On the Ground

Il pissait le sang. Et ce n'était qu'un euphémisme. A ce rythme-là, d'ailleurs, il allait finir par se vider de tout son sang sur les dalles sales et humides de la minuscule cellule dans laquelle on venait de le jeter. D'ailleurs, le jeune homme commençait à se sentir partir. Ses pensées n'étaient plus très claires, voires même incohérentes, et, bientôt, il tomberait dans l'inconscience. Un bref soulagement l'envahit à cette pensée quand il songea que pour la première fois depuis qu'il avait posé le pied sur cette terre, il allait pouvoir souffler et arrêter de penser une seconde à sa survie. Puis, naturellement, la peur de mourir l'assaillit, et la douleur de sa blessure se réveilla, le ramenant brusquement à la conscience. Un râle s'échappa de ses lèvres, et il plaqua ses mains sur sa blessure. Le flot de sang était toujours aussi intense, et, déjà, sa vue se brouillait de nouveau. Sa tête retomba en arrière, venant buter contre le sol froid, et la fraîcheur se répandit dans son crâne, lui procurant une étrange sensation de bien être, alors même que le feu dans son ventre ne faiblissait pas.
Bientôt, cependant, les ténèbres vinrent le cueillir, et le jeune homme sombra dans une inconscience douloureuse.

Merde, qu'est-ce que c'était que cette lueur ? Le soleil ? Non, sûrement pas, s'il était à l'extérieur, l'odeur le lui aurait confirmé. Ici, ça sentait plutôt le renfermé. D'ailleurs, lui aussi se sentait enfermé, du moins, de la manière dont il était replié, l'espace dans lequel il se trouvait ne devait pas être très grand. John se résigna finalement à ouvrir les yeux, s'attendant au pire. Et il avait bien raison : il se trouvait dans une cage, suspendue pratiquement au dessus du vide. Oh putain, qu'est-ce que c'était que ce bordel ?! Le brun voulu se relever mais son crâne s'enfonça lourdement dans les barreaux au dessus de lui, lui rappelant que ses mouvements devaient désormais être contrôlés. Il jeta quelques coups d’œil autour de lui et se rendit compte qu'il n'était pas le seul dans sa situation : de nombreuses autres cages contenaient elles aussi, de multiples corps enchevêtrés, pratiquement tous tatoués. Des Terriens. Le brun passa lentement ses mains sur son visage, essuyant sa sueur tout en essayant de s'asseoir plus ou moins confortablement. Etrangement, il avait l'impression que son dos allait mieux, mais le reste de son corps semblait ne pas dire la même chose : pâle comme un lavabo, il semblait avoir été plusieurs fois piqué par de nombreuses aiguilles. Selon ses vagues souvenirs, le Docteur Tsing avait parlé de tests de son sang qui aideraient à la survie du Mounth Weather, mais comment exactement ? Qu'est-ce qu'ils pouvaient donc bien ...

« Hé toi, t'es nouveau ici ? Skykru c'est ça ? »

Le brun avait été interrompu de ses pensées par une voix féminine légèrement rauque, lissée par la fatigue. Skykru ? Qu'est-ce que c'était que ça ? Le peuple de 100, venus du ciel ? Pourquoi donc cette Terrienne lui adressait-elle la parole, alors qu'ils étaient en guerre avant tout cette histoire de bunker dans la montagne ?
La journée commençait à peine que le brun avait déjà de très mauvaises intuitions. Mais partir d'ici serait toujours son principal objectif.

A quelques pas des cellules, où Adèle était toujours enfermée, se trouvaient les principaux quartiers de la commandante et de son second, vestiges d'anciens villages pré-apocalyptiques. La commandante elle, ne s'y trouvait pas, vaquant avec quelques uns de ses chefs d'armée dans une immense salle dédiée au plans de combat.
Le second par contre, se trouvait à l'intérieur de de sa suite, si l'on peut dire, préparant sa tenue. Enfilant rapidement les tissus qui lui servaient de vêtements sur sa peau dorée par le soleil et musclée par les entrainements journaliers à l'arc et à l'épée, le second surveillait d'un coin de l’œil un endroit particulier de la pièce : le lit. Car sur celui-ci se trouvait un jeune homme brun, dont le ventre tailladé la veille avait été particulièrement guéri et emmitouflé par les soins du second. Poussant un soupir, le second se regarda dans la glace et traça doucement à l'aide de ses doigts, de nombreuses marques sur son visage, caractéristiques de son rang. Une fois cette étape finie, et ses longues bottes enfilées, son regard se retourna vers le lit tandis que son bras tira doucement un tabouret sur lequel s'asseoir.
Le second attrapa le large sabre qui gisait sur une caisse proche et le planta sèchement dans le sol, posant son menton et ses mains sur le bout du sabre. Si le brun ne se levait pas d'ici quelques minutes, elle, Shey, second de son clan, se ferait un plaisir de lui raser la barbe à coup de lame en guise de réveil.

Une fois sous sa couette rêche, Billie roula sur elle même de longues minutes. Elle avait trop chaud, si bien qu'elle poussait la couette, puis elle avait trop froid, alors elle la rabattant sur son corps. Autour d'elle, elle entendait les soupirs profonds et endormis de ses amis, qui, au contraire d'elle, avaient réussi à trouver le sommeil rapidement. Il faut dire que l'adrénaline qui l'avait tenue éveillée toute la journée courait encore dans ses veines. Elle n'osait pas se détendre, laisser l'angoisse la quitter peu à peu pour l'enfant tomber dans les bois de Morphée, car elle avait encore plus peur de sentir les pensées horribles qui l'avaient envahie pendant des jours revenir la hanter. Des images de John, mort, quelque part sur un lit métallique, son cadavre de décomposant doucement à l'air libre. Un frisson la parcourut, et elle ferma les yeux encore plus fort, comme pour chasser cette pensee de son esprit. Les poings serrés, ses ongles s'enfoncèrent dans ses paumes, faisant perler de petites gouttes de sang qui vinrent tacher les draps.
Une nouvelle fois, elle se retourna dans son lit, se tournant vers la porte d'entrée du dortoir. Les yeux grand ouverts, elle regardait les ombres de la nuit courir sur les murs, se glisser sous les lits, et murmurer aux oreilles de ses amis. Le frisson ne la quittait pas, aussi remonta-t-elle la couette sur ses épaules.
L'attente du sommeil fut longue, et interminable, entre pensées morbides et vives montées de panique. Mais finalement, après presque deux heures d'insomnie, la fatigue finit par avoir raison de la brune, qui sombra dans un sommeil sans rêve.

Heureusement pour les poils drus de sa barbe, Jack futur par émerger du sommeil lourd dans lequel il était plongé avec un grognement de douleur. Il avait vaguement conscience d'une douleur sourde au fond de ses entrailles, mais à part ça, il ne sentait pas son corps. Son esprit semblait flotter dans un nuage cotonneux, et en même temps, la douleur de faisait de plus en plus vive. Mais bon dieu, il ne pouvait pas être comme tout le monde, et aller au paradis, dénué de souffrances et de douleur ? Rah, on voulait vraiment l'emmerder jusqu'au bout.
Mais attendez deux secondes .... il avait quand même bien mal au ventre. Cela voulait il dire qu'il avait survécu ? Il tenta de bouger, pour voir s'il ressentait quelque chose, et un second râle de douleur s'échappa de ses lèvres sèches quand la douleur lui déchira les entrailles.
Il ouvrit alors des yeux écarquillés, injectés de sang, et j'étais un regard affolé autour de lui.

John pris un certain moment avant de répondre à la question de la Terrienne, réfléchissant intensément. En soit, il détestait les Terriens : ils les avaient foutu dans la merde jusqu'au cou sans aucune empathie, les attaquant alors qu'ils n'avaient rien fait. Il les haïssait même jusqu'au plus profond de son être, car ceux-ci étaient aussi à l'origine de tout ce qu'il vivait actuellement : être séparé du reste des 100, avoir le dos marqué par le feu, et servir de cobaye pour le Mounth Weather. Mais écumer sa rage sur les Terriens qui se trouvaient ici ne servirait à rien, tenter une attaque alors qu'il ne pouvait même pas sortir de sa cage ne l'aiderai sûrement pas. Bien au contraire, il avait la nette impression qu'ils allaient devoir s'entraider pour sortir d'ici, même si chacun se détestait l'un l'autre. Après tout, il verrait ce qu'il adviendrait de leur avenir après s'être enfui, si jamais il y arrivait. Après avoir longuement réfléchi, il préféra ne pas répondre. Il tenait à se débrouiller par lui même, sa haine étant trop grande pour laisser passer son humilité. Le grand brun observa attentivement les alentours, notant tout ce qui pourrait lui servir : une grande porte se trouvait à quelques mètres d'ici, et c'était certainement par celle ci que l'équipe de Tsing amenait les cobayes et emmenait les futurs cadavres.

" Hé Skykru, tu comptes réellement nous ignorer ? Au cas où tu n'aurai pas remarqué, on est tous dans le même bateau "

La Terrienne avait repris la parole, parlant au pluriel pour appuyer le fait que les autres devaient penser pareil. Quoique, certains regarder la jeune femme parler en sifflant entre leurs dents, cinglant quelques mots dans une langue qui était inconnue à John. Et à son avis, ils ne lui chantaient sûrement pas des louanges. Peut être la Terrienne était-elle la seule à parler sa langue à lui, les autres le comprenant seulement.

" Tu n'es pas le premier de ton clan à être entreposé ici. Mais apparement, ils préfèrent votre race à la notre, les tiens ne reviennent jamais, contrairement à nous. Vous êtes probablement plus utiles que nous. "

Le brun tiqua légèrement à ces phrases, élevant la tête avec un regard cette fois rempli d'intérêt et de questionnement : d'autres personnes de l'Arche avaient été emmenées ici ? Était ce donc là qu'avaient atterri les membres manquants de leur tribu de 100, partis en exploration et jamais revenus ? Il n'était donc pas le premier Skykru que les Terriens voyaient passer ici, et apparemment, s'il sortait par la lourde porte, il n'en reviendrait jamais. Il fallait donc absolument qu'il arrive à s'enfuir d'ici, avec ou sans l'aide des Terriens.

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De nombreux étages au dessus de John, les révolutionnaires de Mounth Weather commençaient à émerger doucement de leur sommeil : s'ils voulaient entrer dans le bureau de Wallace en toute discrétion, il fallait y aller avant que toute la montagne soit réveillée, cela minimiserait leurs chances de se faire choper.

La tête calée contre son sabre, le second observait le brun allongé sur le lit sans bouger. Même si la patience était son maître mot et ce qui faisait d'elle une parfaite élite de son armée, la grande brune attendait en tapant légèrement du pied que le jeune homme se réveille. À vrai dire, il l'intriguait un tant soit peu : elle ne pensait pas les étrangers capables de sacrifier pour les autres, les voyant seulement comme des enfants ayant atterri dans un terrain de jeu qui n'était pas le leur. Le second n'était pas du tout partisan d'une union avec Skykru, contrairement à la commandante qui elle semblait voir en eux de potentiels alliés. Elle, n'y voyait qu'une future source de problèmes, malgré son léger intérêt pour les deux qu'ils avaient recueillit, qui semblaient être dotés d'une certaine réflexion.
Lorsqu'elle entendit un souffle rauque s'élever à l'autre bout de la pièce, la Terrienne lâcha un léger sourire : enfin, il se réveillait. Elle dégaina son sabre dans un bruit sourd et le plaça rapidement dans son dos, rangé dans un fourreau qui pendouillait en croix dans son dos. Le second s'approcha du lit et posa sa botte sur le bois de celui-ci. Même avec de simples mouvements, on pouvait ressentir son aisance et son implacable force à travers tous ses muscles et sa gestuelle. Il fallait dire que le second était plutôt imposante, et c'est ce qui faisait la force des tributs de Terriens : les femmes qui se trouvaient à la tête des clans, car elles étaient beaucoup à en être, se devaient de faire imposer le respect par un simple regard, refusant toute forme de rébellion.

" Debout Skykru, ta sentence va être décidée "

Après une courte de nuit de sommeil, les yeux de Billie finirent par s'ouvrirent douloureusement. Ses yeux la piquaient, et elle aurait donné cher pour pouvoir se rendormir et sombrer une nouvelle fois dans le sommeil salvateur, qui donnait l'impression que tout allait bien, que tout irait bien, et que tout finirait par s'arranger.
Mais les événements de la veille lui revinrent à l'esprit, et, aussitôt, elle bascula ses pieds en dehors du lit. Plus tôt ils iraient s'occuper de ce boîtier, et moins ils auraient de risques de se faire prendre. Aussi, elle sauta doucement à terre, avant de se diriger vers le lit de Shobbian. La jeune femme dormait toujours, mais Billie posa une main sur son épaule pour la réveiller. La blonde ouvrit finalement un oeil, et la brune lui souffla qu'il fallait se dépêcher. Un hochemet de tête plus tard, Shobbbian était debout, près de la porte d'entrée, accompagnée des garçons. En soufflant un peu, Billie les regarda.

« - Quand faut y aller, faut y aller ... »

Puis, sans attendre une seconde de plus, ils se dirigèrent vers la cage d'ascenseur, où ils arrivèrent quelques minutes plus tard, en ayant, heureusement, croisé personne dans les couloirs.

Jack était désormais assis sur le lit, en nage, totalement perdu. Puis, tout lui revint en trombe et lui tomba sur les épaules. Un poids s'abattit sur lui, et aussitôt, son coeur s'accéléra. Où était donc passée Adèle ? Que lui avait-on fait ? Etait-elle toujours en vie ?
Et c'est alors qu'il remarqua l'autre personne dans la pièce. Cette jeune femme, avec ses cicatrices tribales sur le visage, sa tenue guerrière, et son regard au masque figé. Il eut alros la présence d'esprit de regarder autour de lui. Que faisait-il ici ? Un grand lit dans lequel il se trouvait, une pièce, mine de rien, plutôt richement meublée, par raport à tout ce qu'ls avaient connu depuis qu'ils étaient arrivés sur Terre.
Elle lui parla alors. Sa sentence ? Mais de quoi parlait-elle ? Il ne comprenait vraiment rien. Alors, au lieu de répondre, il secoua simplement la tête.

« - Où est Adèle ? Où se trouve mon amie ? » demanda-t-il seulement.

« - A quelle intervalle de temps viennent-ils chercher de nouvelles personnes ? »

Le brun avait fini par répondre indirectement à la Terrienne, élevant sa voix à travers la gigantesque pièce dans laquelle ils se trouvaient. La jeune femme en question, grande blonde qu'elle était, lâcha un léger sourire de satisfaction, heureuse que John lui ai répondu. Sa cage se trouvait à seulement un petit mètre de lui, les deux étant l'un en face de l'autre, se défiant autour par le regard que par les quelques mots qu'ils s’échangeaient.

« - Régulièrement, en général ils viennent prendre l'un des notres tous les jours dans la matinée, quelques fois ils en prennent deux ... »

La Terrienne avait livré de réelles informations, partageant l'opinion que dans ce cas, l'union faisait la force. En effet elle raconta au brun cela faisait plusieurs années qu'ils connaissaient les hommes de la Montagne, cela était l'une des plus grandes frayeurs des tributs, car ils attaquaient sournoisement, enlevant plusieurs villageois d'un coup. Une fois, ils avaient même réussit à capturer le second d'un des clans, qui avait été saigné comme tous ceux qui passaient la porte. John écouta attentivement les paroles de la jeune femme, réfléchissant dans son coin : il fallait trouver un moyen d'ouvrir ces cages et de s'enfuir par la porte, mais comment le faire sans alerter le reste des gardes et surtout, comment ouvrir les loquets des barreaux dans lequels ils étaient enfermés ? Ils allaient devoir tous s'entraider s'ils voulaient s'échapper, seulement de nombreux autres ne semblaient pas partager l'opinion de la Terrienne blonde, alors que celle-ci livrait à John le détail des horaires et des rondes qu'effectuaient les gardes.

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Les cinq révolutionnaires se dirigèrent donc à travers les couloirs, suivant Billie pour arriver jusqu'à l’ascenseur. Selon celle-ci, le bureau de Wallace ne se trouvait pas très loin, ils auraient donc suffisamment de temps pour y aller sans se faire repérer. D'ailleurs, ils avaient eu de la chance de ne pas s'être fait attrapés jusqu'ici, il fallait qu'ils restent discrets !

Le brun qui lui faisait face mis un certain temps avant d'émerger complètement, semblant atterrir d'un autre monde. Cela devait probablement être du au choc émotionnel et physique qu'il avait subi la veille, lui faisant momentanément perdre ses esprits. Le second resta quelques instants immobile puis décrocha rapidement son pied du lit pour se remettre droite : à vrai dire elle n'attendait aucune réponse de lui, seulement qu'il la suive jusqu'à l'extérieur sans broncher, au cas contraire elle le ligoterait et le trainerai dehors à sa guise. Lorsqu'il fini par lâcher quelques mots, la pressant par une question, la grande brune le regarda en penchant légèrement la tête, faisant craquer ses doigts. Il voulait donc savoir où se trouvait sa camarade, se préoccupant apparemment plus de l'état de celle-ci que du sien. Shey ne broncha pas et attrapa la large chemise qui se trouvait sur la table de nuit afin de la jeter près du brun, seul vêtement qu'il lui manquait puisqu'elle l'avait déjà affublé d'un nouveau pantalon.

« - Habille toi et suis moi. »

Tout aussi discrètement que jusqu'à maintenant, les 5 rebelles arrivèrent au niveau du boîtier secondaire d'alimentation électrique. S'arrêtant doucement, Billie jeta un regard par-dessus son épaule afin de vérifier qu'ils n'étaient pas suivis. Par une chance inouïe, ils étaient seuls, et la brunette espérait que ce serait le cas jusqu'à ce qu'ils retournent dans leurs lits respectifs, comme si rien ne s'était passé.
A côté d'elle, Shobbian et Andrew, le souffle court, faisaient de même, et chacun regardait autour de lui, légèrement tendu. Mais force était de constater qu'ils étaient bel et bien seuls. Aussi, Billie se redressa lentement et repoussa ses cheveux en arrière, avant de s'approcher du boitier. Elle se tourna ensuite vers Andrew.

« - Tu peux t'en occuper ? » lui chuchota-t-elle.

Le jeune homme avait en effet étudié l'électronique sur l'Arche, heureusement pour eux, et il hocha la tête avant de se mettre à la tâche. Ses doigts agiles se posèrent sur le boîtier, cherchèrent dans les rainures du plastiques une résistance plus faible, et, quand ils la trouvèrent, Andrew tira d'un coup sec, laissant à nu des fils de toutes les couleurs entremêlés les uns aux autres. Le jeune homme pinça les lèvres, concentré, puis, avec une seule seconde d'hésitation, il désigna deux fils, l'un rouge, l'autre bleu.

« - Quand je vais tirer sur ces deux fils en même temps, ça coupera le courant. Je vous laisserai 3 minutes pour aller dans le bureau de Wallace, après quoi je rebrancherai les fils, sinon ils vont s'apercevoir de quelque chose. »

Le jeune homme les regarda, le plus sérieux du monde. Billie hocha la tête, les lèvres pincées. Puis, elle l'encouragea à débrancher les fils, tandis que Shobbian et Peter commençaient à se diriger au pas de course vers le bureau en question. Avec un dernier regard vers Andrew, la jolie brune hocha la tête, puis se mit à courir après les deux autres, en direction de l'antre de Wallace. Il fallait qu'ils trouvent des réponses.

La jeune femme en face de lui le regarda sans broncher, sans qu'aucune émotion ne passe sur son visage. Dans son esprit, la pensée fugace qu'elle parlait la même langue que lui l'intrigua un instant, mais, face à son absence de réponse par rapport au sort d'Adèle, le jeune homme se tendit et ne bougea pas du lit. Un mauvais pressentiment lui étreignait les tripes. Si elle ne voulait pas lui répondre, signifiait-il qu'Adèle avait des soucis ? On leur avait demandé de s'entre-tuer, et le survivant serait relâché. Pour la sauver, il s'était poignardé, mais il était encore en vie. Les Terriens considéraient-ils alors que le marché n'avait pas été respecté ? Pourtant, ils avaient tout fait pour, pesta-t-il intérieurement !

« - Je ne bougerais pas tant que vous ne me direz pas où se trouve mon amie. Nous avions un marché, l'un de nous devait mourir, l'autre serait relâché. Je me suis poignardé, mais à priori, vous m'avez soigné. Vous n'avez pas respecté le marché, alors dites-moi où se trouve Adèle ! »

Le rugissement de rage qu'il avait poussé à la fin fit presque trembler les murs, mais il ne se démonta, et ne bougea toujours pas quand la chemise qu'elle lui lança atterri à côté de lui sur le lit.

Cela faisait de longues minutes que la Terrienne était John parlaient, chuchotant et s'arrêtant à intervalles réguliers, ayant peur de se faire entendre si jamais un garde venait à passer. Chacun échangeait des infos à l'autre, John se tenant tout de même plus sur la défensive, mais apte à dialoguer si cela pouvait l'aider à s'enfuir. Ils en avaient finalement conclu qu'il fallait que l'un d'entre eux arrive à ramener un morceau de ferraille pour arriver à ouvrir les loquets, et qu'ensuite ils détaleraient lorsque l'un des gardes viendrait chercher une nouvelle victime : le plan était à la fois et complexe à exécuter, car ils n'auraient qu'un seul coche, et s'ils le rataient, ils pouvaient tous dire adieu à leur liberté. Certains des Terriens n'étaient pas d'accord, se souvenant avec amertume de la mort subite de 6 d'entre eux qui avaient tenté un plan similaire quelques mois plus tôt. Mais John les convainquit en leur livrant une information capitale : les siens se trouvaient parmi les hommes de la montagne,de nombreux étages plus haut, et si John arrivait à sortir, ils auraient l'avantage du nombre et de la surprise. Ainsi, le brun serait le seul à sortir de la salle, pour ne pas qu'une émeute se créée à l'extérieur, et il reviendrait les chercher. Enfin ça, c'est ce qu'il leur disait, car au fond de lui, il restait encore de la haine, du mépris envers ceux qui avaient fait de la vie des 100 un enfer.

« - On te fait confiance Skykru, si tu tiens parole, notre clan te vouera le respect. »

Dans ce cas, si tout se passait bien, d'ici moins d'un jour, John serait à l'extérieur de sa cage, auprès des siens. Mais une fois cela accomplit, que se passerait-il ?

Attentive, le second attendait que le brun daigne obéir, son regard bleu azur figé sur lui. Et lorsqu'il lui répondit, alors qu'elle se tenait prête à partir, sa main droite se crispa légèrement sur sa cuisse. Ainsi donc il se permettait de lui tenir tête, à moitié blessé, en position totalement inférieure à elle ? S'il n'était pas aussi important aux yeux de la Commandante, elle lui aurait tranché la gorge sans hésitation, n'estimant pas sa vie à la hauteur de son temps. Néanmoins elle se devait de l'amener sur la place à laquelle on l'attendait à l'extérieur, et en vie. La guerrière réitéra silencieux sa demande précédente en se déplacement lentement vers le lit, chevauchant Jack pour attraper la chemise posée à côté de lui. Elle déplia rapidement celle-ci et l'enfonça sur la tête du brun avant de se relever d'un coup, le toisant d'en haut.

« - Si tu veux revoir ton amie, tu as grand intérêt à me suivre, et rapidement »

Peter, Shobbian et Billie arrivèrent devant le bureau de Wallace, et, quand la brune posa sa main sur la poignée de la porte pour essayer de l'ouvrir, celle-ci céda, avec un petit déclic silencieux. Aussitôt, elle fit rentrer les deux autres et referma derrière eux. Bien, ils avaient exactement 2 minutes top chrono pour trouver un indice, quelque chose, quoi que ce soit, qui pourrait leur indiquer ce que les hommes de la montagne leur voulait, et pourquoi ils les gardaient enfermés.

« - Il faut faire vite, nous n'avons que deux minutes. » dit-elle en se mettant à fouiller le bureau de Wallace.

Elle retournait des cahiers, des feuilles, déplaçait des livres, des stylos. Elle ouvrait des tiroirs, les refermait, farfouillait partout où elle aurait pu trouver quelque chose. Mais il n'y avait rien, absolument rien.
De leur côté, Shobbian et Peter faisaient de même, veillant toutefois à bien replacer chaque objet à sa place initiale, mais leurs efforts étaient vains, et aucun des trois ne trouva quoi que ce soit. Jusqu'à ce que Billie, qui, le coeur battant la chamade, commençait à désespérer, tombe sur un rapport médical. Elle connaissait ce type de rapport, évidemment, sa mère étant docteur. En plissant les yeux, la jeune femme déchiffra dans la pénombre l'intitulé du rapport. « Essai Skykru N°1 ». La date du rapport indiquait celle du lendemain, et, en effet, la jeune femme réalisa que le rapport était en réalité un rapport type, avec des champs à remplir, pour le moment vide. Skykru, qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ??

« - Il faut qu'on y aille, Billie ! »

A côté de la porte, Shobbian la pressait de sortir, et, en effet, des pas se faisait entendre au loin. Ainsi, en imprimant le rapport dans sa mémoire, Billie le reposa à sa place, avant de sortir prestement et de refermer la porte derrière elle. Puis, les trois rejoignirent Andrew près du boîtier d'alimentation, avant de rentrer au dortoir, toujours au pas de course.
Tout s'était bien passé jusque là. Les pas qu'ils avaient entendu dans le couloir s'étaient éloignés, et ils étaient presque arrivés. Plus que les trois marches à descendre, puis les deux autres à monter, avant de rentrer dans le dortoir. Ils y étaient presque. Andrew, Shobbian et Peter passèrent la porte. Mais, dans sa précipitation, Billie rata une marche et tomba sur le sol, se rattrapant sur ses poignets. Le gauche se tordit douloureusement, un craquement sec retentit dans ses oreilles, et, avec un gémissement de douleur, la brune se redressa en vitesse, pour enfin se mettre à l'abris dans le dortoir, se tenant le poignet dans la main droite. Adossée contre la porte, Billie ferma les yeux en soufflant. Super. Elle venait de se casser le poignet. Elle était bonne pour aller à l'infirmerie.

Il fallait être honnête. Elle n'avait pas l'air commode. Du tout. En même temps, avec sa tenue, ses cicatrices de guerrière, son sabre, mais surtout, avec son regard meurtrier, n'importe qui aurait craint pour sa vie. Jack aurait dû craindre pour sa vie. Surtout quand on savait que les deux faisaient partie de deux peuples qui se haïssaient au plus haut point - allez savoir pourquoi, ou comment ils en étaient arrivés là.
Et pourtant, le jeune homme n'avait pas peur. Ou plutôt, il était passé au-dessus de ça. Pour sauver Adèle, il avait voulu en finir avec la vie. Enfin disons plutôt qu'il s'était sacrifié pour elle. Et, si le marché tenait toujours et qu'un d'eux avait à mourir pour que l'autre survive, alors il était prêt à recommencer, sans réfléchir une seule seconde. Alors ce n'était pas cette jeune femme guerrière, avec ses cicatrices tribales, qui allait l'effrayer.
Aussi, quand elle lui enfonça de force la chemise sur la tête, le jeune homme se débattit un instant, afin de l'enfiler correctement, puis, en lui lançant un regard noir, il la regarda s'éloigner quelque peu, avant qu'elle ne lui dise qu'Adèle était encore en vie. Enfin, s'il avait bien compris. Mais cela suffit à le faire sauter sur ses pieds, chose qu'il regretta dans la seconde, quand la douleur lui déchira littéralement le ventre. C'était comme si la lame pénétrait à nouveau dans sa chaire, et Jack se plia en deux, les mains sur sa blessure, pour tenter de stopper le feu douloureux. Mais il serra les dents. Il avait survécu à pire. A un feu dévastateur, par exemple, qui lui avait brûlé la moitié du visage. Aussi, la mâchoire crispée et la douleur au fond du regard, il se redressa lentement, avant de fixer ses prunelles brunes sur Shey.

« - Emmène moi voir Adèle. »

De nombreux étages en dessous de ses amis, John attendait sans broncher à l'intérieur de sa cage. Ils avaient fini par se mettre d'accord sur leur plan et maintenant, ils n'avaient plus rien à se dire. La seule chose qu'ils pouvaient faire, c'était attendre, attendre que l'un d'entre eux se fasse attraper, et qu'il ramène quelque chose pour les aider. Ou alors, qu'ils défoncent les cages. Mais cette option était risquée et pour cause, trop de bruit aurait pour conséquence d'alerter les gardes. Le brun soupira et se laissa aller dans ses pensées, légèrement fatigué malgré le longues heures de sommeil qu'il avait eu.
Le reste des 100 était-il au courant qu'il était encore en vie, après avoir été fait passer pour mort ? D'ailleurs, savaient-ils tout simplement qu'il était dans le Mounth Weather ? Car la dernière personne à qui il avait parlé était Billie, et celle-ci, après l'avoir retrouvé, devait finalement le croire à nouveau rongé par les vers. Elle avait donc sûrement gardé le silence, ne parlant de sa rencontre avec le brun à personne.
A vrai dire, il se voyait mal attendre encore de nombreuses heures, mais il repensa aux Terriens pour qui le temps devait sembler encore plus long, surtout pour ceux enfermés ici depuis longtemps. Quelles souffrances avaient-ils donc enduré durant tout ce temps, à la merci du docteur Tsing ?

Le second était tout sauf commode, cela était louable. A vrai dire, aucun de membres de son clan ne l'était. Ici, tout le monde agissait pour l'intérêt de la société en premier, quitte à y donner sa vie. C'était ainsi qu'ils vivaient sur Terre, ainsi qu'ils avaient appris à survivre. Et étrangement, ce jeune homme tombé du ciel semblait avoir au fond de lui les mêmes valeurs. Peut-être était-ce qui avait poussé la Commandante à croire à une potentielle alliance. Quoiqu'il en soit, la guerrière elle, n'y croyait pas, mais elle faisait aveuglément confiance à sa supérieur, à moins qu'elle ne détecte une mise en danger de leur tribu.
Lorsqu'il se leva finalement avec un peu trop de vigueur, la brune souffla doucement : elle n'allait finalement pas devoir utiliser la force pour le trainer à l'extérieur.

« - Dépêche-toi » siffla-t-elle seulement.

Elle n'attendit pas une seconde de plus et se dirigea rapidement à travers les longs couloirs, vérifiant seulement que le jeune homme la suivait bien. Dans quelques instants, ils seraient à l'extérieur, sur la Grand Place, ou se tenait la Commandante, majestueuse. Et à ses pieds, se trouvait Adèle, les poignets liés derrière le dos.

Mais elle ne souffla pas longtemps, et se dépêcha de rejoindre son lit. A peine avait-elle remis la couverture sur elle que les lumières s'allumèrent, comme chaque jour, à 7h30 tapantes. Les 100 grognèrent, mécontents de se faire réveiller si tôt, et, après avoir attendu quelques secondes, Billie fit mine de se réveiller, et, en voulant descendre de son lit, son pied rata un barreau, si bien qu'elle s'étala de tout son long sur le sol. Evidemment, tout ça n'était qu'une supercherie, car les deux gardes qu'on leur avait attribué avaient ouvert les portes du dortoir au moment même où la lumière s'était allumée, ils avaient donc vu la brune s'écrouler au sol sur son poignet. Mais c'est qu'elle s'était fait mal, quand même, à tomber comme ça, volontairement, sur son poignet déjà cassé ! Elle n'eut donc pas beaucoup d'efforts à faire pour se relever péniblement, des étoiles devant les yeux, et se diriger vers eux en titubant.

« - Il faut que j'aille à l'infirmerie, je crois que mon poignet est cassé ... »

Les deux gardes échangèrent un regard, et son ami de toujours, Jacob, l'entraîna vers l'infirmerie en posant sa main dans le creux de ses reins, comme il l'avait fait deux jours plus tôt. Un frisson parcourut la jeune femme, mais elle resta stoïque. Ils voulaient qu'il se rapproche d'elle. Elle le voyait venir, avec ses sourires charmeurs, ses gestes attentionnés. Mais jamais elle ne se laisserait approcher. D'abord, parce qu'on parlait tout de même de Billie. Et ensuite, tout simplement parce que, même si elle tentait de l'éloigner de ses pensées au maximum, John occupait toujours son esprit.
Ainsi, c'est en silence que Billie arriva à l'infirmerie, quelques minutes plus tard.

Elle lui laissa à peine le temps de souffler, et déjà, elle s'engouffrait dans les couloirs, vérifiant à peine qu'il suivait la cadence, derrière elle. Mais pour être honnête, Jack voulait revoir Adèle. Il voulait s'assurer qu'elle allait bien, qu'elle était en vie, et, surtout, qu'ils allaient assurer leur part du marché. Car si ces gens étaient des sauvages endurcis par un siècle de vie à la dure sur une Terre irradiée et hostile, peut-être avaient-ils néanmoins un soupçon d'honneur. Ou en tout cas, l'espérait-il. A vrai dire, il n'avait pas réfléchi une seule seconde à ce qu'il ferait si jamais ces sauvages avaient tué Adèle. Comment réagirait-il ? C'est bien simple, son esprit disjoncterait, certainement. Depuis qu'ils étaient arrivés ici, ils en avaient vécu, des traumatismes. De cataclysmes. Et pourtant, ils s'en étaient toujours remis. Mais là, dans l'antre même de l'ennemi, comment pourraient-ils s'en sortir ? Il ne le savait pas. Et ce n'est certainement pas en débouchant sur la Grand Place, entourés de centaines de Terriens tous plus hostiles les uns que les autres, avec la Commandante en son centre, majestueuse et effrayante à la fois, qu'il allait trouver la réponse.
Cependant, malgré le fait que la chef des Terriens accapare l'attention par sa prestance, le regard de Jack tomba très rapidement sur la maigre silhouette recroquevillée à ses pieds, ligotée. Sans réfléchir, le jeune homme dépassa alors son geôlier pour courir vers Adèle. Ses mains se posèrent sur son dos, cherchant le contact avec elle le plus vite possible, et il se laissa tomber à côté d'elle, tandis que sa main droite remonta vers son menton pour lui redresser la tête et pouvoir la regarder dans les yeux.

« - Adèle, tu es là ... »

Alors que tous commençaient à s'endormir lentement, fatigués par les traitements qui leur étaient administrés, la lourde porte s'ouvrit brusquement. John fut tenté de relever rapidement la tête mais ne bougea pas d'un poil, ouvrant légèrement un œil pour surveiller ce qu'il se passait. Pourquoi les gardes entraient-ils ici si tôt ? La Terrienne lui aurait-elle donc mentit malgré ses promesses ?

« - Celle-là, on en a besoin tout de suite »

Ces quelques mots pourtant prononcés bas résonnèrent dans la tête du brun : ils ne venaient donc pas pour lui, du moins pas maintenant. Mais alors qu'il souleva doucement les paupières pour observait de qui il s'agissait, le brun crissa des dents : et merde, ils étaient en train d'ouvrir la cage de la Terrienne en question, celle de qui il avait besoin par dessus tout, car elle était le seul réel appui qu'il avait. Mais que pouvait-il faire pour l'aider ? Rien, car attirer l'attention sur lui l'amènerait directement à la mort. Mais la laisser partir aussi, car elle semblait suffisamment faible pour qu'une saignée l'achève. Alors qu'il commençait sérieusement à s'inquiéter, à plusieurs mètres de lui, un Terrien s'agita brusquement dans sa cage, hurlant comme s'il était possédé. Les deux gardes s'arrêtèrent quelques instants avant de refermer le loquet de la cage de la blonde, avant de se diriger vers l'autre.

« - Celui-là me semble bien plus en forme, et s'il continue à brasser ça risque de mal tourner, on le prend. »

Et c'est ainsi que sans plus de discussion, la porte se referma dans un claquement sinistre. L'un des Terriens s'était sacrifié pour la cause de ses compagnons.

Dès qu'elle eut expliqué son problème, Billie fut assise sur un lit, tenant toujours son poignet dans sa main droite, et l'infirmière s'éloigna pour aller chercher ce dont elle avait besoin. Jacob était resté à l'extérieur, et le regard de la jeune femme se promena autour d'elle.Il y avait d'autres lits, dont un qui était occupé par un homme, le visage brûlé. Des tuyaux sortaient de ses avants bras, et, en les suivant du regard, Billie remarqua que les tuyaux, qui couraient contre le mur, disparaissaient, au bout de la pièce, dans une sorte de bouche d'aération. Intriguée, elle revint vers l'homme, et comprit qu'on lui faisait une transfusion. Elle voyait en effet le sang qui sortait, puis entrait en lui, grâce à ces tuyaux, qui menaient elle ne savait où.
Mais des bruits de pas retentirent, et elle se désintéressa de l'homme. L'infirmière revenait, chargée de glaces et d'une atèle.

« - Bien, tu vas t'allonger sur le lit et poser ton bras sur le matelas. Je vais te mettre de la glace dessus et te donner de quoi calmer la douleur. Quand ça ira un peu mieux, tu pourras mettre l'atèle et retourner avec tes amis. »

En hochant la tête docilement, Billie se laissa faire, mais, quand l'infirmière s'éloigna de nouveau, la brune se redressa sur un coude, vérifiant que la voie était libre. Son coeur battait la chamade. Que se cachait-il derrière cette bouche d'aération ? Qu'allait-elle découvrir ? Sans plus attendre, elle se redressa totalement, enfila l'atèle, qui vint soutenir son poignet agréablement, et elle se dirigea à pas feutrés vers le fond de la salle. En s'accroupissant, elle jeta un regard par-dessus son épaule, mais elle était seule. Alors, sans plus réfléchir, elle se glissa dans le trou, et s'enfonça dans le conduit.

Ligotée, la brunette attendait depuis longtemps à l'extérieur, le front plissé à cause du soleil qui lui tapait sur le crâne. A vrai dire, elle était ici depuis longtemps, à moitié avachie aux pieds de la commandante telle une esclave de pacotille. Elle avait été réveillée le matin même par des gardes qui lui avaient immédiatement lié les mains, et harassée par la fatigue ambiante, elle n'avait d'autre choix que de se laisser trainer sans poser de questions. Elle se trouvait donc ici depuis l'aube, dans l'attente d'elle ne savait quoi.
Et alors qu'elle commençait légèrement à désespérer, la tête enfoncée dans ses genoux dans une position inconfortable, la brune sentit deux mains se poser sur son dos, ce qui la fit instantanément frémir, s'attendant au pire. Mais l'une de ses mains glissa lentement pour relever sa tête, et elle découvrit alors un visage familier, en même temps qu'une voix qui l'était aussi : Jack. Mais avant qu'elle n'ait eu le temps de lui répondre, une main pourtant plutôt fine attrapa le brun, le faisant reculer d'un coup sec. Le second avait rapidement rattrapé Jack, l'éloignant d'Adèle avec force.

« - Tu ne bouges pas »

Les mots sortirent de sa bouche comme le sifflement d'un serpent en colère, et la brune aux yeux bleus maintenait la pression sur l'épaule du brun, lui faisant comprendre qu'il avait intérêt à respecter son ordre s'il voulait rester en un seul morceau.
En face d'eux, la Commandante se leva, et commença à s'adresser à l'audience qui se trouvait autour d'elle dans sa langue natale. Puis elle se tourna finalement vers Jack et son second, le regard confiant.

« - Jack du Skykru, tu as pris hier soir une décision qui a confirmé la confiance que j'ai placé en vous lorsque j'ai décidé de vous recevoir ici. Tes valeurs sont proches des nôtres, car tu as su te sacrifier pour sauver ce que tu considères comme le reste de ton peuple. Seulement maintenant, si tu veux que ton peuple puisse s'allier à notre clan, il va falloir que tu sois encore plus intransigeant avec toi même, et que tu nous montres que tu es capable d'un plus grand sacrifice pour sauver ta cause. »

Et sans prononcer un mot de plus, la Commandante jeta à nouveau à terre le même poignard dont il s'était servi hier soir, et désigna lentement du coin de la tête, la brune qui se tenait à ses pieds. Sans savoir prononcé un mot de plus, elle venait de faire comprendre à tous quelle était son intention.

Alors que John et les autres attendaient dans la grande salle remplie de cages, le Terrien lui, fut trainé quelques couloirs plus loin et jeté dans une pièce sombre. Les deux gardes soupirèrent en voyant l'homme s'écrouler à Terre et se dirigèrent vers une table ou était allongé un autre corps qui fut secoué par quelques sobres-sauts avant de s'éteindre définitivement, sans vie. Ils l'attrapèrent et le jetèrent sans aucun remords sur le sol, avant d'attraper l'autre Terrien qui avait fermé les yeux, ne préférant pas savoir à l'avance ce qui allait lui arriver. Il fut donc posé sur la table et ne se débattit même pas, laissant une infirmière planter sans aucun soin une aiguille à l'intérieur de sa veine fémorale, en plein milieu de sa cuisse. Le sang se dirigea rapidement à travers les tuyaux et s'enfuit à travers de petits conduits qui menaient directement à l'infirmerie. Quelques instants plus tard, le Terrien était seul dans la pièce. Sans compter le cadavre qui gisait à ses pieds.