, et elle essaya de se donner un air dur et imperturbable.
- Il faut que j'y aille.
Elle posa ensuite sa main sur celle de John qui attrapait son bras et le fit lâcher. Voir son air inquiet à propos d'elle ou elle ne savait quoi n'était pas franchement pour la rassurer, car elle, comme lui, savaient pertinemment qu'en période de crise, c'était toujours elle qui avait tenu le coup, qui avait motivé les troupes et qui avait tout fait pour ne pas lâcher. Alors la voir s'écrouler sous la peur ? Nul n'avait envie de voir ça, nul n'avait envie de voir l'un des piliers de leur petite communauté s'effondrer. Et, si jamais elle s'avouait que oui, elle avait peur et que oui, ils allaient tous mourir, alors elle lâcherait pour de bon. Pour le moment, le meilleur remède était le déni. Ne pas y penser. Ne même pas émettre l'idée qu'elle pourrait lâcher. Alors John et son regard inquiet n'étaient pas là pour aider.

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7Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:10

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Pourquoi ne lui répondait-il pas ? Adèle secoua tristement la tête. Depuis leur départ du pommier, le silence les écrasait totalement, pensant sur leurs faibles épaules. Qu'avait-elle encore dit, ou fait ? Était-ce parce qu'elle avait voulu prendre sa main et qu'elle s'était ravisée ? Pensait-il que cet acte démontrait son manque de confiance ? Avait-elle vraiment confiance ? Comment pouvait-elle le savoir ...
La brunette le regarda se pencher et planter son bâton dans l'eau sous un silence de marbre, une fois de plus. Elle ouvrit la bouche pour la refermer immédiatement et jura dans sa barbe. C'était ça son problème : elle prenait des décisions avant de se raviser immédiatement. Mais en même temps, si elle ne parlait pas, c'était tout simplement parce qu'elle avait peur. Et qu'elle tentait vainement de se contrôler. Allons Adèle, il n'y a personne, se répétait-elle. Et cette lente litanie l'empêchait ainsi de s'inquiéter, mais imposait par la même occasion cet affreux silence. Soupirant, elle décida de rester muette le temps de traverser le ruisseau, et regarda Jack remonter son t-shirt pour finalement l'enlever et commencer à aller dans l'eau. Eau qui venait agréablement lécher le ventre musclé du jeune homme, et la petite brune pensa immédiatement que, vu la différence de taille entre eux deux, le liquide lui arriverait probablement jusqu'à la poitrine. Se mordillant les lèvres, elle quitta à son tour son haut et le jeta par dessus son épaule, entrant dans l'eau.
Ce fut tout d'abord la froideur qui l'atteignit en premier, glaçant ses muscles endoloris. Elle eu du mal a faire le premier pas, la fraicheur de l'eau venant la frapper à chaque pas. Puis une autre sensation vint s'ajouter à la première. Une sensation qui pour elle, s'apparentait à la pesanteur. Elle avait l'étrange impression de flotter, ce qui était normal, mais nouveau. Totalement nouveau. Oubliant alors qu'elle devait traverser en priorité, elle se surprit à apprécier son contact avec l'eau et avança doucement, un petit sourire naissant sur ses lèvres.

Peut-être était-ce ce qu'il désirait entendre, après tout. S'il voulait que Billie ne craque pas, alors elle ne devait pas craquer, même devant lui. Elle devait paraître forte, devant tous, que ce soit pour lui ou pour les jeunes. Elle devait garder la tête froide, quoiqu'il arrive. Tout comme lui tentait de le faire.
Ce fut peut-être pour cela qu'il la regarda partir sans chercher à la rattraper. Si elle devait forger son caractère et rejeter sa peur, elle était sur la bonne voie. Lui devait la laisser s'en aller, pour lui prouver qu'il ne s'inquiétait pas pour elle. Mais en réalité, il l'était. Oh non, John n'était pas un gros nounours, bien loin de là, et il était encore moins sentimental qu'un tigre du Bengale, mais la petite brune l'attendrissait tout de même. Il était clair qu'il ne cessait de jouer avec elle, dans tous les sens du terme, et il se demandait parfois si le baiser qu'ils avaient échangé dans la forêt l'avait chamboulée. Et il repensait parfois en souriant.
Sauf que là, il ne souriait pas. Il fallait garder les pieds sur Terre, c'était bien le cas de le dire. En soupirant, il décida finalement d'aller s'occuper des groupes de combat.

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8Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:10

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L'eau glaciale piquait ses mollets, ses cuisses et son ventre. Et, sous cette morsure, ses muscles se contractaient. Et pourtant, au fur et à mesure, le désagréable laissait place à l'agréable, la tension s'éloigna pour se muer en douce torpeur. Mais si Jack, à l'instar d'Adèle, avait laissé durant un instant la quiétude s'installer sur ses traits, il se reprit bien vite quand le contact de son bâton dans sa main le rappela à lui. Ils devaient bouger, le plus vite possible. Et ce, pour deux raisons. D'abord, ils ne savaient pas si la bestiole pouvait les atteindre ici. Et ensuite, parce que la menace des Sauvages traînaient toujours au-dessus d'eux, menaçante, telle une épée de Damoclès imaginaire.
Alors, même si être dans l'eau était la sensation la plus agréable qu'il connaisse, il fit un effort et avança d'un pas, puis d'un autre, s'aidant de son bâton pour ne pas rester quelques secondes, puis quelques minutes de plus ici. Et bientôt, le brun finit par poser le pied sur le sol boueux de la berge. Aussitôt, il frissonna. Le contact du vent avec sa peu ruisselante n'était pas des plus agréable, et le froid, encore, s'insinua en lui et crispa tous ses muscles. Cependant, il ne remit pas son t-shirt pour ne pas le mouiller. Il pourrait peut-être en avoir besoin plus tard.
Et, enfin, il se retourna. Adèle, au milieu de la petite bassine naturelle, avançait lentement. Et le sourire aux lèvres. Depuis quand n'avait-elle pas sourit ? Depuis quand ne lui avait-elle pas sourit ? Peut-être l'avait-elle fait le matin même. Mais il avait bien senti que c'était forcé. Alors, à quand remontait le dernier vrai sourire qu'elle lui avait adressé ? Même quand il lui avait sauvé la vie, elle n'avait pas sourit. Il se détourna alors. Penser à tout ça était douloureux. Repenser au passé faisait mal. Mais pourquoi ? Pourquoi avait-elle fait ça ? A quoi jouait-elle, encore aujourd'hui ?
Plus le temps passait, et plus Jack doutait et se posait des questions. Alors elle avait fait ça uniquement pour s'amuser un peu ? Jouer avec lui ? Le brun finit par se tourner vers la forêt qui s'étendait à perte de vue. « Allons trouver cette cabane », songea-t-il.

Ce que Billie ressentit à cet instant fut contradictoire. Une partie d'elle fut soulagée qu'il ne la retienne pas plus, et un poids s'enleva de ses épaules quand il finit par la lâcher. Car, depuis qu'ils étaient là, le brun avait toujours été derrière elle. Quoi qu'elle fasse et où qu'elle aille, il ne l'avait jamais lâchée. Pourquoi ? Elle même ne le savait pas. Pour s'amuser, pour faire rire la galerie, pour se moquer d'elle ? Elle n'en savait rien, et le baiser qu'ils avaient échangé n'était pas pour l'aider à remettre de l'ordre dans ses pensées. Mais justement, le fait qu'il la laisse partir sans chercher à la retenir la laissant sans voix. Elle avait cru que la lutte serait plus difficile. Qu'il lui dirait de faire attention, ou quelque chose comme ça. Mais non, rien.
Elle croisa donc les bras sur sa poitrine, encore une fois pour s'occuper les mains, et se planta quelques minutes plus tard sous la muraille, sur laquelle plusieurs groupes travaillaient. Au début, on ne la remarqua pas. Et puis, progressivement, les tête se tournèrent vers l'infirmière du camp. Celle qui était partie chercher de la nourriture, et qui était revenue en vie. Deux fois. Celle qui avait soigné les malades et avait été infectée. Mais qui était revenue en vis, aussi. L'une de ceux qui avait attrapé le sauvage, et qui était toujours en vie. Et, après une soixantaine de secondes, plus personne ne travaillait. Ils s'étaient tous arrêtés pour voir ce que Billie, du haut de son petit mètre soixante-sept, immobile sous le grand échafaudage depuis une minutes, avait à leur dire.
- La muraille est assez solide. Maintenant, il faut vous entraîner. Tous, sans exception, et construire des armes.
DEs chuchotements troublèrent le silence qui s'était installé, et la brune attendit quelques secondes avant de reprendre.
- Les sauvages sont à nos portes, mais nous seront prêts quand il arriveront.
Et, à aucun instant, la voix de la jeune femme ne flancha. Miracle ou hasard ? Seul Dieu le sait, car Billie elle-même était étonnée de voir que sa phrase n'avait ni tremblé ni cassé. Et, rapidement, ils descendirent tous par les échelles pour rejoindre l'autre côté du camp. Le côté des entraînements. Là où on construirait les armes.

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9Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:10

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Un sourire, tout simplement. Peut-être un peu trop béat, peut-être un peu trop heureux. Mais elle souriait. Et ce sourire semblait avoir effacé durant quelques instants toute l'incertitude qu'elle avait ressentit de nombreuses minutes plus tôt. Il irradiait, et la sensation d'apesanteur qu'elle ressentait la soulageait avec une force indomptable. Elle prit le temps de se mouiller rapidement le visage, ainsi que sa nuque toujours couverte par ses cheveux bruns.
Et puis soudain devant elle, elle vit Jack sortir de l'eau. Le sourire qui pesait sur ses lèvres ne s'effaça que lorsqu'il lui tourna le dos, la laissant seule dans l'eau claire. A vrai dire, elle avait juste eu le temps de le voir l'observer avant qu'il ne se retourne brusquement. C'est peut-être à cet instant qu'elle comprit, avec un léger pincement au cœur. Il lui en voulait encore probablement, ce qui était légitime. Pourtant, elle n'avait pas eu l'impression que quelque chose ait changé. Et c'était sûrement ça qui tiraillait le jeune homme. A part leurs rires sous le pommier, elle avait été plutôt froide. Mais ce n'était pas volontaire. Peut-être ne comprenait-il pas. Elle même ne voulait rien s'avouer. Et elle n'avouerait rien.
Elle accéléra alors la cadence et se retrouva aux côtés du jeune homme, son t-shirt légèrement mouillé par ses éclaboussures sur son épaule gauche. Elle le fixa quelques instants, muette, avant de regarder droit devant elle. Que fallait-il qu'elle dise, encore une fois ? Il était juste là, debout, prêt à partir en gardant le silence. Ce silence assourdissant qui lui brisait les tympans et lui broyait la cervelle.
Après une petite inspiration, elle releva une deuxième fois les yeux vers lui, devant tourner la tête pour l'observer. Puis sa main encore mouillée se glissa doucement dans celle du brun.

Il n'avait rien fait, et cela s'entendait. Il venait enfin de lui lâcher la grappe, peut-être était-elle enfin libre ? Plus de John derrière qui riait ou qui la réprimandait pour ses actes de suicide, qualifiés ainsi par le brun. Ou bien ressentait-elle peut-être le contraire, et se demandait-elle pourquoi il ne l'avait pas retenue. Oh mais c'était justifié. Elle voulait qu'il lui fasse confiance, il lui faisait confiance. Elle voulait être forte, il la laissait être forte. Et puis, chacun d'entre eux devaient s'occuper.
De l'autre du camp justement, se trouvait John. Le grand gaillard était arrivé quelques minutes plus tôt, les bras croisés sur son torse et le regard nerveux.
- Il faut activer la production, commença-t-il. Comme certains d'entre vous le savent déjà, une certaine menace pèse sur nous depuis un petit bout de temps.
Il s'arrêta, observant tous ces jeunes au travail qui, il y a bien plus d'une semaine, se trouvaient dans l'Arche à cause de leurs crimes. Ils avaient bien du chemin, depuis ces moments là. Ils avaient tous gagné en maturité, et la peur avait sûrement été l'un des principaux moteurs de cette croissance.
Et là, ils l'observaient tous, se taisant face à celui qui s'apparentait le plus à leur chef. Celui qui avait Billie et Jack, avait capturé le sauvage. Celui qui était revenu de l'extérieur deux fois. Celui qui les guidait depuis le début.
- Les Terriens sont à nos portes, c'est pour cela que nous vous avions demandé de produire massivement des armes. Chaque jour leur haine doit grandir envers nous. Servez-vous de la votre pour avancer.

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10Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:10

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Un léger clapotis, et Jack devina qu'Adèle avait fini par sortir de l'eau. Mais il ne se retourna pas. A quoi bon ? Même quand elle était venue s'excuser, elle ne lui avait aps expliqué ce brusque revirement de situation, ce brusque changement de comportement. Qu'est-ce qui avait changé pour qu'elle décide de se braquer d'une seconde à l'autre ? Qu'avaient-ils fait, l'un ou l'autre ? Cette question, le brun se l'était posée de nombreuses fois. De trop nombreuses fois. Et, pourtant, il continuait de se la poser, alors que cela ne menait à rien et que cela servait juste à l'écorcher un peu plus, à égratigner son esprits et ses certitudes.
Sa relation avec Adèle ? Il ne savait même plus la décrire. Amie ? Connaissance ? Ancienne amie ? Il ne savait pas. Il ne savait plus. Et il avait déjà fait tellement d'efforts, tellement d'efforts pour essayer de comprendre et de tout arranger. Il avait crié, arrêté de parlé, sauvé, sourit, mais rien n'y avait fait, et les voilà tous les deux, immobiles et silencieux depuis pluseurs heures, tout seuls au milieu de la forêt.
Etait-il temps de lâcher prise ? D'arrêter de vouloir remonter le temps et de vouloir que tout redevienne comme avant ? Cette question aussi tournait de plus en plus souvent. D'un côté, il en avait envie. Lâcher prise, et la douleur s'en ira. Mais d'un autre côté .. Et si l'espoir n'était pas totalement perdu ? Et s'ils réussissaient à renouer le contact ?
Le jeune homme allait faire un pas en avant, quand soudain, dans sa paume, il sentit se glisser la main d'Adèle, doucement. Comme si elle lui laissait le choix de se dégager. Allait-il le faire ? Une partie de lui, plus mesquine, voulut ôter sa main et lui faire mal, autant qu'elle lui avait fait mal. Et pourtant, Jack ne voulait pas que la brune soit triste ou quoi que ce soit. Déjà, il ne supportait pas de voir toujours cette sorte de dualité dans son regard. Alors la blesser, consciemment ? Mais elle-même l'avait blessé à plusieurs reprises ... Sans le faire exprès, peut-être.
Il se posait trop de questions? Réfléchissait trop. Et, pendant tout ce temps, il ne s'était toujours pas décidé, et avait laissé le temps à la jeune femme de totalement lui prendre la main. Il était trop tard pour reculer, désormais, et, en tournant très légèrement la tête vers elle, il croisa son regard pour la première fois depuis quelques heures. Ce qu'il y vit, il ne sut le déchiffrer. Alors il détourna la tête et commença à avancer.
- Allons-y, dit-il simplement.

Ils étaient tous partis rejoindre John, qui, au milieu de la carrière, motivait les troupes. Et tout le monde l'écoutait avec attention, avec admiration. Lui, le chef. Incontestablement, c'était bien ce qu'il était. Le chef de ce groupe. De cette communauté. De ce peuple. Mais allait-il vivre encore longtemps, ce peuple ? Avait-in ne serait-qu'une chance de survie ? Une nouvelle fois, le doute et la peur s'emparèrent de Billie, qui se pencha pour attraper un pieu qui avait été abandonné là. La pointe était finement taillée, et, lancée en plein coeur, elle pourrait faire des ravages. Encore faudrait-il qu'elle atteigne un coeur. Et puis de toute façon, qu'est-ce qu'un pieu pourrait faire contre une armée de Terriens tous plus assoiffés de sang les nus que les autres ? Qui pourraient les sortir de là ? Qui pourrait les défendre ?
Les bombes. Il fallait terminer ses bombes. Et miner tout le camp. De face, ils ne pourraient jamais gagner, ni même espérer en réchapper. Au mieux, ils mourront. Au pire, ils seront fait prisonniers. aucune des deux options n'était engageante, alors il fallait se défendre. Coûte que coûte.
Son regard brun se promena donc sur le camp, et tomba sur la carcasse rutilante de la station. Un bon abri. Mais qui ne tiendrait pas longtemps si les sauvages entraient dans le camp. Seulement .. Ce serait un bon abris aussi, si les sauvages explosaient tous avant d'arriver à la station. Le coeur de la brune fit un bond. Elle n'avait aucun plan en tête, mais seulement une ébauche d'idée. Et si tout n'était pas perdu ? Et si ... ?
- Il nous faut un technicien, aussi !

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Les secondes qui passèrent lui parurent une éternité. Sa main encore mouillée glissée dans celle de Jack semblait être le seul lien qu'ils partageaient à ce moment même. Une simple main à l'intérieur d'une autre, attendant qu'elle se serre pour lui prouver qu'il y avait encore de l'espoir. Un espoir qu'elle avait sûrement détruit au cours du temps, brisant le jeune homme et son affection pour elle. Était-ce inconscient ou conscient ? Elle même ne savait pas, comment aurait-elle pu savoir ? Une peur constante lui écrasait l'esprit, peur qu'elle n'avait jamais connue sur l'Arche. Jamais.
Durant quelques instants, elle se surprit à se demander comment aurait tourné leur relation s'ils s'étaient mieux connus sur l'Arche. Lui, toujours le même Jack, amusant et mesquin, rieur mais aussi emprunt d'un autre petit quelque chose qui le rendait désirable. Et elle, l'Adèle de la station, celle qu'elle avait réussit à rester durant les premiers jours, grandiloquente et bavarde, extravertie et parfois peste. Que se serait-il passé entre eux, s'ils n'étaient jamais descendus sur cette Terre qui était finalement si hostile et dangereuse pour des êtres sans défense ? Que se serait-il passé si elle n'avait pas pris conscience du danger imminent qui les guêtait chaque jour ? Que se serait-il passé si elle avait été forte, dès le début, et qu'elle n'avait pas faillit ?
Elle s'en voulait. A elle même plus que tout, elle se sentait mal, pas à sa place. Elle n'avait jamais eu d'autre place que celle d'une meurtrière dans l'esprit des autres, et c'était seulement par intérêt ou parfois par crainte qu'elle avait rencontré les gens qu'elle côtoyait. Il n'y avait jamais eu de Jack, peut-être n'y en aurait-il plus. Et puis, qui était-il pour elle, à la fin du compte ? Juste un ami ? Beaucoup plus ou beaucoup moins ? Les sentiments qui se mêlaient dans sa tête étaient contradictoire, et elle même ne tenait plus le coup face à ses pensées qui déchiraient sa tête. Peut-être Jack était-il simplement ...
Un mouvement vers l'avant la tira immédiatement de ses pensées, et la brune se rendit compte qu'au fur et à mesure de son cheminement de pensées, sa main s'était serrée dans celle de Jack, et il avait fini par y laisser la sienne. Était-ce un choix, ou avait-il juste été contraint et n'avait pas osé enlever la sienne ? Désirait-il plus que tout de se débarrasser finalement d'elle, épuisé par le questionnement incessant qu'elle lui imposait ? Lorsqu'il commença à avancer, elle le suivit docilement, les lèvres légèrement entre-ouvertes dans l'attente qu'elle arrive enfin à prononcer ce qu'elle avait à lui dire. Mais les mots restaient bloqués dans sa gorge, refusant de sortir, lui interdisant de laisser sortir ce qu'elle gardait enfoui au fond de sa tête. Savait-elle seulement ce qui y était enfoui ? Elle ne savait pas. Elle ne savait plus.

- Ils ne nous tueront pas ! Nous resterons ici et nous battrons, et nous les vaincrons. Nous avons réussit à survivre à notre arrivée ici, nous leur survivrons aussi. Rien ni personne ne doit nous arrêter, alors continuons ce que nous avons commencé, et ne désespérez pas. Que ce soit valable pour tous, même pour moi.
Il se tenait là, au milieu de tous, les bras croisés sur son torse comme s'il présidait une grande assemblée. La présidait-il ? Était-il le chef de ce peuple ? Ce peuple était-il une assemblée ? N'était-ils finalement pas juste un groupe de jeunes qui tentait ardemment de survivre, mué par instinct qui finirait par être animal ? Finiraient-ils comme ces sauvages, à vouloir le sang pour le sang ? A vouloir la guerre sans raison valable ?
Ils avaient foulé ce sol sans tuer qui que ce soit, ils étaient restés dans leur périmètre, n'avaient pas cherché à nuire à quiconque. Et ils étaient maintenant en guerre contre une puissance qui leur était largement supérieure, et qui les décimerait sans aucun soucis de conscience. Il avait vu la mort et aucun remords dans les yeux du Terrien qu'il avait capturé, il avait vu la maladie se répandre dans la station avec la crainte d'y laisser sa vie. Il avait vu Billie avait une épaule déchirée et une fièvre qui avait faillit la faire défaillir et surtout, mourir. Il avait vu des choses qu'il n'aurait jamais vu s'il était resté dans l'Arche, s'il avait finalement été éjecté. Alors personne ne lui enlèverai ce pour quoi il s'était battu.
Le brun allait continuer lorsque la voix de Billie s'élève, demandant à travers la foule l'aide d'un technicien. A part Adèle, il y avait bien quelqu'un ici qui savait se servir de ce qu'ils possédaient pour fabriquer les bombes, c'était obligé. Une main s'éleva alors parmi la foule, suivie d'une deuxième. Ils étaient deux. Ça irait encore plus vite.
- Que ceux qui ont levé la main se rendent à la station d'ici 5 minutes, somma-t-il.

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Et, encore une fois, c'est un silence assourdissant qui répondit à sa phrase. Pourquoi toujours ce silence, alors que quelques temps plus tôt, c'étaient les rires qui fusaient entre eux, les remarques amusées, moqueuses, tout en restant gentilles. Et désormais, c'était le néant. Le silence, le vide. On pouvait entendre une mouche voler entre eux, on pouvait entendre les rugissement du vent qui volaient furieusement entre eux, sans rien rencontrer pour le stopper. Alors, sans qu'il le veuille vraiment, il se crispa. Pour ne rien dire de blessant, pour ne pas se dégager d'un coup sec du bras. Pour ne pas faire aussi mal qu'il avait mal, et pour ne pas tout jeter par terre alors qu'il avait fait tant d'effort, pour ne tout foutre en l'air alors que tout n'était peut-être pas perdu. Et ce, même si, plus le temps passait, et plus il en doutait.
On dit que l'espoir fait vivre. Peut-être est-ce vrai pour un temps. Mais vient toujours un moment où la désillusion arrive et fait tomber de haut. Alors, là, en cet instant, perdu en plein milieu de la forêt, avec la main d'Adèle dans la sienne, le beau brun se demanda s'il valait mieux vivre une vie d'illusions, avoir l'esprit dans les étoiles et le coeur rempli de lumière solaire pour ensuite tomber et se briser en mille morceaux en rencontrant enfin la vraie vie et la réalité, ou bien vivre toute une vie, le coeur et l'esprit accroché à la terre, pour ne pas ensuite se briser les ailes en dégringolant d'un immeuble de mille étages ? Peut-être, en cet instant, souhaita-t-il ne pas avoir fait la connaissance de la jeune femme. Tout aurait été plus simple. Absolument tout. Oh oui, il aurait certainement eut moins de moments joyeux, de moments dont il se souviendrait certainement toute sa vie, mais il n'aurait aussi pas eu tout ce doute et cette attente, ces efforts et ces désillusions.
Et, pendant que le brun divaguait et laissait ses pensées sombres voguer dans son esprit librement, son esprit chocolat vagabondait sur le paysage qui l'entourait. Les immenses arbres les dépassaient de leur ancienneté et de leur majesté, et, durant un instant, en levant la tête, Jack s'imagina à la place de ces être centenaires qui avaient vu la Terre grandir, s'épanouir, pour ensuite sombrer dans le chaos et revenir à un état d'innocence et de nature. Comment avait été la vie sur Terre avant la grande catastrophe ? Quelles étaient les activités des hommes quand les villes couvraient la surface du globe terrestre ? A quoi ressemblaient les monuments dont ils avaient tous entendu parler ? Et comment avaient réagi ceux qui étaient restés jusqu'à la fin, ceux qui avaient vu leur Terre se déchirer, mourir sous leurs yeux ? Comment avaient-ils pu se regarder les uns les autres, périssant, chacun jour après jour, jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un homme, sur Terre ?
Ce fut un bruit sourd sous ses pieds qui le firent cependant sortir de ses pensées, et il baissa la tête en s'arrêtant. Quel était ce bruit ? ...

Les têtes approuvaient en allant d'avant en arrière à l'unisson sous les paroles du jeune homme. Les regards ne le quittaient pas des yeux, le dévoraient, même. Et, surtout, alors qu'ils étaient une centaine, hormis sa voix grave, aucun bruit ne sortait d'aucune bouche. Tout était silencieux. Alors, que, dehors, là, à seulement quelques centaines de mètres, une armée de Terriens assoiffés de vengeance et armés jusqu'aux dents n'attendaient qu'une chose pour passer à l'attaque. Certainement un ordre venant d'une personne haut placée. D'ailleurs, qui dirigeait les sauvages ? Ici, il était clair que John avait le plus la figure du leader, mais dehors ? Qui gouvernait ce peuple sauvage aux lois bestiales et à la mentalité primaire ? Qui pouvait bien régner sur ce peuple vivant uniquement pour la vengeance et la guerre ?
« Il nous faut des armes. », ne cessait-elle de se répéter. Des armes. Mais pas de vulgaires bâtons, non, car contre des arcs, des flèches et des épieux, des bâtons ne pourraient rien faire. Mais les bombes d'Adèle pourraient vraiment être utiles. Peut-être même pourraient-elles les sauver. Mais pour ça ... Il fallait juste les terminer. Ou, même pas, il suffisait peut-être de laisser tout leurs composants à l'air libre, à même le sol. Billie ne s'y connaissait pas en bombe, mais, alors que John revigorait les troupes, la petite brune, le visage fermé, les lèvres pincées et des mèches de cheveux quelque peu devant les yeux, réfléchissait. Dans son esprit, tout tournait. La locomotive tournait à plein régime et s'efforçait de mettre bout à bout toutes les bribes de pensées de la jeune femme pour qu'elle puisse enfin avoir une vue d'ensemble de l'idée qu'elle avait eue. Il fallait juste mettre les bombes tout autour de la station, se répéta-t-elle pour ne pas perdre le fil. Oui, mettre les bombes tout autour, presque avec leurs composants à l'air libre.
Elle releva subitement la tête quand quelqu'un devant elle leva la main et que son champs de vision fut obstrué. Où en était-elle ? Où allait-elle en arriver, avant qu'on ne la dérange dans ses réflexions ? A quelle conclusion allait-elle arriver ? Elle serra les dents sous la frustration et regarda les deux techniciens rejoindre la station, quand, soudain, son regard se posa sur la vielle carcasse rutilante. Et, dans le métal de la navette, le soleil se refléta et vint frapper sa pupille. La lumière explosa dans sa rétine en une multitude de débris colorés, rouges, oranges, jaunes, bleus. Elle vit le feu, dévorer la clairière, se répandre partout. Elle vit des corps courir dans tous les sens. Quelqu'un la bouscula alors et elle reprit pied avec la réalité, tandis que la pensée qu'elle venait d'avoir se gravait dans son esprit. Voilà où elle voulait en venir ... Le feu. Le feu éloignait les bêtes sauvages. Il brûlaient les imperfections. Le feu pourrait peut-être les sauver.

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Elle ne savait plus quoi dire, tout simplement. De toute façon, elle ne disait plus rien depuis longtemps. Bouche cousue, esprit emmêlé, tels étaient les symptômes qui l'atteignaient depuis peu. Et elle refusait inconsciemment de prononcer quoique ce soit, les yeux rivés sur la forêt.
Ne pas penser, ne pas penser. C'était ce qu'elle se répétait, et tenter vainement de se persuader d'agir ainsi. Mais c'était tout bonnement impossible, et sa main dans celle de Jack n'arrangeait vraiment pas les choses. Parce qu'elle lui rappelait qu'il était, juste à côté d'elle, et que de son côté, il ne parlait pas non plus.
Alors elle fini par relever la tête, mais pour laisser son regard couler sur la forêt. Forêt qui s'étendait à perte de vue. Allaient-ils mette longtemps à trouver cette fichue cabane ? On en revenait toujours à cette foutue cabane, qui avait à son tour foutu un froid glacial entre eux. Mais c'était bien pour ça qu'ils étaient là, non ? Pour trouver cette cabane décrite par John et Billie. Parce qu'elle avait voulu se prouver qu'elle était à la hauteur. Et lorsqu'elle sentit la main de Jack se crisper dans la sienne, son esprit reparti en vrille.
Pourquoi était-il crispé ? Voulait-il la lâcher ? Que se passait-il ? Ce fut à son tour d'essayer de ne pas lui broyer les os, et elle releva finalement les yeux vers le grand brun, s'arrêtant d'un coup sec.
Ce fut lorsqu'elle ouvrit la bouche pour finalement parler qu'un espèce de raisonnement se fit entendre. Cela venait d'en dessous d'eux, enfin d'en dessous de Jack plus précisément. La brune plissa les sourcils. Yavait-il une cavité en dessous ? Était-ce un piège élaboré par les sauvages ?
Les doigts se retirèrent doucement de la main du possesseur, glissant sur la peau encore froide du jeune homme. La séparation de leurs mains fini par être totale, et la jeune femme se pencha. Qu'est-ce que ...

Et puis finalement, comme viennent et s'enfuient les saisons, celui qui présidait le peuple fini par descendre de son piédestal. Il n'eut qu'à faire un pas parmi la foule pour que tout le monde se dégage, lui laissant un espace suffisant pour avancer. L'homme quitta les siens, comme celui qui quitte sa femme et sa maison en temps de guerre. Ils étaient en guerre, et ils iraient jusqu'au bout.
- Allez on s'active, que chacun ici se dépêche de finir ce qui lui a été assigné, finit-il avant de disparaître.
Ses pas le menèrent avec lassitude jusqu'à la station, où l'attendaient les deux jeunes gens qui avaient levé la main. Ils s'agissait des deux jeunes frères Piertse, si son souvenir était bon. Enzo et Quentin, deux jeunes criminels ayant été arrêtés pour avoir piraté l'un des postes de la station. Dans son souvenir, ils étaient tous les deux très intelligents, bien que l'un des deux ait plus de franchise que l'autre, qui se cachait toujours dans l'ombre de son grand frère. Enfin, l'heure n'était pas aux souvenirs mais plutôt à l'avenir, il les accompagna donc à l'intérieur. Au fond de la station étaient jonchés sur le sol les morceaux de métal étranges et les composant qu'Adèle avait soigneusement trié avant de tout arrêter brusquement. John s'en approcha donc et observa un instant les deux jeunes, qui semblaient émerveillés.
- Vous pensez que vous pourrez arriver à finir ça, demanda-t-il ?

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14Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:11

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Il sentit la main glisser de sa main, mais ne réagit pas, trop attentif à observer ce qui se trouvait sous ses pieds. Mais de toute façon, qu'aurait-il fait s'il n'était pas si concentré ? L'aurait-il retenue ? Ou bien alors l'aurait-il laissée partir, comme elle semblait le faire depuis quelques jours maintenant ? En y repensant, c'était dingue de voir comment, en à peine quelques vingtaines d'heures, ils étaient passés de proches à froids l'un envers l'autre. Comment en étaient-ils arrivés là ? Le jeune homme ne cessait de se poser la question, et pourtant, il n'en avait toujours pas la réponse. Mais pourquoi fallait-elle qu'elle réagisse comme ça, aussi ? N'avait-elle donc rien compris ? Peut-être pensait-elle qu'il n'était pas sérieux, que tout cela ne comptait pas, d'une manière ou d'une autre, pour lui. Car si, d'apparence, le jeune homme se montrait affable et désinvolte, il n'aimait pas du tout les conflits avec les personnes chères à son coeur. Famille, amis. Ils étaient tous mis dans le même panier, pour la simple et bonne raison que le brun n'avait pas des dizaines d'amis à son actif. Seulement quelques uns, qui tiendraient sur les doigts d'une main, tandis que tous les autres n'étaient que de vagues connaissances, des copains, mais rien de plus. Et Adèle, dans cet univers enchanteresque mais aussi dangereux, avait réussi à s'approcher de lui, qui ne laissait ce privilège qu'à peu de personnes. Et voilà le résultat.
Encore une fois, il serra les dents, avant de s'accroupir pour dégager ce qui se trouvait sous ses pieds. Les aiguilles de pin volèrent dans les airs un instant, et dévoilèrent une grande plaque métallique. Le jeune homme fronça les sourcils. Etait-ce ça, la cabane de John et Billie ? Ca ressemblait plus à un abris souterrains ... Alors comme ça, ils leur avaient vraiment menti. Mais pourquoi ? Pourquoi n'avaient-ils pas dit la vérité ? Qu'avaient-ils découvert, qu'avaient-ils trouvé ? Etait-ce dangereux ? Ou au contraire voulaient-ils garder leur découverte pour eux ? Des questions, toujours des questions ...
- Il faudrait qu'on ouvre ça, finit-il par dire en se décalant.
Et, d'un geste du pied circulaire, il termina de balayer le tapis d'épines, qui dévoila une trappe, un peu plus grande que celle de la station.
- Nous y voilà ... murmura-t-il comme pour lui-même.

La jeune femme avait suivi le mouvement, et, encore étourdie de l'idée qu'elle avait eue, elle posa les pieds à l'intérieur de la station comme un automate. Mais, au loin, tout le matériel d'explosif éparpillé sur le sol lui fit reprendre contact avec la réalité, et elle s'avança d'un pas sûr et déterminé vers le groupe formé de John et des deux techniciens. Ils s'appelaient ... Quentin. Et l'autre, elle ne s'en souvenait plus, mais il lui semblait bien qu'ils étaient frères.
Quoi qu'il en soit, le regard désormais déterminé de la petite brune se posa sur tous les explosifs, et elle croisa les bras. La petite créature apeurée n'était plus, et, avec son idée en tête, Billie avait retrouvé l'espoir. Non, plus que l'espoir, elle avait retrouvé sa hargne de vivre et de se battre qui lui était propre. Si son plan marchait, alors ils pourraient peut-être survivre. Ils tueraient beaucoup de Sauvages et cela allait à l'encontre de ses idéaux, mais vient un moment où un choix doit se faire. Et quand le choix se porte entre la mort des cent jeunes qui se trouvaient sur le camp, ou la mort de centaines de guerriers Terriens, le choix ne se posait pas. Ceux du ciel passaient en priorité.
Elle regarda donc les deux garçons acquiescer et dire que oui, ils réussiraient à finir le travail d'Adèle, mais la jeune femme s'avança et posa la main sur le bras de celui qui s'était penché pour regarder de plus près ce qu'il restait à faire. Son regard chocolat se leva ensuite vers John.
- Je pense que j'ai une idée.
Mais cela marcherait-il ? Elle n'en savait rien. Peut-être que tout prendrait l'eau, que son plan allait foirer, et que rien n'allait s'enflammer comme prévu. Peut-être. Mais pour le moment, ils n'avaient pas d'autre solution. Oh, ils pouvaient toujours fuir. Mais pour aller où ? Et faire quoi ? Et puis, comment survivre, dans les bois, à une centaine ? C'avait déjà été difficile à quatre, mais à plus de quatre-vingt dix ? Non, la fuite n'était pas envisageable. Il fallait se battre pour rester. Peut-être que la situation empirerait entre les deux peuples, mais mieux valait ça et vivre plus longtemps que mourir demain.
Et puis la brune n'excluait toujours pas l'idée de dialoguer avec l'ennemi. Têtue, et déterminée. Billie était de retour, et ce, même si, quelque part, la peur grondait toujours. Elle ne l'avait pas éliminée. Elle l'avait surpassée.

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15Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:11

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Elle l'observait, sans rien dire. Perdue dans le vague ? Perdue dans ses pensées auxquelles elle refusait simplement l'accès ? Elle continua de réfléchir plusieurs minutes avant de l'entendre parler.
Lorsqu'elle baissa la tête, il était simplement accroupi à terre. Et ses mains balayaient doucement le sol, débarrassant les épines de ce qui semblait ressembler à une trappe. C'est alors qu'elle se remit inconsciemment à paniquer. Dans son esprit se superposaient peur et crainte tandis que Jack ouvrait la trappe. A vrai dire, elle ne pensait même plus au fait que Billie et John aient pu mentir, la seule chose à laquelle elle pensait était une main de géant qui se ruait sur son coup alors qu'elle penchait lentement la tête à l'intérieur du trou noir. Elle revoyait le regard paniqué de ceux qui l'entouraient, et puis soudain, elle ne voyait plus rien. La seule chose qu'elle arrivait à ressentir était une pression qui semblait lui briser la nuque, coupant immédiatement son souffle. Elle était lentement happée vers le bas, vers le noir, vers le Terrien. Et puis soudain ses mains. S'accrochant désespérément à son bassin comme s'il allait arriver à la retenir. Comme il l'avait fait durant quelques instants. Et puis plus rien. Il l'avait sauvée, après tout.
Les paroles de Jack la sortirent une fois de plus de ses pensées.
- Tu penses que c'est ça, l'endroit dont John et Billie ont parlé ? finit-elle par arriver à prononcer.
Elle avait baissé les yeux vers l'intérieur, refusant de montrer à Jack la peur qui pouvait se lire dans ses yeux, tandis qu'elle crispait ses doigts sur ses genoux. Non, il n'y avait rien là dedans, sinon le sol n'aurait pas été soigneusement recouvert pas les épines.

Quentin s'était finalement penché, hochant la tête à la question de John. Oui, si lui et Enzo s'y mettaient sérieusement, ils pourraient finir. Et de toute façon, ils le devaient. Il en allait de leur survie. De leurs vies à tous. C'est parfois amusant que le sort d'une centaine de personnes puisse reposer sur les épaules de seulement quelques uns d'entre eux. Mais le sort est toujours fatal, non ? N'est-ce pas lui qui, à la fin du compte, détruit tout sur son passage et sème malheur et destruction ?
John ne croyait pas au sort. Il croyait en ce qu'il avait fini par nommer son peuple, en ceux qui durant des jours avaient aussi cru en lui, et qui avaient finalement avancé à ses côtés. Ils étaient une grande famille, et il ne laisserait tomber personne. Surtout pas ceux qui lui étaient proches. Jamais.
Et puis soudain, Billie entra dans la pièce. Son air tout d'abord perdu fit un léger pincement au cœur de John, et il remarqua alors que d'un seule coup, le visage de la petite brune venait de changer. Sa détermination d'antan et ses airs suicidaires semblaient lui être revenues, envoyant valser la peur qui l'avait gagnée plus tôt. Ils devaient y croire. Tous sans exception. Ou la mort frapperait sans demander l'accord.
- Nous t'écoutons, Billie.
Les deux frères se tournèrent vers la jeune femme, les traits plissés. Qu'avait-elle prévu ? Que pouvaient-ils donc faire d'autre que de faire exploser les bombes sur les sauvages. De toute façon, cela n'aurait que l'effet d'un ralentisseur.

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16Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:12

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Le regard du jeune homme observait le trou qui s'offrait devant lui, et, la seule chose qu'il voyait, c'était une échelle qui descendait dans les profondeurs de cet abri. Après tout, peut-être n'était-ce pas celui que John et Billie avaient trouvé, car les épines de pin semblaient se trouver là depuis un bon bout de temps. C'est pourquoi il doutait aussi que quelqu'un puisse se cacher la-dessous. On en verrait les traces, sinon. Des pas dans les feuilles mortes, ou tut simplement le bruit d'une respiration dont le souffle saccadé se répercuterait sur les parois métalliques.
Mais rien de tout cela. Le silence, et l'absence de marques de pas. Alors, sans relever la tête vers Adèle, Jack posa une main sur le premier barreau de l'échelle et sauta. La chute lui parut longue, et s'il avait su que c'était si haut, peut-être aurait-il fait comme tout le monde et qu'il aurait prit l'échelle. Mais c'était trop tard pour revenir en arrière, et c'est avec un bruit sourd que ses pieds touchèrent le sol. Le choc remonta dans ses chevilles et ses genoux, et il fut déstabilisé un instant, avant de se redresser pour relever la tête vers le puits de lumière, où il apercevait la tête d'Adèle en contre-jour. Pouvait-il sentir sa peur ? Certainement. Ou en tout cas, il se doutait que tout cela lui rappelait de très mauvais souvenirs. Mais elle ne lui parlait plus. Elle ne disait plus rien et ne voulait pas lui avouer qu'elle avait peur. Alors il ne dit rien, et espérait secrètement que sa seule présence à lui pourrait la rassurer. Ce dont il doutait fortement.
- Tu peux venir, y a personne !
Il se tourna ensuite. En effet, personne n'était venu là depuis un bon moment. En témoignait la poussière qui flottait dans l'air et qui ne s'était pas échappée de là depuis un bout de temps, où bien encore cette odeur de renfermé qui assaillissaient les narines et prenait à la gorge.

La jeune femme jeta un regard aux explosifs, avant de relever la tête vers le plafond. Là haut, le sauvage était toujours prisonniers. Enchaîné. Mais, à moins qu'elle ne crie, il n'entendrait pas. Et puis de toute manière, qu'est-ce que cela pouvait bien changer, qu'il entende ou pas ? Ils n'allaient pas le libérer, et il n'allait pas s'échapper. Alors autant ne pas s'occuper de lui, songea la brunette en reportant son attention sur les trois garçons qui l'attendaient avec patience, mais aussi interrogation. Quelle était donc son idée fabuleuse ?
- On ne construit pas des bombes, finalement. On fait sauter tout ce qui se trouve autour de la station, et nous, on est à l'abris à l'intérieur.
Son regard se plongea dans celui de John. Quel changement. Elle qui avait voulu soigner le Sauvage qui se trouvait à l'étage proposait maintenant d'anéantir, si ce n'est son peuple, une partie de son armée. Mais la guerre change les hommes, et, aussi petite soit-elle, Billie ne lâchait rien. Jamais. Alors s'il fallait en arriver là pour survivre, ils en arriveraient là.

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17Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:14

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Elle n'eut pas le temps de réagir, tout simplement. Prise au dépourvu, elle ne put que le regarder sauter dans le trou, et dès qu'il commença à disparaître dans le noir, son cœur flancha. Elle se rapprocha aussitôt du trou, penchant la tête en oubliant sa peur. Jack était-il blessé ? Yavait-il un Terrien qui lui avait sauté dessus ? S'était-il fait mal. C'est en entendant le bruit de sa réception qu'elle grinça des dents, entendant craquer ce qui devait être aléatoirement ses chevilles ou ses genoux. Et puis soudain, elle l'entendit. Il n'y avait personne, selon lui. Elle resta plusieurs secondes à tenter de l’apercevoir avant d'avaler difficilement sa salive. Elle lui faisait confiance, après tout. C'est donc en inspirant qu'elle de se dirigea à son tour vers le trou, posant ses mains sur les deux premiers barreaux, les tenant fermement entre ses doigts squelettiques. Elle se laissa finalement tomber, réceptionnant ses pieds sur les barreaux d'en dessous. Le trou de la trappe se trouvait désormais au dessus de la petite brune, qui observait la lumière comme si elle la voyait pour la dernière fois. Adèle leva alors sa main et fit claquer sans aucun scrupule la trappe, les enfermant tous les deux dans le noir. Ils finiraient bien par trouver ...
- Est-ce que tu as eu le temps d'apercevoir un interrupteur, ou quelque chose comme ça ? demanda-t-elle en descendant lentement à son tour.
Sinon, ils allaient chercher à tâtons, ils finiraient bien par trouver. Lorsque ses pieds foulèrent le sol, la brune ne put s'empêcher de prendre une grande inspiration. Et elle pouvait d'ailleurs entendre d'ici la respiration de Jack, et a vrai dire, son souffle lent et contrôle comparé au sien qui était saccadé la rassurait. Elle plaça donc ses mains devant elle et commença a avancer, le cherchant en plissant des yeux. Elle ne voyait rien, de toute façon.

John n'entendait plus les chaînes grincer. Le sauvage s'était-il libéré et attendait-il que quelqu'un monte pour l'assommer et s'enfuir, ou bien avait-il juste fini par renoncer ? Telle était la question qu'il se posa durant quelques secondes, et il fini par baisser les yeux vers Billie.
Qu'avait-elle en tête, avec son petit air effarouché et ses bras croisés sous sa poitrine ? Allait-elle encore tenter de prôner la paix entre les tributs tout en sachant que cela était tout bonnement impossible ? Refuserait-elle de construire sous prétexte que cela tuerait des sauvages ? Il ne savait pas. Et c'est lorsqu'elle prononça finalement ses mots qu'il comprit. Désormais, elle était prête à tout, et seule la survie de son peuple l'importait. Au point de décimer tous les Terriens qui s'approcheraient d'eux. De les faire flamber comme de vulgaires plantes, et d'entendre leurs cris. Serait-elle prête à entendre la mort qu'elle allait causer ? Il ne savait pas, mais il pouvait lire dans ses yeux la détermination et le courage de ses actes. Elle se battrait jusqu'au bout. Peut-être les remords viendraient-ils ensuite.
- Tu veux dire que tu veux faire sauter tous les Terriens pendant que nous serons dedans ?
Ingénieuse idée. Plus qu'ingénieuse même. Terrible et dévastatrice. Mais remarquablement efficace.
- Et comment on saura si tous les Terriens sont devant la station ?
C'était bel et bien la question fatidique. Ils trouveraient peut-être un moyen de communiquer de l'extérieur à l'intérieur, mais cela impliquait qu'il y ait des jeunes à l'extérieur avant qu'ils ne fassent tout sauter. Et ça, c'était beaucoup plus délicat.

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18Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:15

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Elle avait fini par le rejoindre. Durant un instant, il avait bien crut qu'elle ne le ferait pas, et que la peur allait la paralyser. Mais non. Et bientôt, il entendit, sur sa droite, ses pieds toucher le sol à leur tour. Il ne la voyait pas, mais il l'entendait. Respirer, marcher. Inspirer, expirer, rapidement, trop rapidement. Elle avait peur, tout de même, et ce, même si elle ne voulait pas qu'il ne s'en rende compte. Mais Jack n'avait pas besoin de la voir pour le savoir, et, à la rigueur, il le sentait plus maintenant qu'en plein jour. Il sentait dans les vibrations de l'air à quel point elle était angoissée à l'idée de tomber sur un monstre ou un Terrien. Alors, en secouant la tête, il s'approcha d'elle.
- Non, mais on finir pas trouver.
Et, en tendant la main vers elle, il rencontra son bras. Il se doutait qu'elle allait sursauter. Elle avait peur, craignait que quelqu'un ne les attaque. Alors sentir, dans le noir totale, quelqu'un aggriper son bras ? Elle devrait certainement flipper. C'est pourquoi il mit toute la douceur qu'il put dans son geste et descendit lentement, mais rapidement en même temps, sa main pour venir trouver la paume de la jeune femme.
Et, sans rien ajouter de plus, il l'entraîna vers les profondeurs de l'abris, une main posée sur le mur, à la recherche d'un interrupteur, et l'autre dans celle de la brune.

Qui aurait pût un jour croire que la douce, la gentille Billie, allait proposer une telle idée ? Comment cette pensée aurait-elle même pût leur effleurer l'esprit ? Billie, si pacifiste, qui avait été jusqu'à discuter avec un Sauvage pour essayer de le raisonner, qui l'avait soigné alors que ce dernier ne désirait qu'une chose, Billie, qui détestait la force et la haine, la colère ou la vengeance. Qui aurait pu croire qu'elle proposerait d'elle-même la solution qui pourrait leur permettre de ne pas mourir ? Qui aurait pût penser une seule seconde qu'elle allait proposer de tuer des centaines de soldats ?
C'est bien simple. Quelques jours plus tôt, quelques heures plut tôt, même, elle-même ne l'aurait pas cru. Elle n'était pas méchante, pas vicieuse. Et désirait par-dessus tout que tout conflit soit évité. Après tout, on ne règle pas les problèmes avec la violence, mais en discutant, tels les êtres doués d'intelligence qu'ils étaient, et non des bêtes comme ces animaux sauvages qui s'entre-tuaient pour un pauvre morceau de viande. Mais si Billie était gentille, douce et adorable, elle était surtout têtue, et déterminée. John avait goûté avec une satisfaction légendaire à cette tête de mule, et lui savait plus que quiconque que la détermination de la brune pouvait être à toute épreuve. Alors, là, les bras croisé, quand elle releva la tête vers le jeune homme, elle pu lui montrer son regard tout aussi déterminé.
- Exactement.
Ils ne pourraient pas les affronter face à face, ce serait du suicide. Ils n'étaient pas entraînés, et les sauvages faisaient tous au moins deux fois le poids de tous les jeunes de ce camps. Alors imaginer gagner, avec des bouts de bois taillés au coin du feu et quelques petites bombes ici et là ? Non. La meilleure - et la seule - solution qui s'offrait à eux, était donc celle là. La question n'était pas de se demander s'ils voulaient vraiment tous les tuer, mais de savoir s'ils voulaient avoir une chance de survivre. Car s'ils ne faisaient pas ça, s'ils ne truffaient pas le terrain de mines avant de tout faire exploser, ils mourraient, à coup sûr. Il y a toujours des choix dans la vie. Certains plus durs que d'autres. Celui-ci en faisait partie.
- Il faudrait que quelques uns d'entre nous restent dehors pour les attirer.
Et voilà la partie que John n'allait pas aimer. Il avait en effet pointé du doigt la partie fragile de ce merveilleux plan : comment savoir que les Terriens seraient bien devant la station, si, eux, étaient tous à l'intérieur ?
Il fallait nécessairement que certains d'entre eux restent dehors. Un ou deux seraient suffisant. Il ne s'agissait pas de se battre avec les Terriens, seulement de les attirer dans la gueule du loup. Et Billie comptait bien être parmi les deux. Elle ne pouvait pas proposer ce plan aussi ingénieux que mortel et dangereux, en demandant à quelques uns de mourir pour la survie des autres, sans accepter de le faire elle-même. Et puis, peut-être pourraient-ils se cacher dans les tunnels qu'ils avaient creusés, tout autour du camp ... Peut-être qu'ils pourraient éviter de brûler avec les Terriens.
- Un ou deux devraient suffire.

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19Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:15

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Son souffle se coupa lorsque quelque chose agrippa à son bras, ne lui laissant aucune échappatoire. Elle pensa durant quelques secondes à se dégager le plus rapidement possible, mais elle sentit alors la main qui s'était posée sur son bras descendre pour aller attraper sa main. La peur qui était venue lui écraser les tempes se répercuta dans tout son corps, et c'est donc sans vraiment le vouloir que, dès que sa main dut dans celle du brun, Adèle la broya pour se rassurer. Au bout de plusieurs secondes, ses doigts finirent par se décontracter, la peur s'envolant lentement. Elle se rendit alors compte qu'une larme était venue perler au coin de son œil droit, résultant probablement de ses séquelles qui refaisaient surface. Elle l'essuya lentement de sa main libre avant de suivre docilement Jack, cherchant de son côté si elle pouvait trouver quelque chose. Sa main rencontra quelque chose mais elle ne sut pas décrire de quoi il s'agissait, et elle continua donc d'avancer à l'aveuglette, rassurée par la présence de Jack à ses côtés.
La lumière se fit alors dans son esprit, et elle tourna la tête vers le jeune homme, cherchant à le voir à travers le noir qui bloquait la vue. Mais rien ne passait à travers cette épaisse fumée, et la petite brune n’apercevait qu'une étrange silhouette se détachant du reste, sa rétine commençant à s'habituer au noir, mais pas assez pour y voir correctement. Elle se promit donc de ne pas flancher lorsque la lumière s'allumerait. Lorsqu'ils trouveraient enfin la lumière, elle aiderait Jack à faire abstraction du noir qui se trouvait alors dans son esprit. Et dans le sien aussi.
Il ne restait plus qu'à trouver ce fichu interrupteur.

John resta tout d'abord pragmatique. A vrai dire, lui aussi avait croisé ses bras sur son torse, gardant le silence. Il observait Billie, les yeux braqués sur la petite brune qui semblait d'ordinaire si fragile. Mais les apparences sont parfois trompeuses, et lui même savait qu'à l'intérieur de ce petit corps frêle se cachait une détermination et un courage sans faille. Ou presque. Car les regrets arrivent, et John savait qu'elle ne serait pas prête à les affronter, même si l'air dur qu'elle venait d'emprunter lui saillait si bien.
- Deux personnes devraient suffire.
Mais il ne pensait pas qu'ils aient le temps de rentrer dans la station. Déjà, il faudrait que les deux de l'extérieur connaissent l’emplacement des explosifs et de ce que concocteraient les deux frères par cœur, et il fallait qu'ils arrivent à slalomer pour attirer les Terriens jusqu'à ceux-ci. Mais ils n'auraient jamais le temps de renter à l'intérieur.
Peut-être pourraient-ils se cacher à l'extérieur, ou s'enfuir avant que tout ne brûle ? Non, il fallait toujours imaginer la possibilité qu'ils puissent revenir vers la station.
C'est lorsqu'il releva la tête vers Billie qu'il comprit. Il le voyait, juste là, dans le fond de son regard. Elle voulait être un de ceux qui seraient à l'extérieur, il en était quasiment sûr. Mais il ne la laisserait pas faire. Si jamais les deux de l'extérieur mourraient, il faudrait quelqu'un pour continuer de diriger et de rassurer les jeunes de l'intérieur. Il faudrait aussi quelqu'un qui ait le cran d'appuyer sur l'interrupteur pour tout faire flamber, quelqu'un qui saurait refermer la porte si les deux n'arrivaient pas à temps. Et Billie saurait faire tout ça.
- J'irais dehors. Je trouverai quelqu'un pour m'accompagner.
Il se retourna alors vers les deux frères qui avaient assisté à la discussion, muets, et leur rappela ce que Billie venait de leur dire. Quentin et Enzo hochèrent docilement la tête. Ils feraient tout ce que John et Billie demanderaient pour sauver les leurs, même s'il fallait faire exploser les Terriens, ce qui ne devait pas les gêner. Et ils feraient tout ça en vitesse.

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20Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:18

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Elle se crispa, comme il s'y attendait. Mais ne se détendit pas dès qu'il glissa doucement sa main dans la sienne. Elle resta tendue, et durant quelques secondes, elle lui broya la main. Quoi que broyer était quelque peu exagéré, elle serra fort ses doigts entre ceux du brun, qui, de son côté, avait posé son autre paume sur le mur, plus haut que sa taille, pour essayer de trouver un interrupteur qui pourrait les éclairer un peu.
Mais c'était plus facile, dans le noir. Il ne se posait pas toutes sortes de questions à propos d'Adèle, de son comportement, du pourquoi du comment. Il était simplement là, à lui tenir la main, et ce, même si elle restait toujours tendue et crispée. Peut-être avait-il finalement baissé les bras. Ou alors qu'il comprenait, pour une fois, pourquoi elle était si tendue. Son agression avait été un traumatisme, il en avait conscience. Mais au lieu de tout garder pour elle, elle aurait mieux fait de lui en parler plutôt que de le repousser, encore et encore, de le tenir à distance. Peut-être aurait-il pu l'aider, si elle avait seulement voulu le laisser s'approcher. Mais non, elle avait tellement bien joué son rôle qu'il n'était pas réussi à se rapprocher, et, leur seul moment de complicité depuis que tout avait dérapé avait été quelques heures plus tôt, et ce, même si un certain poids avait pesé sur eux et sur leurs rires légers. Des non-dits, des tabous. Mais là, dans le noir, il ne pouvait pas la voir. Il ne pouvait pas voir qu'elle ne le regardait pas, qu'elle évitait son regard et ne tournait même pas la tête vers lui, par peur certainement. Mais peur de quoi ? De son jugement ? De ce qu'il allait dire ? De ce qu'elle allait voir sur son visage ? Il ne savait pas. Il ne savait plus. Mais dans le noir, tout était plus facile.
Son pied heurta soudain quelque chose, au sol, et un bruit métallique résonna dans l'abri. Jack ralentit alors. Le son c'était répercuté sur les murs, et, grâce à l'échos, il songea durant un instant que l'endroit qu'ils avaient trouvés était un peu plus grand que ce qu'il imaginait. Beaucoup plus grand, même. Mais il n'eut pas le loisir de réfléchir plus longtemps, car, soudain, ses doigts rencontrèrent une légère bosse sur le mur, et ils appuyèrent par réflexe. Un claquement sourd, et soudain, la lumière fut.

Billie retenait sa respiration. Les deux frères ne comprendraient sûrement pas qu'elle voulait aller dehors quand tout exploserait. Ils ne la connaissaient pas assez. Et d'ailleurs, elle ne les connaissait pas plus. Mais ce n'était pas le cas de John. Depuis qu'ils étaient là, il avait toujours été là, derrière elle. Il avait toujours refusé qu'elle prenne le moindre risque, et il avait crié quand elle l'avait fait. Il la cherchait pour s'amuser, mais, derrière, il ne la laissait jamais tranquille. Jamais elle n'avait eu à faire un pas dehors, vraiment en danger, seule. Il n'avait jamais voulu.
Et voilà qu'en cet instant, elle lui disait qu'elle ne voulait pas être dans la station quand tout exploserait. Elle voulait être dehors. Elle devait être dehors. Ce n'était pas une option, ce n'était pas un choix. C'était inévitable, obligé. Elle avait proposé cette idée, et si, pour la survie de tous les autres, deux devaient mourir, alors elle ferait partie des deux. Comment demander aux autres de sacrifier leur vie si elle-même ne le ferait pas ? Elle devait être dehors quand les sauvages attaqueront. Elle, devrait l'être, mais pas John.
C'était bien ce qu'elle craignait, mais une part, une toute petite part d'elle-même, s'était souvenue du moment où il l'avait laissée partir, quelques heures plus tôt. Et elle avait espéré qu'il ferait de même, à cet instant. Ce qu'il ne fit pas. Alors, durant un instant, son masque d'impassibilité se fissura, et son regard exprima ce qu'elle ne laissa pas transparaître sur son visage. Non. Pas lui. Son bras se décroisa alors et elle posa la main sur l'avant-bras du jeune homme, alors qu'il se retournait vers Enzo et Quentin.
- Non. Il faut que tu reste ici. Tu es le chef, John, et ils auront besoin de quelqu'un pour les guider et les soutenir.
Mais, même si elle craignait qu'il refuse, sa voix ne trembla pas. Tout le monde le reconnaissait comme le leader. Personne n'avait contesté son autorité, et, jusqu'ici, il avait toujours fait des choix judicieux. Mais pas cette fois. Sortir et attendre les Terriens dehors n'était pas une bonne solution. Ce n'était pas une bonne idée.
- C'est mon idée, donc j'irais.
Elle redressa alors la tête et jeta à regard aux deux garçons, accroupis près des bombes, derrière, qui les regardaient. Qui allait finalement sortir ? se demandaient-ils sûrement. Moi, songea Billie en revenant sur John. Il fallait que ça soit elle.

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21Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:19

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Ils avancèrent encore longtemps dans le noir, main dans la main. A vrai dire, Adèle ne s'attendait pas à ce que l'endroit qu'ils avaient découvert soit aussi grand, elle pensait plutôt rencontrer un mur en plein face d'ici peu. Mais rien. Si ce n'était son souffle qu'elle commençait à contrôler. Jack était là, après tout. Et elle ne lâchait pas.
Sa main droite courrait dans le vide, s'attardant parfois sur des objets qu'elle ne savait définir, et son esprit tentait de modéliser ce qu'elle venait de toucher, sans succès. Rien. Elle ne savait pas où elle était, et elle ne voyait rien. Mais il y avait une chose qu'elle savait, et qui était tout bonnement indéniable. Alors il fallait juste attendre, encore et toujours, trouver l'interrupteur qui saurait redonner la lumière, trouver la chose qui saurait faire sortir les mots.
Et soudain, un clic se fit entendre. Ses yeux se plissèrent sous la lumière jaillissante, trop habitués à être restés dans le noir durant quelques minutes. Elle resta immobile durant quelques instants, plissant des yeux. Son regard se promena alors sur l'espace qu'ils venaient de découvrir, et elle reconnut un placard, à quelques centimètres derrière elle, qu'elle avait probablement touché quelques minutes plus tôt. Elle resta encore là, durant quelques instants, à observer l'endroit dans lequel ils se trouvaient, beaucoup plus rassurée que lorsqu'il faisait encore noir.
Elle mit alors plusieurs secondes à réfléchir avant de se tourner brusquement vers Jack, lâchant rapidement sa main. Le temps qu'elle passa à le regarder lui parut durer une éternité, mais il était sûrement moindre pour le jeune homme qui se trouvait face à elle. Sans rien ajouter, toujours aussi muette et désolée, la brune fondit sur Jack, enfouissant sa tête dans le cou du brun et nouant rapidement ses bras autour de sa nuque.

Il s'en doutait. Comment aurait-il pu penser le contraire ? Billie était beaucoup trop têtue, et s'il avait rit plusieurs fois de ses " tentatives de suicide ", il en s'agissait ici d'une réelle. Aller dehors, c'était tout bonnement du suicide. Finir carbonisé pour tout le mal qu'ils s'étaient donnés ? Prendre le risque de mourir pour sa patrie ? C'était un risque qu'il assumerait, et dans le meilleur des cas, il arriverait peut-être à s'enfuir à travers la forêt après avoir fait cramer les Terriens.
Pourquoi laisserait-il Billie allait dehors ? Pour rien. Il ne le ferait pas, et cela était plus que clair dans son esprit. Quitte à faire, il l'attacherait à l'intérieur de la station jusqu'à ce que la porte se referme derrière lui. Mais il ne la laisserait pas sortir. Il l'avait laissée prendre les devants et assumer son autorité, et s'il avait fait cela, c'était pour qu'elle se serve de son élan pour faire passer la peur que les Terriens leur donnaient à tous. Et elle avait réussit. Mais malheureusement, elle était apparemment allée beaucoup trop loin.
- Je suis le chef autant que tu l'es, Billie.
Lorsqu'elle posa sa main sur son bras, il jeta un regard en coin a Quentin et Enzo qui commençaient déjà leur travail, et attrapa à son tour Billie pour la tirer vers l'extérieur.
- Je refuse que tu ailles à l'extérieur, c'est du suicide. Je ne te laisserai pas faire ça, prends en bien conscience Billie. Tu seras capable de les gérer à l'intérieur pendant que j'irai dehors attirer les Terriens, et je me cacherai en attendant que tout soit fini.
Il planta son regard dans celui de la brunette, lui démontrant bien qu'il n'en démordrait pas. Le problème était qu'il savait qu'elle non plus, ne lâcherait pas le morceau.

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22Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:19

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Soudain, la lumière explosa dans sa rétine, et le brun plissa les yeux, le temps que sa vision ne s’accommode à tant de luminosité. Mais, quelques secondes plus tard, il pût ouvrir les yeux sans qu'elle ne soit perturbée par des dizaines de tâches jaunes et orangées, lumineuses et douloureuses. Il commença par distinguer des formes, autour de lui, et, enfin, pût mettre des mots sur les meubles qui se tenaient, présence centenaire et immobile, près d'eux. Derrière, une étagère et un placard, tandis que, devant, s'étendait une série de sorte de casiers. Mais où étaient-ils tombés ? Une sorte d'école ? Ou de caserne ? D'hôpital ? Car ils se trouvaient bel et bien dans un vestiaire, à première vue. Et peut-être que les casiers renfermaient des choses intéressantes.
Mais il n'eut pas le temps de se poser plus de questions sur l'endroit dans lequel ils se trouvaient qu'Adèle se jeta à son cou pour venir coincer sa tête dans le creux de son épaule. Un instant décontenancé, le brun resta les bras ballant, légèrement écarté, tandis qu'elle nouait ses bras derrière sa nuque. Depuis plusieurs jours, ils n'avaient pas eu de contacts hormis se tenir la main depuis quelques temps. Mais c'était à cause de la peur. Etait-ce parce qu'elle avait peur que la jeune femme se jetait subitement dans ses bras ? Avait-elle si peur de retomber sur un Terrien qu'elle préférait ne rien regarder et cacher sa tête dans son cou ? Pourquoi, subitement, se jetait-elle dans ses bras, sans avoir rien dit depuis des heures ? Tant de pourquoi, et aucune réponse, encore et toujours. Comme un questionnement sans fin, mais aussi et surtout sans réponse. En aurait-il d'ailleurs un jour, des réponses ? Il l'espérait, d'un côté. Mais d'un autre, non. Parfois, mieux valait ne pas savoir. Quelles étaient ses raisons ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Que s'était-il passé ? Qu'est-ce qui avait changé ? Mais rien, le silence. Et soudain, cette étreinte désespérée.
Et alors, Jack baissa la tête et serra la jeune femme contre lui, refermant ses bras sur sa taille. Ou peut-être tout simplement qu'Adèle, d'habitude si à l'aise pour parler, ne savait pas quoi dire.

La jeune femme secoua la tête. Elle n'était pas leader comme il l'était. Elle n'avait fait qu'avancer dans son ombre, toujours derrière lui, ou bien derrière Jack et Adèle. Elle n'avait été que l'infirmière assez imprudente pour aller, par deux fois, aller faire un tour dans la forêt et croiser, par deux fois, la route des Terriens. Elle, chef ? Comment cela pourrait-il être possible ? Elle n'était pas chef, elle n'en avait pas l'étoffe, et seule sa détermination en serait la qualité. Comme le disait si bien John, elle avait trop d'envies suicidaires pour ça. Alors que lui n'avait jamais été imprudent. Il n'avait jamais risqué la vie de quiconque, contrairement à elle, qui avait risqué la sienne, mais aussi celle du brun, d'Andrew et de ce pauvre garçon qui était mort, quand ils étaient partis faire ce trek pour trouver de la nourriture. Alors elle, chef ? Non.
- Je ne suis que l'infirmière, John.
Mais déjà, il l'entraînait à l'extérieur, et elle n'eut d'autre choix que de le suivre, se retrouvant bientôt à l'air libre. Son regard dériva un instant sur la prairie herbeuse, au fond de laquelle tout le monde préparait la guerre. Le feu rugissait, et autour, des dizaines de jeunes taillaient des bouts de bois, s'entraînaient au combat, à lancer des épieux. Combien de temps tiendraient-ils, s'ils se trouvaient face aux sauvages ? Combien de temps tiendrait John face à eux ? Combien de temps tiendrait-elle ? Pas longtemps. Trop peu pour tenter de s'échapper. Trop longtemps pour souffrir.
- Et pourquoi ce serait toi, tu m'explique ?
Le ton était monté d'un cran, inconsciemment. Pourquoi était-il donc si têtu ?! Ne pouvait-il pas comprendre que tout le monde avait besoin de lui, ici ? Qu'il était le moteur de ce groupe, de ce peuple, de cette communauté, et que, sans son autorité naturelle, des clans ne tarderaient pas à se former ? Pourquoi ne voulait-il pas voir cela ? Pourquoi ?
- Je n'ai pas ton autorité, tu le sais autant que moi.
Et comment pourrait-elle fermer la porte en le sachant dehors ? Comment ?

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23Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:20

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Et l'attente lui parut longue, une fois de plus. Elle ne sentit rien. Aucune étreinte, aucune respiration. Comme si, durant quelques secondes, il s'était arrêté de respirer. Alors elle le voyait déjà se séparer violemment d'elle, refusant catégoriquement son étreinte comme si c'était mal. Elle voyait déjà son regard noir, plein de reproches et de douleurs, ce regard qu'elle n'osait pas défier depuis des jours.
Tout simplement parce que depuis qu'elle l'avait repoussé, elle n'osait plus jeter un regard à ce qu'elle avait créé chez lui. Elle s'en voulait, et rien que l'idée qu'il pose son regard douloureux sur le sien la faisait frissonner. Elle était à l'origine de ce mal être, et elle avait tout fait pour ne plus l'approcher, parce qu'à chaque fois qu'elle levait les yeux vers lui, elle le voyait. Dans ses yeux. Et c'était de sa faute. Parce qu'elle avait été stupide, parce qu'elle avait été craintive, parce qu'elle avait eu peur. Parce qu'elle n'assumait plus ce qu'elle avait fait. Alors cette étreinte, bien que non partagée, sembla soudainement la libérer. Son nez froid collé à la peau pâle du brun lui rappelait les chamailleries qu'ils avaient eu dans la tente du brun, et son odeur l'escapade nocturne qu'ils avaient eu dans les bois, et qui avait d'ailleurs coûté une sacrée bosse à Jack. Elle le revoyait sourire, et sentait elle aussi une esquisse de joie naître sur ses lèvres, balayant le doute qu'elle conservait en elle.
Et enfin, l'étreinte partagée. Bien que seulement serrés contre sa taille, Adèle sentit contre son corps les bras du brun, et elle serra en répercussion le jeune homme contre elle, fermant les yeux. Elle resta ainsi durant plusieurs minutes, ne sachant pas s'il désirait réellement la proximité qu'ils partageaient à cet instant, et qu'ils n'avaient pas eu depuis longtemps. La chaleur de sa main dans celle de Jack ne suffisait plus à combler le manque et la honte qu'elle ressentait, et cette étreinte à la fois chaleureuse et pleine de douleur semblait la combler étrangement.
Les mots étaient juste là, prêts à franchir l'orée de ses lèvres, qui étaient à cet instants, comme le reste de son visage, enfouies dans l'épaule de Jack. Ce ne fut qu'à cet instant qu'elle se rendit compte qu'une perle de rosée venait de mouiller le t-shirt du brun. Était-elle le signe de son malheur ou annonçait-elle finalement sa détermination à tout reprendre et à s'excuser ? L'ingratitude dont elle avait fait preuve devait cesser, et la honte qui rougissait ses joues ne devait plus être d'office désormais.

Il savait pertinemment qu'il serait tout bonnement impossible de la convaincre. Mais il ne voulait pas la laisser partir. Parce qu'il savait qu'avec le temps, elle saurait s'imposer, et face à la terreur, les jeunes se placeraient simplement sous sa coupe en attendant ses ordres. Elle n'avait pas l'étoffe d'une chef, mais le devenir d'un dirigeant juste.
- Tu n'es pas qu'une infirmière Billie, répondit-il sur un ton doux.
Et cela était l'une des raisons pour lesquelles elle devait rester. Elle savait comment soigner les autres, s'occuper des malades, alors que lui regarderait probablement tout son peuple mourir face à la maladie. Et il ne voulait surtout pas ça. S'ils survivaient jusque là, déjà.
Le regard du brun dévia à son tour sur les jeunes qui s'acharnaient durement sur leurs œuvres, exécutant avec la plus grande dévotion ce que le jeune homme leur avait demandé de nombreuses minutes plus tôt. Ils étaient tous là, travaillant sur ce qui se serrait peut-être le fruit de leur liberté, ou la survie future de leurs amis. Car ils ne devaient pas non plus faillir. C'était désormais une ambiance lourde et inquiétante qui pesait sur le camp, chacun espérant survivre à ce qui les attendait, tout en se lamentant intérieurement en pensant à ce qui allait se passer. Peut-être était-ce cela qui les poussait à se dépêcher, à travailler plus ardemment qu'à l’origine. La survie était tout ce qui importait.
Il avait donc laissé le silence s'installer entre eux, et se tourna finalement vers la petite brune, répondant au contraire sans hausser la voix. Pourquoi hausser la voix ? Chacun était plus têtu que l'autre, et monter le ton ne servirait rien face à la détermination adverse.
- Ce sera moi, parce que je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. Tu resteras ici, et tu aideras tous ces jeunes désorientés et effrayés à se remettre sur pied en attendant mon retour.
Supprimer ce message
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24Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:21

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Il referma ses bras sur elle. Et, instantanément, il sentit qu'elle le serrait plus fort, désespérément, comme si elle n'avait peur qu'il ne s'échappe, qu'il ne disparaisse, ou qu'il ne la repousse. Mais comment pouvait-elle penser une telle chose ? Depuis le début, il ne l'avait pas repoussée. Il avait peut-être laissé le silence s'éterniser, mais jamais, au grand jamais, il n'avait repoussé la brune. Quand elle avait cherché sa main, dans la forêt, il l'avait laissée faire. Et c'était lui qui était aller trouvé la sienne, quelques minutes plus tôt, dans le noir complet.
Il avait peut-être été silencieux, mais c'était uniquement pour ne pas être blessant dans ses paroles. Il n'avait pas été silencieux, mais il ne l'avait pas rejetée, ne s'était pas éloigné. Il avait crié, frappé, mais n'avait pas fui quand elle était revenue lui parler, le matin même.
Mais peut-être n'était-ce pas pour ça qu'elle le serrait comme s'il allait brusquement disparaître dans un écran de fumée. Peut-être que ce manque, qu'il avait ressenti à chaque instant plus que le précédent, avait fini par devenir insupportable à la brune. Peut-être même s'en voulait-elle. Mais pourquoi avoir fait tout ça te avoir causé tant de questionnement et de douleur, si elle regrettait, au final ? A quoi tout cela rimait-il ? Quelles étaient ses pensées, l'instant ? Pourquoi avait-elle fait ça ? Pourquoi cette étreinte ?
Et pourquoi tant de questions ?! Le jeune homme avait l'impression que sa tête allait exploser sous la pression et que, tôt ou tard, il finirait par ne plus avoir toute sa tête, à cause de toutes ces questions qui ne faisaient que s'entrechoquer dans son esprit.
Et puis soudain, elle furent toutes balayées, quand il sentit, contre sa peau encore nue, une goutte ruisseler doucement sur son épaule, avant de descendre sur son torse. Une larme. Le regret ? La douleur ? La honte ? La peur ?
Il ne savait pas. Mais il la serra d'autant plus fort.

Son retour. Son retour ? Billie voulait être celle qui resterait dehors pendant tout ce massacre. Elle le voulait, et, même si elle n'avait pas vraiment réfléchi à cette décision, elle savait qu'elle ne changerait pas d'avis. C'était son devoir, de rester à l'extérieur. Elle n'avait pas le choix, ça ne serait pas juste que John meure à cause de ce qu'elle avait proposé. Car, indéniablement, ce qui attendait les deux qui resteraient dehors était la mort. Lente ou rapide ? Indolore ou non ? Aucune raison de la savoir. Mais, le pourcentage de chance qu'ils ne s'en sortent était faible, très faible. Et elle ne voulait pas que John meure.
Et voilà qu'il recommençait. A ne pas vouloir qu'elle fasse ce dont elle avait envie, ce qu'elle pensait être juste, et ce qu'elle pensait qui devait être fait. Il recommençait à vouloir, pour on ne sait quelle raison, la surprotéger. Paraissait-elle donc si fragile que ça ? Oui, indéniablement. Mais elle avait prouvé qu'elle pouvait s'en sortir. Et même si, mathématiquement parlant, elle aurait plus de chance de mourir que John, dehors, elle ne voulait pas qu'il y aille. Qu'il ne meure, tout simplement.
- Parce que tu crois que la pauvre Billie sera d'une grande efficacité face à une centaine de jeunes ? Tu pense peut-être que si tous les autres seront désorientés, je serais la seule, impassible ?
Si jamais tout se passait comme John le voulait et qu'elle était obligée de rester à l'intérieur, bien sûr qu'elle aiderait les autres. Elle prendrait sur elle, comme elle savait si bien le faire. Mais la douleur n'en serait pas moins grande, bien au contraire. Car si les autres perdront un leader, elle perdrait un ami. Alors si la brune avait du mal à blesser ses ennemis, comment savoir quelle serait sa réaction face à la mort d'un proche ? A cause d'elle, en plus ? Elle n'avait pas encore songé à l'après explosion, l'après guerre. Mais que se passerait-il, quand ils sortiraient et découvriraient leur camp, jonché de cadavres ? Des cadavres qui marcheraient encore si Billie n'avait pas eu son ingénieuse idée. A l'instant, elle était prête à tout pour que son peuple survive, et cela signifiait tuer des Terriens. Elle était à l'origine de ce massacre, s'il avait lieu. Mais comment supporterait-elle la mort de tous ces Terriens, ajoutée à celle de John ?
Nul ne pouvait le prédire. Nul.
- Et je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose non plus. Réfléchis un peu, John. Je suis plus petite, plus discrète qu'un grand gaillard comme toi. J'aurais plus de chance de me cacher efficacement, et peut-être de survivre. Tu dépasseras de ta cachette et on retrouvera simplement ton cadavre carbonisé en sortant. Tu veux vraiment mourir ? Je pensais savoir ce que tu pensais des envies suicidaires.
Elle leva la tête, et planta son regard dans celui de John. Il ne pouvait pas y aller. Et ils ne pouvaient pas y aller tous les deux. Ca devait être elle. Elle ne se le pardonnerait jamais, sinon.

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25Cinquième partie Empty Re: Cinquième partie Dim 5 Avr - 23:22

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Un chuchotement, émergeant lentement du fond de ses pensées. Un peu comme une longue litanie qu'elle se répétait sans réussir à en comprendre le sens. Quelques mots qui riment comme un poème mais dont le sens est abstrait, et que seul celui qui ressent peut comprendre. Parfois il faut arriver à traduire ses pensées, et il est parfois souvent plus dur de parler que de former des hypothèses et des idées, car la vérité peut être autant blessante pour celui qui parle que pour celui qui entend. Mais ce n'était pas blessant, loin de là, c'était juste quelque chose difficile d'admission, et il fallait parfois du temps pour arriver à tout dire, et ainsi faut-il parfois commencer par le plus simple.
Adèle avait été si souvent tentée par un silence dur et froid qui simplifiait tout qu'elle avait oublié sans s'en rendre compte ce qu'elle ressentait encore et toujours. Parfois nous sommes réduits au silence, et d'autres fois nous nous réduisons au silence pour ne plus avoir parler, parce qu'il nous couvre, nous aide, nous protège, et parle à notre place. A chacun sa manière de tirer le sens du silence.
Elle inspira encore une fois avant d'éloigner sa tête, enfouie quelques secondes plus tôt dans le creux de l'épaule de Jack, de celui qu'elle tenait encore dans ses bras. Ses yeux brillants se levèrent sans aucune crainte vers le grand brun, et peut-être pourrait-il enfin comprendre maintenant que son regard était aussi cristallin et translucide.
C'était à la fois étrange de le regarder ainsi, mais c'est en perdant ses yeux dans le regard chocolat du brun qu'un sourire vint naître sur ses lèvres, effaçant l'air triste qui animait son visage depuis des jours.
Il ne manquait plus que la parole après le silence, et ce qui se fait attendre arrive finalement au grand galop.

Il se fichait bien de savoir si elle se le pardonnerait ou non. Parce qu'elle n'avait pas à le faire, c'était sa décision, il irait dehors quoiqu'il advienne. Et si pour cela, il devait la laisser penser qu'elle irait avant de l’assommer pour pouvoir la mettre ne sécurité, il le ferait. Mais il ne voulait même pas y penser. Même pas.
Ce serait un dernier recours, et il ne voulait pas avoir à l'employer. Parce qu'il voulait qu'elle l'écoute, qu'elle comprenne, et surtout, qu'elle finisse par se persuader qu'il reviendrait vivant. Ce qu'il ferait.
- Tu seras impassible comme tu l'es maintenant Billie, répondit-il l fixant. Tu ne trembles pas face à l'idée d’exterminer un nombre incalculable de Terriens, alors tu ne trembleras pas lorsqu'il faudra refermer la porte. Tu seras à l'intérieur, en sécurité, comme tous les autres. Prends en conscience Billie, et prépares y toi. Parce que tu sais très bien que je ne te laisserai jamais aller dehors.
Il l'avait regardée sans faillir, son regard bleu océan ne la quittant pas comme si cet instant allait être décisif. Parce qu'il l'était assurément, parce que tout ce décidait ici, et maintenant.
Pour maintenant ses propos, il lui offrit un petit sourire et tourna la tête vers les jeunes, désignant plus précisément ceux qui se battaient.
- Ils ont tous besoin de toi, que tu le veuilles ou non. Tu soignera les éventuels blessés, et surtout, tu sauras veiller sur eux. Parce que tu t'es peut-être cachée derrière moi, mais je sais très bien que ta détermination te permettra de les contenir.
Il partait dans l'optique de son retour, et tentait de la convaincre, ainsi que lui par la même occasion, qu'il arriverait à se cacher des Terriens. Et si elle croyait, peut-être résisterait-elle moins. De toute façon, sa résistance était bien vaine. Il avait dit jamais, et ce serait jamais.

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