Quatrième partie

Jack finit par faire tomber une autre pomme, avant de revenir vers le tronc, comme la première fois, légèrement essoufflé. Il baissa ensuite la tête vers Adèle, en bas, qui ne se foulait pas vraiment, selon lui. Mais cela le faisait sourire. Au moins, elle ne restait pas dans sa tente à se morfondre et à angoisser sur ses peurs cachées.
- Quel manque de courage !

Mais Billie leva les yeux au ciel avant de se glisser par la trappe, posant la bassine sur le sol pour se glisser par l'ouverture, avant de la reprendre une fois qu'elle fut sur des barreaux assez bas.
- Qu'est-ce que tu ne dirais pas pour te rassurer .. soupira-t-elle avec un léger sourire en coin.

Adèle ramassa les pommes qui suivirent, relevant de temps en temps les yeux vers Jack.
- Tu peux parler, pauvre trouillard !
La petite brune continua de l'observer s'accrocher à l'arbre en souriant.

Dès que Billie fut au sol, John descendit à son tour, abandonnant le Terrien et ses grognements.
- Essaye donc d'esquisser le fait que tu me craignes, ironisa-t-il.

Le jeune homme fit tomber encore quelques pommes, avec difficultés, avant de décréter qu'il y en avait assez, et surtout qu'il avait assez joué à Tarzan, et il sauta souplement au sol. Ses genoux se plièrent quand ses pieds touchèrent le sol, et il se redressa avec souplesse avant de lever la tête vers la jeune femme.
- Moi, trouillard ? Ahah, dit-il avec un petit sourire.

Billie ramassa la bassine et la cala sous son bras, avant de se tourner vers John qui refermait la trappe, tandis que, là haut, le sauvage recommençait à tirer sur ses chaînes.
- Et pourquoi est-ce que je te craindrais ? dit-elle en le regardant, malicieuse.

Adèle continua son petit manège, tant et si bien que son t-shirt commençait à être complètement détendu, et qu'elle était obligée de le remonter régulièrement. Et de toute façon, il était plein de trous.
- Toi, trouillard, répondit-elle.

Oubliant le sauvage, John se rapprocha de Billie, un sourire planqué au coin des lèvres. Le brun resta immobile puis attrapa la bassine et renversa son contenu rougeâtre en quelques secondes sur la jeune femme.
- Tu avais besoin d'une petite douche.

Le jeune homme leva les yeux au ciel, avant d'attraper une pomme dans le « sac », qui était plutôt le t-shirt d'Adèle, et il croqua dedans à pleine dent. Aaaah .. Enfin quelque chose pour remplir son pauvre estomac qui criait famine depuis au moins une heure ...
- Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre ... dit-il en souriant.

Et soudain, elle fut trempée. De la tête aux pieds. Billie resta interdite un moment, avant de relever la tête vers le jeune homme, les lèvres légèrement écartée en un « Oh » surpris et silencieux. Puis, elle passa une main dans ses cheveux, mouillés, et les écarta de son visage.
- Je crois que de nous deux, c'est toi qui en aurait eu le plus besoin.
Et, sans en avoir l'air, elle se rapprocha d'une bassine qu'elle n'avait pas utilisée la veille et qu'elle avait laissée dans un coin de la station. Il ne s'en tirerait pas comme ça, pensa-t-elle en souriant intérieurement.

Adèle continua de maintenir tant bien que mal les pommes dans son t-shirt tout en esquissant un petit sourire.
- La vérité, tout simplement.
En soupirant doucement, la petite brune se tourna vers la forêt, laissant glisser son regard sur les arbres.

John s'esclaffa en observant son petit air surpris et interdit. Il lui offrit un grand sourire, sans avoir la moindre idée de ce que la brunette préparait.
- Tu devrais me remercier, tu sens meilleur maintenant ...
Croisant ses bras sur son torse, il leva mes yeux au ciel dans un air de désespoir.

Jack termina sa pomme et garda le trognon en main. Peut-être faudrait-il en planter ? Ou du moins juste des graines ? Car il fallait bien sûr penser à l'avenir, et ce, même si tout cela semblait bien loin pour tout le monde. En effet, on voyait déjà leur passage, sur les arbres, qui étaient de plus en plus dénudés.
- La vérité que tu penses vraie. Et qui ne l'est pas. Dit-il avec un sourire.

Billie se retint de lui tirer la langue, et, mine de rien, fit un autre pas en arrière.
- Rincée avec de l'eau et du sang ? Tu parle.
Elle lui fit un grand sourire, puis se baissa prestement et se redressa, et, d'un geste rapide, elle versa le contenu de la bassin qu'elle avait attrapée sur le jeune homme en face d'elle.
- Tu sens meilleur comme ça .. dit-elle en reprenant ses mots.

Adèle se retourna vers Jack en lâchant un petit sourire, attrapant l'une des pommes qu'elle gardait précieusement dans son t-shirt. La brunette la fit tourner entre ses doigts avant de la reposer dans son " sac ".
- De toute façon, j'ai raison, et toi tu mens.
Oh ça, elle lui avait de nombreuses fois, mais ça l'amusait toujours autant. Elle le trouvait amusant quand il fronçait ses sourcils en essayant de se justifier.

Lorsque John se prit une bassine d'eau en pleine tête, il resta tout d'abord immobile et surtout, muet. Puis il se jeta sur Billie, la poussant puis la plaquant sur le sol.
- Grâce à toi, on pue tous les deux maintenant.

Jack leva les yeux au ciel en se retournant vers le camp. Mais enfin, pourquoi s'acharnait-elle à dire qu'il mentait ? Ce n'était même pas vrai, en plus de ça.
- Tu n'as pas encore fini avec ça ? dit-il en soupirant, en tournant la tête vers elle.

La brune se retrouva alors par terre, plaquée contre le sol par le jeune homme qui l'écrasait de son poids.
- Pas grâce à moi, à cause de toi, rectifia-t-elle un sourire aux lèvres, en gigotant pour se dégager.

Adèle lâcha un petit rire, remontant toujours son t-shirt qui contenait les pommes que Jack et elle avait ramassé.
- Jamais Jack, jamais.
La petite brune se retourna vers lui et lui tira la langue. Puis elle pivota des talons pour observer la forêt.

Mais John ne voulait pas la lâcher. Ainsi s'assit-il tranquillement sur elle, la bloquant grâce à son poids.
- Toujours de ma faute, toujours, fit-il en ricanant.

Le jeune homme la regarda se tourner vers le forêt, mais il ne dit rien. Après tout, elle avait quand même accepté de venir récolter quelques pommes avec lui. Alors il se tut, et se contenta de se tourner vers elle.
- MAis pourquoi ? dit-il en prenant une petite voix dépitée.

Billie gigota encore pour se dégager, mais il s'assit sur elle et la bloqua une bonne fois pour toutes.
- Oui, c'est toujours de ta faute.
Elle bougea encore, mais devait bien s'avouer vaincue.

Adèle haussa les épaules. Pour l'emmerder, probablement. Alors elle ne répondit pas, se laissant absorber par la fraicheur de la forêt. Cela faisait du bien de sentir le vent dans ses cheveux, venant effleurer doucement son cou recouvert par la masse brune. Prenant une grande inspiration, elle fit un pas en avant.

John resta assis à califourchon sur la petite brune, bien déterminé à ne pas bouger.
- Je crois plutôt que c'est de la tienne. C'est toujours de ta faute si on se retrouve dans des situations pas possibles.
Tout en parlant, le brun tapotait sur le ventre de la jeune femme pour la désigner en tant que coupable.

Jack, ne l'entendant pas répondre, tourna la tête vers elle, et il esquissa un léger sourire, sans pouvoir s'en empêcher, quand il la vit apprécier simplement le vent dans ses cheveux et dans sa nuque. Peut-être que tout allait rentrer dans l'ordre et qu'elle allait arrêter de se toucher le cou tout le temps. Il avait d'ailleurs déjà remarqué qu'elle le faisait moins que la veille, mais peut-être que vivre normalement allait la faire sorir de cette spirale infernale qu'est la peur.

Encore une fois, Billie se tortilla, mais, cette fois, elle réussit à dégager ses mains, et bloqua celles du jeune homme qui tapotaient sur son ventre.
- Tu dis n'importe quoi.

Elle l'aurait peut-être touché, si elle n'était pas obligée de tenir les pommes contre elle. Alors elle profitait simplement, frissonnant légèrement. Après quelques longues minutes de silence, elle se tourna vers Jack.
- Où penses-tu que Billie et John ont trouvé leur fringues ? finit-elle par lâcher.
Fallait bien parler.

John haussa les épaules, puis il secoua la tête en levant les yeux au ciel.
- C'est toi qui dis n'importe quoi, alors ferme là, répondit-il dans un sourire.

Jack avait enfoncé les mains dans ses poches, et il pensait sincèrement que le reste du chemin se ferait dans le silence le plus complet. Mais, à sa grande surpris, Adèle tourna la tête vers lui et lui demanda où les deux autres avaient trouvé leurs vêtements propres. C'était une bonne question, à vrai dire, car, même s'il ne remettait pas en cause ce qu'ils leur avait dit, il trouvait ça lui aussi un peu étrange. Et si l'on rajoutait en plus les boîtes de conserve et le fait qu'ils aient pu prendre une douche ... Il fallait qu'ils trouvent cet endroit, tous els deux.
- Aucune idée.

Soudain, et après avoir passé quelques secondes à concentrer toutes ses forces dans son bassin et ses hanches, Billie roula sur le coté, faisant tomber John et se dégageant par la même occasion. Elle se redressa rapidement et épousseta son pantalon, avant de relever la tête vers lui. Et, on n'y croirait pas, comme ça, mais la vie à la dure qu'ils menaient depuis qu'il étaient ici avait réussi à maintenir la jeune femme assez en forme : elle n'avait donc pas perdu les muscles - et le peu de force - qu'elle avaient avant de partir.
- Me la fermer ?
Elle arqua un sourire en le regardant, mais vit bien son sourire et se détendit.

Adèle fit la moue.Bien malgré que la forêt lui fasse toujours un peu peur, elle avait une folle envie d'aller découvrir ce qu'il s'y trouvait, tout en espérant ne pas tomber sur les Terriens. La petite brune regarda un instant les pommes qu'elle tenait dans son t-shirt et hésita à le quitter pour en faire un sac portatif. Mais c'était vraiment gênant, dans les deux sens du terme.
- Tu ne voudrais pas trouver cet endroit dont ils nous ont parlé, fit-elle en se mordillant les lèvres.

John bascula sur le côté et se rattrapa rapidement, s'appuyant sur ses coudes. Voyant la jeune femme se relever, le brun esquissa un autre sourire mais resta avachi par terre, amusé.
- Oui, te la fermer.

Jack se tourna alors vers elle en esquissant un énorme sourire, lui qui n'osait y croire se retrouvait devant le fait accompli. C'était parfait, et il n'aurait pas cru cela possible en si peu de temps.
- J'allais te le proposer, justement ! dit-il avec enthousiasme.

Billie plissa légèrement le nez devant l'air amusé du jeune homme, et elle croisa les bras sur sa poitrine. Il restait égal à lui-même, à la faire chier quoi qu'il se passe.
- Quel macho.

Adèle lui offrit un petit sourire, et si elle avait pu croiser les bras, elle l'aurait fait. La petite brune lui jeta donc un regard amusé.
- Alors allons-y.
Reniflant légèrement, la jeune femme jeta un autre regard circulaire autour d'eux.
- Bon, on passe par où ?

John lui adressa un grand sourire, toujours allongé sur le sol.
- Moi macho ? Jamais.
Ricanant un peu, il lui jeta un regard provocateur.

Jack esquissa un sourire amusé.
- On pose les pommes, d'abord, non ? dit-il en désignant les fruits dans le t-shirt déformé de la brune.
A moins qu'ils n'emportent quelques réserves, songea-tt-il après avoir parlé.

Mais Billie ne souriait plus, et elle se contenta de lever les yeux au ciel, avant de se détourner.
- Si ça te fait plaisir de le croire, dit-elle avant de sortir à l'air frais.
Et, la première chose qu'elle fit fut d'inspirer un grand coup. Car 24 heures dans un endroit clos, saturé de sueur, d'odeur du sang et de cris de douleur du sauvage, ça devenait vite étouffant.

Adèle regarda les pommes, lâchant une petit grimace. Et si jamais ils se perdaient comme John et Billie l'avaient fait ? Cette pensée la fit légèrement frissonner - d'ailleurs, l'air était tout de même frais, et son t-shirt complètement délabré ne lui tenait pas si chaud - et elle redressa la tête vers Jack en souriant.
- T'as raison, ça pourrait être encombrant.

John lâcha un petit rire. Elle était vexée ? Soupirant, il fini par se lever à son tour mais ne sortit pas tout de suite, se dirigeant plutôt vers Andrew qui était en train de se réveiller. il avait un tas de questions à lui poser.
- Andrew, hé Andrew ça va ?

Le brun la vit légèrement frissonner, et il se rapprocha un peu d'elle. Après tout, la proximité garde la chaleur. Et puis il lui aurait bien offert son pull, si seulement il en avait un. Cependant, il se doutait que ce qui l'avait fait frissonner commençait par un Ter- et finissait par -rien. Il tourna donc la tête vers elle et regarda ensuite le camp, à quelques pas d'eux.
- Hé Angelo ! Viens par ici !
Il appela le garçon, et lui mit ensuite les pommes dans les bras, après en avoir gardé quatre pour eux. Mieux vaut prévenir que guérir, après tout.

Vexée ? Non, blasée et lassée, c'est tout. Ainsi, Billie s'éloigna de la station pour rejoindre sa tente. Mais bien sûr, elle n'avait pas d'autres vêtements, puisqu'ils avaient laissé leurs vieux dans le bunker. En soupirant, elle ressortit donc quelques minutes plus tard. Il fallait qu'elle mange. Oh oui, elle avait une faim de loup.

Adèle n'esquissa aucun mouvement lorsqu'il s'approcha d'elle, et elle laissa docilement le dénommé Angelo attraper les pommes qui se trouvaient dans son t-shirt avant de laisser les quatre dernières à Jack. La brune jeta un coup d’œil à son t-shirt délavé et détendu en soupirant : elle avait beau le tirer, il était toujours aussi détendu. Elle se retourna alors vers Jack en esquissant un petit sourire.
- On y va ?
Sois détendue Adèle, détendue.

John lui, n'était jamais lassé. Enfin quoiqu'il en soit, il en était actuellement réduit à donner des petites tapes à Andrew pour le réveiller correctement.
- Hey Andrew, tu m'entends ?
Le jeune homme finit par hocher la tête avant de passer ses mains sur son visage. John lâcha un petit sourire de soulagement : sauvé.
- Ca va John, ça va.

Jack remercia le garçon et le regarda s'éloigner, avant de mettre les pommes dans ses poches et de faire demi-tour, direction la forêt.
- Let's go ! fit-il avec un grand sourire décontracté.
Lui, peur ? Non. Légèrement sur ses gardes ? Oui, bien sûr. Mais c'est tout.

Billie croisa les bras sur sa poitrine et aperçut, par chance, un jeune homme qui revenait en courant, des pommes plein les bras. Un grand soupir lui échappa, et elle se dépêcha de le rejoindre, avant que tout le monde ne se jette sur lui. Elle lui prit une pomme, puis s'éloigna, au moment même où il était entouré d'une dizaine de jeunes en quête de nourriture.

Adèle esquissa un autre petit sourire à peine crispé et se mit en marche aux côtés du jeune home, enfonçant ses mains dans les poches de son pantalon.
- Je te suis Jack.
La brunette accéléra légèrement le pas pour arriver à son niveau. Bon, ils recherchaient quoi déjà ? Les deux jeunes avaient décrit l'endroit comme étant une sorte de vieille cabane abandonnée, si ses souvenirs étaient bons.

Le grand brun fini par s'asseoir à côté du jeune homme, tournant la tête vers lui.
- Tu as faim ? demanda-t-il ?
Cela était légitime, il devait crever la dalle, et en plus, lui aussi avait faim. Mais ils n'avaient sûrement pas de réserves.
- Non, ça va aller ... mentit Andrew.

Jack sourit en se tournant vers elle.
- Tu te souviens s'ils ont dit où c'était ?
Parce que lui ne s'en souvenait pas du tout, mais alors pas du tout.

Billie croqua dans sa pomme avec avidité, et un soupir de soulagement lui échappa quand elle sentit le jus sucré et piquant couler dans sa gorge, et la chaire du fruit remplir son estomac. Il n'y a pas à dire, ça faisait du bien.