On the Ground

Alors que Jack se laissa lentement tomber contre le mur, Adèle, elle, resta debout, le regard braqué sur l'arme. « Je ne vais pas toucher à ce coûteau ». C'était ce qu'il avait dit, tout simplement. Il n'allait pas y toucher. Il n'y toucherait pas. Il ne devait pas y toucher. Et elle, qu'était-elle sensée faire ? Car si cette ne la transperçait pas d'ici l'aube, ou si elle ne s'en servait pas pour tuer Jack, ils finiraient tous les deux en pâture, jetés parmi les Terriens en colère.
La jeune femme finit par secouer et s'éloigna du couteau, se rapprochant du mur contre lequel Jack s'était laissé tombé, et s'aida de celui-ci pour s'assoir à côté du brun. Elle prit le temps de laisser le silence s'installer avant de se tourner vers Jack, le regard inquiet.

« - Qu'est-ce qu'on est sensés faire ? »

Simple question à laquelle il n'y avait aucune bonne réponse. Aucune. Ellle ne voulait pas mourir et surtout, elle ne voulait pas le tuer. Et pourtant, ces deux choix les mèneraient sinistrement vers leur mort.
Alors, la jeune se remit à penser à des choses auxquelles elle s'était promise de ne pas penser. Qu'allait-donc regretter ? Et immédiatement, elle secoua la tête, s'interdisant d'y repenser. Mais au fond, qu'y a-t-il de plus naturel que de penser à vos dernières volontés alors que la mort approche ? Rien, tout bonnement, rien. Et pourtant, elle refusait de s'y abandonner, elle ne devait pas y penser. Ne pas y penser. Ne pas y penser.

Si aucun des deux ne tuait l'autre, ils mourraient tous les deux. Alors, évidemment, la réponse naturelle à ce problème était que l'un des deux devais se sacrifier pour que l'autre survivre. C'était c qui, tout de suite, était venu à l'esprit du jeune homme. Oh, il n'avait pas plus que ça envie de mourir. Il avait encore envie d'un tas de choses. Parmi les premières, il y avait retrouver les autres, pour commencer. Mais, plus réaliste, embrasser Adèle, ça serait bien aussi. Et, plus sentimental, vor l'océan. Mais aussi tout un tas de petites choses idiotes dont faire la liste entière serait trop longue. Mais surtout, il avait envie qu'Adèle puisse survivre et pouvoir cocher chaque ligne de la liste de toutes les choses qu'elle avait envie de faire avant de mourir.

Alors, même s'il n'était pas suicidaire et s'il avait plus que tout envie de vivre, la réponse naturelle qui vint à Jack fut de lui demander d'aller chercher le couteau pour le tuer. Mais, évidemment, il ne dit rien. L'instinct de survie, probablement, car il ne doutait pas que la jeune femme en soit capable. C'était la meilleure solution possible et s'il lui donnait le feu vert, elle en serait capable. Elle était forte et savait réfléchir et analyser toutes les solutions possibles pour prendre la meilleure décision.

Mais il se contenta de hausser les épaules.

« - Soit l'un de nous deux meurt, soit nous mourons tous les deux ... Je crois que c'est ça le deal. » Son ton était étrangement las, comme s'il baissait les bras après s'être tant battu. Evidemment, ce n'était pas le cas. Il tentait juste de faire le vide dans son esprit avant de lui demander de faire ce qu'elle aurait du mal à faire, mais qui la sauverait.

« - Il s'est passé quelque chose ? »

Qu'y avait-il à répondre à ça ? Bien sur qu'il s'était passé quelque chose ... Mais rien de concret. Enfin rien qui puisse réellement appuyer leurs faits. Tout n'était que doute et flou, en fin de compte. Ils nageaient dans un océan de suppositions, et leurs opposant leur maintenaient la tête sous l'eau pour leur empêcher de comprendre leurs réelles intentions.
Alors, que fallait-il répondre à Marty pour qu'il les croient et surtout, qu'il accepte de les aider ? Shobbian releva la tête, désolée d'avance si elle faisait remonter des mauvais souvenirs a Billie, quoique celle-ci avait l'air de bien se porter. Ou peut-être était-ce juste un façade, une carapace pour se protéger ?

« - Ils détenaient John. Ils l'avaient séquestré dans une chambre, et Billie l'a retrouvé par hasard, pourtant cela n'avait pas l'air d'être prévu dans leur programme ... Ils ont sûrement voulu le cacher pour qu'il ne soit pas à l'origine d'une quelconque rébellion si jamais il s’apercevait que rien ne tournait rond ici. Mais Billie l'a retrouvé, et ça n'a fait que confirmer les doutes qu'elle avait ... Sauf que ... John est mort maintenant. »

Une fois son petit speech terminé, la blonde garda le silence, jetant un léger coup d'oeil à Billie, puis relevant le regard vers Marty. Quelle réaction allait-il avoir, une fois qu'il aurait appris tout cela ? Une fois qu'il serait au courant que leur chef avait survécu, avait été séquestré, puis finalement était simplement mort ? Allait-il, comme elle, tourner toute sa confiance vers Billie ?

Comme les autres s'y attendaient, ce ne fut pas Billie qui expliqua les faits à Marty, car évoquer la mort de Joen une secondes fois en si peu de temps était certainement trop pour les nersf de la jeune femme. Et pourtant, elle ne tiqua pas quand Shobbian raconta ce qui s'était passé à Marty. Elle ne bougea pas, ne cilla pas, ne respira pas. Son coeur rata un battement, mais personne ne vit rien. Marty, qui tomba des nues, allait et venait entre les deux filles, aussi surpris par la nouvelle qu'il venait d'entendre que par l'absence totale de réaction de Billie.

LAquelle, après que Shobbian eut terminé, se pencha en avant pour leur confier quelque chose qu'elle n'avait pas encore évoqué. Les marques de piqûres, trop nombreuses, sur les bras de leur ancien chef. Elle était certaine que cela n'était pas normal, et, en tant qu'infirmière, elle savait que c'était louche. ELle ne prétendait pas savoir pourquoi on avait fait tant de piqûres à John et dans quel but, mais ce n'était pas normal, et ce n'était pas les traitements habituels d'un tel patient.

« - Il y a autre chose aussi. John avait des marques de piq$ures sur les bras. Je ne sais pas ce qu'on lui as injecté ou ce qu'on lui a prélevé, mais une chose sest sûre, ce n'est pas normal de piquer autant de fois. »

Elle les regarda, et Marty se tortilla sur le lit, légèrement mal à l'aise, mais en train de réfléchir. Oui, apeès tut, quand on ajoutait tous les événements bout à bout, c'était louche .. Assez pour qu'il renonce au petit confort qu'on lui offrait ici, et surtout à la sérénité, pour plonger à nouveau dans l'angoisse et le stress ? LE garçon flegmatique en lui soupira, mais celui, sensé, opina du bonnet. Il la croyait. S'il était encore en vie en cet instant, c'était en partie grâce à elle, alors il la suivrait.

« - Et tu n'as aucune idée de ce pourquoi ils auraient pu faire ça ?

Face au ton légèrement las de Jack, Adèle fut légèrement déstabilisée. Pourquoi semblait-il si blasé ? Ainsi, pour lui, mourir n'était qu'un simple deal ? Une petite chose simple à faire ? Une boutade à accomplir ?
Se tuer, être tué, ou tuer l'autre. Telles étaient leurs issues, désormais. Ils n'avaient plus le choix, c'était pourtant bien simple. Alors, que fallait-il faire ? Qu'y avait-il de mieux à faire ? Ne pouvaient-ils plus simplement survivre tous les deux, et aller mener la guerre contre ceux qui avaient enlevés le reste des 100 ? Non. L'issue était simple, et cette pièce en suintait : la mort. Mais qui ressortirait de cette pièce vivant ? Lui, elle, aucun des deux ? Au fond, ils avaient du temps pour décider ... Enfin du temps, c'était beaucoup dire, l'aube approcherait sûrement très vite.
La brunette se tourna alors rapidement vers Jack, attrapant doucement son menton entre ses doigts pour ne pas blesser son visage défiguré, et afin qu'il tourne la tête vers elle.

« - Je ne veux pas. »

Quatre simples mots, qui pourtant ne voulaient rien, et tout dire à la fois. Qu'est-ce qu'elle ne voulait pas ? Mourir, le tuer, survivre ? Elle ne voulait rien, elle ne voulait plus rien, rien du tout si ce n'est profiter des quelques heures qui lui restaient à vivre.
Elle ne voulait rien, plus rien, elle ne pensait même plus à toutes ces choses qu'elle avait de faire, de dire, d'accomplir. Elle ne voulait plus rien, elle voulait rester ici, simplement assise contre ce mur qui avait du être souillé par le sang de nombreuses personnes avant eux.
Elle ne voulait rien, plus rien. Non, plus rien.

Pourquoi ? Et oui, pourquoi ? Telle était la question. Pourquoi avaient-ils fait cela ? Quel était leur but ? Que prévoyaient donc les hommes de la montagne de faire ? Voyaient-ils une menace en eux ? Et si oui, alors pourquoi les avaient-ils amenés ici ?
C'est en se posant cette question qu'Andrew tiqua. Mais oui, s'ils voyaient une menace parmi les 100, alors pourquoi les avoir amenés ici ? Le brun passa ses mains sur son visage plusieurs fois, lâchant un rire nerveux, qui attira l'attention de ses camarades.

« - Ils ont besoin de nous ! Voilà pourquoi on est là ! Je ne sais pas pourquoi, mais ils ont besoin de nous. Ils ont peur de nous, et pourtant, on est tous ici. Pourquoi nous avoir amenés chez eux s'ils ont peur de nous ? Parce qu'ils ont besoin de nous ! »

Le jeune homme répéta plusieurs fois cette même phrase à lui même, chuchotant, comme si l'entendre lui permettrait de comprendre. Car il avait répondu à une question et pourtant, derrière celle-ci s'en cachait une nouvelle, toujours armée du même mot. Pourquoi ? Pourquoi avaient-ils besoin d'eux. C'était sans fin, tout simplement.
Shobbian de son côté, réfléchissait à la réponse d'Andrew, comme, probablement, chacun des jeunes. La blonde soupira doucement. Billie avait évoqué des marques de piqures sur les bras de John. Testaient-ils un traitement sur eux ?

Jack essayait de faire le vide en lui pour lui demander de le tuer, au moment même où Adèle sapprochait de lui pour venir poser une main délicate sur sa joue, en prenant soin de ne pas trop toucher sa joue blessété. Puis "je ne vzux pas." Seulement lui non plus ne voulait pas. Il ne voulait pas qu elle meure. Alors la réponse la plus simple et la seule solution à ce problème, c'était que lui devait mourir.

Alors il secoua doucement la tête. Elle e voulait pas mais il le fallait pourtant.

- On a pas le choix Adèle.

C'était la seule solution possible et si elle réfléchissait, elle finirait par admettre qu'il avait raison.

Billie haussa les épaules, ey le silence s'installa pendant quelques instants sur le petit grohpe, avant qu'Andrew ne se réveille brusquement, réveillant les autres par la même occasion.
Ils ont besoin de nous. Evidzmment. Ça tombaiy sois le sens, maintenant qu'il le disait.

Mais pourquoi avaient ils besoin d'eux ? Une question de résolue, mais une autre à résoudre ... Le mystère ne prendrait don jamais fin ?
Mais alors, une idée germa dans l'esprit de la jeune femme. Les piqûres ... Le fait qu'ils aient besoin d'eux ...

- Ils devaient tester des choses sur john. Mais quoi ? ...

« - On a pas le choix. »

Non, ils n'avaient pas le choix. Désormais, ils n'avaient plus aucun choix. Il ne leur restait que quelques heures à vivre, et elle avait le sentiment qu'ils allaient les passer à se morfondre sur eux même, refusant de se tuer l'un et l'autre. Ils allaient se jeter la pierre chacun leur tour, refusant s'abattre l'autre et surtout, refusant de tout laisser tomber. Enfin, pour sa part, Adèle refusait tout simplement de laisser tomber. Elle ne voulait pas, elle ne pouvait pas. Et par dessous tout, elle ne le devait pas.
À seulement quelques mètres d'eux, posé simplement sur le sol, reposait le couteau, lame tournée vers eux, comme s'il les narguait. Qui allait donc empoigner l'arme pour tuer l'autre ? Elle ? Lui ? Aucun des deux ? Aucune des solutions ne semblait satisfaire aucun des deux, ce qui, à vrai dire, semblait plus que légitime. Qui donc pourrait aisément décider de tuer la personne avec qui il ou elle a partagé le plus de moments, difficiles comme intimes, au cours des derniers mois ?
La jeune femme, dont le regard s'était baissé durant quelques instants, releva la tête vers le brun, les lèvres pincées. Si elle rêvait de faire encore des milliards de choses, le brun le devait aussi. Alors comment pouvait-elle seulement se permettre d'être cupide et de penser seulement à elle alors que lui aussi avait tant de choses à réaliser ? N'y avait-il donc aucun avenir, pour eux deux ?
Adèle avait l'impression que son monde s'effondrait constamment, et pourtant, jusqu'à maintenant, elle avait su rester de marbre, enfin plus ou moins. Mais la, c'était de trop. Pourquoi fallait que tout ce qu'elle entreprenait n'avait jamais de fin heureuse ? C'était pareil pour tout le monde ici, à chaque soucis réglé une nouvelle peine apparaissait, encore plus violente et dévastatrice que la précédente. Sauf que cette fois, l'enjeu, qui était leur vie, semblait plus proche que jamais d'être perdu pour eux. Et elle refusait de l'admettre. Si jamais ils sortaient d'ici vivants, elle ferait tout pour assouvir sa vengeance, même si cela allait prendre du temps, même si elle devait garder le secret, même si cela allait la hanter jusqu'à la fin de sa courte vie, elle se vengerai. Et ce n'était pas juste une promesse, juste un rêve qu'on compte réaliser, c'était un futur qu'elle se devait d'accomplir. Encore fallait-il réussir à s'en tirer en vie, mais jusqu'à son dernier souffle, elle ne baisserait plus les bras.

« - Il y a toujours le choix, Jack. Toujours. »

Parfois, mentir était nécessaire. Car dans certaines situations, le choix devient tellement réduit qu'il n'en est plus un, et qu'il revient finalement à une simple décision dont la personne qui doit le réaliser n'en est plus l'auteur.
La main d'Adèle, toujours simplement posée sur le visage du jeune homme, attira lentement celui-ci vers le sien, tandis que de son côté, elle se dévissait la tête pour arriver à lui faire face un minimum. Et après un léger sourire, mi gêné et compatissant, les lèvres de la jeune femme capturèrent celles de Jack.

Bien sûr, ils avaient dû rester quelque chose sur John, mais quoi, comme l'avait si bien dit Billie, quoi ? Loin de se douter que les hommes de la montagne avaient en réalité besoin du sang des 100, les jeunes faisaient fausse route en se demandant ce qu'ils auraient pu injecter à leur ancien chef. D'ailleurs, peut être était-ce à cause de cela que celui-ci avait fait une crise cardiaque ? Raison de plus pour les soupçonner ... Décidément, tout s'accumulait contre eux, mais ils n'avaient pourtant aucune preuve concrète.

« - On trouvera certainement réponse à nos questions dans le bureau de Wallace » finit par lâcher Andrew, interrompant les pensées de Shobbian.

Oui, si jamais ils arrivaient à y entrer, ils trouveraient sûrement des indices, une indication, un endroit dans lequel ils trouveraient leurs réponses tant attendues. Mais qu'allaient donc trouver la bas ?
Shobbian hocha doucement la tête, avant de froncer légèrement les sourcils, regardant tour à tour ses camarades. Une nouvelle question venait d'émerger de son esprit, une question qui était probablement un élément clef de la résolution à une grande partie de leurs problèmes. Car si le peuple du Month Weather avait peur des 100, qu'en était-il des sauvages ?

« - Vous pensez que les Terriens sont au courant qu'il existe un peuple entier caché dans cette montagne ? Je veux dire, aucun d'eux n'en a parlé, mais si ça se trouve, ils sont dans la même merde que nous. »

Les hommes de la montagne avaient ils toujours été au courant que les 100 étaient sur Terre, depuis leur arrivée ? Les surveillaient-ils depuis le début ? Et qu'en était-il des Terriens, ce peuple guerrier qui les avait directement attaqués ? Avaient-il déjà montré une quelconque résistance ou voire pire, une coopération avec le peuple de Month Weather ?

Pour l'homme, le choix avait toujours été un grande questions philosophique. Sommes-nous vraiment maîtres de nos choix ? Ou bien une entité divine nous poussait-elle dans telle ou telle décision ? Tout était-il déjà joué d'avance et écrit depuis des lustres et sur jusqu'à l'éternité ? Dans quelle mesure l'être humain était-il maître de son destin et de ses décisions ?
Alors évidemment, il y en avait toujours un pour sortir la fameuse « On a toujours le choix. » Ce qui, techniquement, n'était pas totalement faux. Seulement, quand aucune des options n'était favorable, alors on pouvait, par réduction, bien affirmer que non, malheureusement, on n'a pas toujours le choix. Et c'est ce qui se passait pour Jack et Adèle en ce moment même. Actuellement, trois choix s'offraient à eux. Ne rien faire, et mourir tous les deux à l'aube. Décider de tuer l'autre et s'en sortir, avec un peu de chance. Décider de mourir pour sauver l'autre, avec un peu de chance.

Quand on y réfléchissait bien, cela faisait beaucoup de chance. Mais surtout, aucun des trois choix n'était réellement envisageable, mais deux en particuliers plus que le dernier. Tuer l'autre n'était clairement pas envisagé par aucun des deux, car les deux jeunes gens avaient tissé des liens pllus forts qu'avec n'importe quel autre jeune criminel des 100. Mais refuser de mourir aussi bien l'un que l'autre les mènerait tous deux à leur mort. Alors, le "choix" le plus raisonnable qui s'imposait était de se sacrifier.

C'était tout du moins la manière dont Jack résonnait, et, malgré les paroles de la brune, le jeune homme secoua doucement la tête en la regardant, s'apprétant à lui répondre, quand elle s'approcha doucement, presque gênée, pour venir l'embrasser. A peine surpris, mais non moins satisfait que l'un de ses derniers souhaits se réalise si tôt, Jack se tourna vers elle en posant une main sur sa joue, l'embrassant avec plus de passion qu'elle ne l'avait fait. La passion du condamné, peut-être. Car il ne voulait pas qu'elle meure, et si, pour cela, le prix à payer était sa vie, alors il paierait. Une vie pour une vie. Le sang par le sang. Sa vie contre celle d'Adèle. Il avait choisi.

Ainsi, après quelques secondes d'étreinte, le jeune homme s'éloigna de la brune, posant son front contre le sien. Les yeux clos, il inspira profondément, l'esprit étrangement vide et calme. Puis, il répondit enfin d'une voix posée et parfaitement neutre.

« - Toi-même ne crois pas à ce mensonge ... Mais j'ai choisi, et tu ne me feras pas changer d'avis. C'est la meilleure solution et tu le sais aussi bien que moi. Tu dois juste l'accepter. On ne gagnera pas tous les deux, cette fois. Mais tu vas continuer et tu vas retrouver les autres parce que je sais que tu as tout ce qu'il faut pour le faire. Crois-moi. »

Il ouvrit enfin les yeux et se retrouva à la fixer, prunelles contre prunelles, et un doux sourire étira ses lèvres, qui se plièrent en une ligne distordue à cause de sa balâfre.

« - Attrape le couteau. »

Tout comme dans la tête de ses camarades, les pensées se bousculaient dans celle de Billie. Elles s'entrechoquaient, se bousculaient, mais aucune réponse ne venait éclairer les trop nombreuses questions qui arrivaient les unes après les autres. C'était bien simple, si jamais un seblant de réponse apparaissait, deux autres questions lui faisait place, et le mystère grandissait d'autant plus et de manière exponentielle.

Ainsi, Billie avait l'impression de n'avancer à rien, et que jamais ils ne réussiraient à éclaircir le mystère qui grossissait à mesure que les minutes défilaient. Mais la jeune femme éreintée ne laissait pas la fatigue avoir d'elle, et, malgré ses paupières lourdes de sommeil et ses membres douloureux de fatigue, elle continuait de penser, penser et penser. Mais c'est bien simple, les idées couraient dans son esprit, s'imbriquaient, s'assemblaient, et quand un semblant de réponses venaient inconsciemment se former dans l'esprit de la jeune femme, une autre idée venait percuter le tout nouveau édifice qui se construisait difficilement, et tout repartait de zéro.

« - Bon, il faudrait ne pas perdre de temps si l'on veut s'introduire dans le bureau de Wallace le plus rapidement possible. Et pour ça, il faut absolument que j'ai accès à la salle de commande pour pouvoir désactiver les caméras de surveillance et le système de fermeture du bureau de Wallace si jamais il est commandé électriquement. Et si jamais ce n'est vraiment pas possible d'entrer dans la salle de commande, peut-être qu'il est possible d'accéder aux commandes et aux données au niveau d'un raccord de connexion, quelque part ailleurs, moins surveillé ? »

MArty coupa Billie dans son élan, et, en regardant ses autres compagnons, la jeune femme haussa les épaules. L'électronique et elle, ça avait toujours fait 24, et elle ne pourrait malheureusement pas leur être utile sur cet aspect de leur mission à haut risque. Mais juste après, ce fut Shobbian qui intervint, et une étincelle s'alluma alors dans l'esprit de la brune, qui se redressa brusquement. Les Terriens. Les hommes de la montagne. Les 100. Trois peuples, dont deux qui vivaient à l'extérieur, et un qui n'était jamais sorti depuis une centaine d'années. Deux des trois vivaient là-haut, sur la terre, où des radiations courraient depuis la catastrophe nucléaire. Le dernier n'avait pas posé un orteil là_haut depuis l'Apocalypse et se terrait sous terre depuis cent ans, là où les radiations ne pouvaient pas se propager.

Maintenant qu'elle y repensait, Billie se souvenait de la peur dans le regard du garde qui l'avait empêchée d'appuyer sur le levier qui aurait ouvert l'énorme bunker. Qui aurait laissé les radiations se déverser dans la montagne. Il avait menacé de la tuer pour l'empêcher de faire ça. Il en va de notre survie à tous, avait-il dit. C'était donc ça ?

« - Je crois que je sais pourquoi ils ont besoin de nous. Je ne sais pas comment ils compte s'y prendre, mais ... Ils ont besoin de nous parce que nous résistons aux radiations, et pas eux. Et il y a fort à parier que c'est la même chose pour les Terriens. »

Ainsi, peut-être pourraient-ils s'allier s'ils en avaient l'occasion.

Le brun répondit plus fougueusement au simple baiser de la jeune femme, passant à son tour sa main sur sa joue qui elle, contrairement à la sienne, n'était pas brûlée et déformée par l'ancien passage des flammes. L'échange ne dura pourtant pas bien longtemps, Jack y mettant fin quelques instants plus tard, restant tout de même proche de la brunette, son front collé contre le sien.
Et après quelques secondes de silence, il prit enfin la parole, la confrontant une fois de plus à leur réalité. Il disait avoir pris son choix, et ne pas vouloir changer d'avis, mais si elle avait aussi choisit le sien ? Pourquoi devrait-elle donc respecter sa volonté à lui, et non la sienne ? Car au fond, ils désiraient la même chose, non seulement pour eux deux, et c'était de survivre, mais ils désiraient aussi, que l'autre puisse profiter encore un peu du temps qu'il lui restait à vivre.
Alors pourquoi la décision de Jack aurait-elle plus de poids face à la sienne ? Ils étaient pourtant à égalité, assis sur ce sol miteux, leurs visages quasiment collés. Peut-être de son côté, pensait-il que se sacifier était une décision difficile, mais avait-il aussi pensé à elle ? Elle qui devait selon ses souhaits, planter l'arme dans sa poitrine, le regarder se vider de son sang sans rien pouvoir faire, et pleurer sur son cadavre ? Cela était-il seulement envisageable ? Non, Adèle se sentait forte, mais pas suffisamment pour cela.

« - Attrape le couteau. »

C'était un ordre, et pourtant, il le lui avait dit doucement, presque comme s'il s’agissait d'une banalité. Attraper le couteau, c'était tout ce qu'elle avait à faire. Se retourner, le prendre entre ses mains et sans hésiter, le transpercer ?
La brune le regarda quelques instants, interdite, avant de détourner son visage du sien, fixant finalement l'arme des yeux. Elle se plia alors en deux pour basculer en avant, pouvant sur sa jambe valide pour finir à quatre pattes, faisant dos à Jack. Et là, à seulement quelques centimètres de ses fins doigts, reposait l'arme. Ses mains tremblèrent légèrement, et l'empoigna, avant de se laisser basculer sur le côté, puis sur le dos. La jeune femme resta ainsi, allongée sur le sol poussiéreux, ses bras levés au dessus d'elle, tenant le couteau entre ses mains.

« - Si je te tue, je meurs avec toi. »

Elle l'avait regardé pendant quelques secondes, avant de lentement aller chercher l'arme, qui se trouvait à quelques mètres d'eux, mais qui pourtant paraissait si loin pour la jeune femme handicapée par sa jambe blessée. Durant un bref instant, une cendre de son ancienne culpabitilité par rappor à cet blessure refit surface, mais il serra les dents en secouant la tête, se rappelant que si Adèle était aujourdh'ui infirme, c'était à cause de la Commandante, pas à cause de lui.

Mais déjà, Adèle murmurait quelques mots, et le jeune homme secoua vivement la tête en l'entendant. Non, il ne fallait pas qu'elle pense comme ça, qu'elle raisonne de cette manière. Evidemment, il se mettait à sa place. Jamais il ne la tuerait pour pouvoir survivre, et ce, même si elle le lui demandait. Le poids des remors et de la culpabilité serait trop lourd à porter, même pour ses larges épaules, et surtout, continuer de vivre sans elle dans ce monde si hostile lui paraissait impossible. Cela faisait très romantique à l'eau de rose quand on y pensait bien, mais, étonnament, c'était ce que pensait Jack. Et pourtant, il fallait qu'il réussisse à convaincre Adèle de le tuer pour pouvoir sauver tous les autres, mais aussi et surtout, pour pouvoir réussir à la sauver, elle.

« - Tu es forte. Tu surmonteras ça. »

Il se décrocha alors du mur pour s'approcher de la brune, et, s'asseyant sur le sol terreux à côté d'elle, il se pencha vers elle, qui était allongée par terre, ses cheveux bruns venant frotter la poussièrs, la pière, les gravats et l'herbe séchée qui salissait le sol. Il posa ensuite ses mains sur celles de la jeune femme, qui enserraient le manche de l'arme blanche, et il lui sourit. Il l'aiderait.

Un raccord de connexion ... Shobbian avait beau réfléchir, elle ne voyait rien. Enfin, elle n'avait pas non plus eu le temps d'aller se balader dans tous les couloirs pour aller vérifier ça, donc actuellement, elle ne pouvait pas vraiment répondre à la question de Marty. Et il en était de même pour Andrew et Peter, voire pire, puisqu'eux n'avaient fait que des allers retours entre le réfectoire, les douches et le dortoir. Mais il devait forcément y avoir un endroit plus accessible que la salle de commandes, car celle-ci devait être hautement surveillée, et les allers retours de ceux qui y travaillaient devaient sûrement s'apparenter à des abeilles autour d'une ruche. Impossible donc, d'accéder directement aux commandes. Il fallait donc trouver un point relais, un autre endroit où Marty pourrait pleinement exercer son activité illicite.

« - Il doit bien y avoir un centre de contrôle secondaire quelque part ... Ce qu'il nous faudrait, c'est un plan complet des étages, c'est un vrai labyrinthe ici ... »

Et puis finalement, Billie reprit la parole. Et soudain, tout sembla s'éclairer. Mais bien sûr, cela tombait même sous le sens ! Ils avaient besoin d'eux ... Pour pouvoir vivre à la surface ? S'ils ne résistaient pas aux radiations, ils étaient donc leur ultime et surtout préposée solution ... Mais pourquoi ne pas leur avoir simplement demandé, au lieu de leur cacher leurs projets, pensa Peter. Peut-être que finalement, rien n'était rose ici-bas ... Ils n'étaient que leur badge, leur clef vers la surface, celle qu'ils avaient du attendre depuis si longtemps.

« - Mais on doit avoir quelque chose de plus que les Terriens, sinon, ils auraient déjà développé un moyen de résister aux radiations ... Ou sinon, les Terriens ont résisté jusqu'à maintenant, et on va faire fusible ! »

« - Tu es forte. Tu surmonteras ça. »

La pensait-il donc autant sans cœur ? Paraissait-elle si froide, si forte pour qu'il pense qu'elle s'en remettrait ? Elle ne s'en remettrait jamais, si elle faisait ça, et elle était persuadée qu'il le savait. Mais pourtant, durant quelques instants, la jeune femme repensa à la vengeance qu'elle s'était promise de réaliser plus tôt. Et quoi qu'il se passe, quelle que soit l'issue de ce qu'ils traversaient actuellement, elle exécuterait son souhait, elle se le promettait.
Et puis, après quelque secondes de silence, Jack se leva, pour venir s'asseoir à côté d'elle, penchant son visage juste au dessus d'elle. La jeune femme lâcha un léger un sourire, cette position lui rappelant une situation qu'ils avaient vécu au tout début de leur rencontre, alors qu'ils rentraient d'une première partie de chasse en forêt : les deux s'était disputés et Adèle avait fini allongée sur le sol, la tête dans les herbes, ses cheveux entremêlés aux brins verts. Elle se souvenait encore avoir rit à gorge déployée, amusée par l'aspect cocasse de la situation. La brune pensa en perdant son sourire qu'à cette époque là, des mois plus tôt, elle était encore complètement insouciante, et inconsciente de tout ce qui allait leur arriver. Et, à cette époque là, dans cette même situation qu'elle vivait aujourd'hui, face à ce dilemme qui n'en était plus un, elle se serait probablement mise à rire en prétextant la blague, en raillant Jack, ou bien en s'enfermant dans sa tente. Mais là, elle n'était plus du tout de cette humeur. Elle restait simplement allongée sur le sol, le visage figé, glacé après le léger sourire qui lui avait échappé. Elle refoulait une fois de plus la peur qui grandissait en elle, un peu plus chaque minute.
Lorsque le brun posa ses mains froides sur les siennes, Adèle releva les yeux vers lui, sentant ses mains à elle trembler légèrement. Et pourtant, il souriait. Face à sa mort, il souriait. Néanmoins, elle doutait de le voir encore sourire lorsqu'il lâcherait son dernier souffle, excédé par la douleur et par le froid qu'apporte la mort prochaine.

« - Regardes nous, de quoi a-t-on l'air, comme ça ? De deux pauvres gamins complètement perdus, abandonnés à eux même face à une décision qu'aucun des deux ne peut prendre complètement. Je te jure que s'il fallait tuer quelqu'un d'autre Jack, je le ferai. S'il fallait le vider de son sang, le regarder mourir sans sourciller, je le ferai. S'il suffisait simplement qu'un de nous deux se suicide pour sauver l'autre, nous l'aurions déjà fait. Mais ce n'est pas ce qu'elle attend de nous. Elle veut voir qui est le plus fort, celui qui osera penser d'abord à lui et à son peuple au détriment de l'autre. Mais moi, je ne pense pas à moi, je n'ai pas envie de penser à toutes ces vies qu'on peut sauver. »

Non, elle n'avait plus envie de penser à rien. Et au fur et à mesure qu'elle parlait, la jeune femme s'était doucement relevée, du moins pour se retrouver en position assise, proche de Jack en raison de leurs mains serrées autour de l'arme blanche. Le couteau se trouvait désormais entre les deux jeunes, lame dans le vide, et il suffisait d'une simple pression de la part de l'un ou de l'autre pour la lame puisse s'enfoncer dans la chair de celui qui en prendrait la décision. Ils en étaient si proches, si proche de leur mort, si proches de renoncer à la vie, ou au contraire, de la donner, ou de la vivre pleinement. Il suffisait d'une décision. D'une décision qu'aucun des deux n'arrivait à prendre. Et même si ce qu'Adèle venait de dire semblait cru, s'il avait fallu tuer quelqu'un d'autre, elle aurait pu le faire. Elle aurait pu. Du moins s'en pesait-elle capable, ou presque.

Réurris à accéder au centre de contrôle ... Ou tout du moins réussir à s'introduire dans le bureau de Wallace sans se faire prendre. Une tâche au moins aussi hardue que ce à quoi ils s'attendaient quand l'idée avait germé dans leurs esprit. Et malgré toutes leurs cervelles en ébullition, pour le moment, aucun ne trouvait de solution à leur problème. Sauf celle de trouver une alimentation secondaire.
Ainsi, la petite brune, qui, contrairement à ses camarades, avait un peu beaucoup exploré le terrain à cause de sa paranoïa à peine excessive, fit tourner ses méninges afin de se souvenir si elle avait vu, au détour d'un couloir, sur un mur, près du sol, où que ce soit, un petit boîtier d'alimentation. Mais en même temps, Peter commença ) parler de l'idée qui venait de lui traverser l'esprit, sur la chose qu'ils auraient de plus qu'eux, ici, mais Billie ne voulait pas s'éparpiller, surtout quand l'ombre d'un gros boîtier ricocha à la surface de ses pensées. Pour se concentrer, elle ferma donc les yeux, se concentrant de toutes ses forces pour se souvenir d'où elle avait bien pu voir ce boîtier ... Et soudain, en un éclair de lucidité, elle vit clairement l'ascenseur brinquebalant encore en service, et, juste à côté des portes rouillées ... apparut le fameux boîtier.

- Je sais où se trouve le boîtier d'alimentation secondaire, et heureusement pour nous, il est accessible, dit-elle en rouvrant les yeux pour regarder ses amis.

Il la comprenait. Plus que tout, évidemment, car si elle lui avait demandé de lui planter un couteau dans le coeur pour sauver tous les autres, alors il ne l'aurait pas fait. Comment vivre avec ça sur la conscience après ? C'était bien simple, c'était impossible. Et pourtant, il fallait pendre une décision. Se suicider ne servirait à rien si ce n'est tous les condamner. Adèle ne voulait pas le tuer. Et il ne voulait pas tuer Adèle. Alors, quelle était la décision, la bonne décision, à prendre ? Le choix cornélien auquel ils avaient affaire aurait presque pu faire fumer le cerveau du jeune homme, mais la brune se redressa lentement, après avoir fini sa tirade, et il ne bougea pas, attendant que la jeune femme ait terminé son mouvement, attendant qu'elle soit immobile, le couteau entre eux deux, aussi bien pointé sur elle que sur lui.
Alors, qui prendrait la décision de sauver leur peuple ?

Il la regarda alors, plongea son regard dans le sien, dans ce regard qu'il avait tant de fois observé, auquel il avait tant de fois rêvé. Il ne pouvait se résoudre à éteindre ces si beaux yeux, il ne pouvait pas ... Alors, sans quitter son doux sourire tordu par les stigmates du feu, Jack posa ses mains sur les joues d'Adèle, approchant légèrement sa tête de celle de la jeune femme, et, en même temps, il approcha son corps de celui d'Adèle. Imperceptiblement, de sorte qu'elle ne le remarque pas quand il avança le visage vers elle, mais suffisamment pour que la pointe du couteau s'enfonce doucement dans la peau de son torse.

- On est que deux gamins perdus, comme tu l'as dit ... Et pourtant, les autres sont plus perdus que nous, et nous avons un devoir envers eux. Il faut que nous les sauvions. Alors promets moi une chose Adèle.

Il s'arrêta un instant, la regarda intensément, puis reprit.

- Ne lâche pas le couteau.

Et il s'avança de nouveau pour l'embrasser, s'empalant sur la lame du couteau, qu traversa sa peau et s'enfonça dans sa chaire, au niveau de son estomac. Le coeur n'était pas touché, aucun organe vital n'était touché. Mais une hémorragie, et il y passerait. Mais c'était ce qu'il voulait. Pour sauver les autres. Pour sauver Adèle.

Shobbian passa lentement sa main dans ses cheveux, et soupira rien qu'en pensant à la tonne de problèmes auxquels ils avaient à faire face. Si les temps lui avaient semblé durs lorsqu'ils étaient encore en train d'essayer de survivre à leur camp, ils l'étaient encore plus aujourd'hui : ils étaient coincés dans une montagne, à on ne sait combien de mètres sous terre, avec des gens qui en avaient apparemment après leur peau mais qui avaient pourtant l'air totalement sympathiques. Enfin bref, ils étaient dans la merde, comme depuis leur arrivée sur Terre. Les mots de Billie empêchèrent la blonde de réfléchir à ce que Peter venait de dire, et elle releva la tête en même temps que les autres.

« - T'es une championne Billie, heureusement que t'as pu un peu visiter ce labyrinthe ! » fit-elle en souriant.

Le petit groupe s'empressa de relever la tête vers Billie, tandis que Peter était encore perdu dans ses pensées. Le jeune homme semblait d'ailleurs plutôt perturbé, réfléchissant encore à son idée et laissant de côté le génie informatique de Marty. De quoi les habitants de Month Weather avaient-ils tant besoin que ça pour en venir à s'attaquer aux 100 dans le plus grand des secrets ? Pourquoi n'opéraient-ils pas à ciel ouvert et cachaient-ils des cadavres dans les placards ? Le brun secoua la tête avant de finalement se décider à laisser ses pensées de côté.

C'était bien simple, Adèle n'arrivait pas à s'y résoudre. Elle n'avait envie de rien, si ce n'était de hurler et de laisser couler des larmes sur ses joues pleines de poussière. Un seul mot tournait en boucle dans sa tête, l'empêchant de relever la tête, l'empêchant de penser, l'empêchant de se décider : pourquoi ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Et merde, si seulement elle était restée sur l'Arche, toute cette merde ne serait pas arrivée, mais d'un autre côté, elle ne serait pas celle qu'elle était aujourd'hui. Et puis, elle ne pouvait plus se servir de l'Arche comme excuse, puis-qu’apparemment, celle-ci était finalement descendue sur la Terre par on ne sait quel moyen.
Lorsque Jack posa ses mains sur ses joues, Adèle fut forcée de relever la tête, et de regarder le brun dans les yeux. Rah merde, pensa-t-elle. Merde merde merde ! Elle ne voulait pas le voir, car rien que le fait de plonger son regard dans le sien faisait grandir encore plus sa haine contre les Terriens. Elle les détestait tous, elle les haïssait du plus profond de son être. Ils avaient tout gâché, alors que le peuple des 100 commençaient enfin à s'en sortir, ils avaient détruit tout espoir et avaient écrasé un quelconque espoir de paix dans son cœur. Quelques larmes finirent par apparaître à l'orée de ses yeux, et elle les aurait essuyées d'un revers de main si celles-ci n'étaient pas occupées à tenir le couteau, qui d'ailleurs, alors que Jack commença à parler, s'enfonça légèrement dans la peau du brun alors qu'il se rapprochait d'elle.

« - Ne lâche pas le couteau »

La brunette n'eut pas le temps de réfléchir que les lèvres du jeune homme se mêlèrent aux siennes, et que dans un sinistre bruit, la lame s'enfonça dans son ventre. Coupant net le baiser, Adèle hoqueta en voyant le t-shirt de celui qui lui faisait face se teindre lentement de rouge. Ses mains, qui jusque-là tremblaient encore sur le manche de l'arme blanche, s'étaient immobilisées par elle ne savait quel miracle, tandis que le reste de son corps était secoué de léger spasmes.
Elle n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche pour protester que la cellule s'ouvrit en grand sur le Terrien qui les avait jetés ici. De loin, elle entendit une voix de femme gueuler des ordres, et l'armoire à glace s'empara d'Adèle, forçant la brune à lâcher l'arme. Puis un autre homme attrapa Jack, et le sortit de la pièce, laissant le Terrien et la brune encore seuls dans la cellule bercée par les cris de la jeune femme.

Pas peu fière d'avoir réussi à se souvenir de l'emplacement du boîtier secondaire, la pette brune esquissa un léger sourire en coin, vague reflet des sourires qu'elle pouvait faire autrefois. Mais à vrai dire, pour le moment, elle avait autre chose à penser que de se réjouir trop vite de cette petite victoire, même si, il fallait bien l'avouer, pouvoir accéder au deuxième boitier leur faciliterait grandement la tâche.
Ainsi, sans plus perdre de temps, Billie se redressa et tendit la main à Marty pour l'aider à se relever à son tour, puis elle se tourna vers le coloir qui menait à ce fameux ascenseur.

« Le boîtier se trouve juste à côté de l'ascenseur, il suffit qu'on désactive le boîtier, et on pourra entrer dans le centre de contrôle. Et là, on pourra avoir nos réponse. »

Et éventuellement, une chance de sortir de cet enfer, ajouta-t-elle en elle-même avant de s'élancer vers l'ascenseur. Il n'y avait pas une minute à perdre.

LE jeune homme sentit la lame s'enfoncer dans sa chair, rompre les tissus fins de l'épidermer, et creuser ceux, plus durs, de l'estomac. La douleur ne se fit pas sentir tout de suite, maisune fraction de seconde plus tard, juste quand la jeune femme, se rendant compte de ce qui se passait, hoqueta avant de se figer, le regard planté sur lui.
Il aurait aimé pouvoir garder son sourire jusqu'au bout, rester optimiste malgré la situation et réussir à contenir la douleur pour qu'elle ne transparaisse pas sur son visage. Mais rapidement, son sourire se figea sur ses traits défigurés par le feu, quand la douleur, telle une vague brûlante, remonta de sa blessure pour se répandre dans tout son corps. Une grimace vint alors tordre son visage un peu plus, juste au moment où la porte s'ouvrit brusquement, laissant entrer un gigantesque Terrien, bientôt suivi par un second qui empoigna Jack par le bras, sans ménagement. Un grognement sourd s'échappa des lèvres du brun, qui, sous la douleur et la pere de sang, faillit tourner de l'oeil. Mais les cris d'Adèle et la manière dont le Terrien l'attrapa à son tour par le bras redonnèrent un sursaut d'énergie au jeune homme, qui se débattit à son tour, en vain, malheureusement. Celui qui le tenait était une armoire à glace, et, même en pleine forme, Jack aurait eu bien du mal à se sortir de son étreinte. Alors il fut emmené hors de la cellule, et il se laissa tomber, presque inerte, laissant le Terrien, bientôt aidé par un second, le traîner pour l'emmener dans une deuxième cellule, un peu plus loin. Tout ça, alors que les cris de la brunette résonnaient dans ses oreilles.

Concentrée, Shobbian réfléchissait à de nombreuses choses : qu'allaient-ils découvrir dans le bureau de Wallace et dans le centre de contrôle ? Que se passerait-il si jamais ils se faisaient choper ? La blonde soupira doucement avant d'entendre les paroles de Billie, qui semblait plus motivée que jamais. Elle échangea un court regard avec Peter qui lui aussi buvait les paroles de la brune, faute de raconter des conneries à chaque fois qu'il ouvrait la bouche.

« Sans Billie, on serait grave dans la merde ! » fit-il tout de même.

Les autres levèrent les yeux au ciel et Shobbian souffla : Peter avait toujours été naturel, et peut-être que ce petit compliment à la volée décrocherait un sourire à Billie qui était de marbre depuis qu'elle leur avait annoncé la mort de John. Même s'ils n'étaient pas aussi proches de lui que l'était la brune, cela avait mis un sacré coup de pompe au groupe. Ils se connaissaient tous depuis l'arrivée sur Terre, et même pour certains depuis l'Arche, et perdre encore l'un d'entre eux, surtout un qui était à la tête de leur clan ...

« Bon, il n'empêche que si on veut se débrouiller pour faire ça demain, on va avoir besoin d'une bonne nuit de repos les gars. Alors tous au lit et préparés pour l'action ! »

Les cris d'Adèle ne s'arrêtèrent que lorsqu'elle sentit sa gorge se nouer définitivement. Et pourtant, elle avait encore de la réserve pour hurler, crier et insulter à tue-tête ses geôliers. Mais ce n'était pas la voix qui lui manquait, ni l'énergie, c'était juste que la tristesse et la déception lui pesaient tellement que la jeune femme n'arrivait plus à parler. Elle se tapa plusieurs fois la tête contre le mur, exprimant sa rage à travers ses mouvements. Reniflant légèrement, Adèle passa sa main sous ses yeux pour les essuyer d'un rapide coup de manche, un air à la fois furieux et inquiet plaqué sur le visage. Elle n'avait même pas remarqué que la nuit était tombée depuis un moment, trop occupée à tenter de convaincre Jack de ne pas se poignarder, ce qu'il avait finalement fini par faire. Et maintenant, ils l'avaient emmené elle ne savait où, probablement dans une pièce poussiéreuse semblable à la sienne, la seule différence étant sûrement que celle du jeune homme n'était pas tachée de sang ...
La jeune femme entendit de nombreux murmures dans le couloir, et bien sûr les Terriens s'appliquaient bien à discuter dans leur langue, lui interdisant toute compréhension. Elle soupira longuement et se laissa aller contre le mur, regardant le plafond avec mépris : la nuit allait être très longue.

Le compliment naturel et spontané de Peter réussit à lui arracher un petit sourire timide, et la jeune femme, qui, rappelons-le, était à la base une grande timide, se vit rougir malgré elle. Elle détourna ainsi le regard, quelque peu gênée, et se tourna vers Shobbian quand celle-ci proposa une nuit de sommeil. En effet, l'adrénaline avait beau courir dans leurs veines du fait de cette découverte extraordinaire, ils n'auraient qu'une seule chance pour tenter leur coup, alors, comme avit dit la blonde, autant être en pleine forme.
Ainsi, la brune hocha la tête, approuvant totalement. Une bonne nuit de sommeil ne ferait de mal à personne, et, même si elle avait hâte de sortir de cet enfer, la jeune femme préférait jouer la carte de la sûreté, et mettre le maximum de chance de leur côté.
Aussi, elle se dirigea vers le dortoir, bientôt suivie par Marty, qui, le pas alègre, la dépassa rapidement, certainement désireux de venir se glisser sous sa couette.