Une flèche, dans son épaule, une autre dans sa cuisse, la dernière dans son flanc. Et avec tout ça, la vague de feu qui arrivait vers eux à vitesse grand V. Comment pouvaient-ils ne serait-ce qu'espérer échapper à ça ? Il n'y avait pas d'issue, pas de trou dans lequel se cacher, pas de tranchée, si ce n'est ce talus derrière lequel ils venaient de se dissimuler pour tirer. C'était plat, ou presque, et aucune barrière ne pourrait arrêter la vague flamboyante qui courait vers eux. Alors c'était comme ça que ça se terminait ? Une vulgaire coulée de feu, qu'ils avaient eux-même déclenchée, pour anéantir les Terriens ? En un sens, ça avait fonctionné, car désormais, seuls quelques Terriens courraient encore pour sauver leur peau. Mais bientôt, le feu les rattraperait. Bientôt, plus rien ne pouvait les sauver.
« Jack, Jack ! »
Plusieurs fois, on l'appela. Mais son regard porté sur le feu qui avançait vers lui ne voulait s'en détacher, et ce n'est que quand Adèle le tira qu'il réagit et tourna la tête vers elle. Blessée, elle aussi, évidemment. A la cuisse, et à l'épaule, nota-t-il avec un calme effrayant, d'un simple coup d'oeil. Qui donc l'avait touchée ? Allait-elle bien ? Il voyait qu'elle perdait du sang, que, petit à petit, son visage perdait des couleurs. Mais que pouvait-il faire, de toute manière ? Endiguer l'hémorragie ? Lui-même n'était pas plus en forme, avec ces trois flèches qui dépassaient de son corps, témoins de la violence des événements qui venaient de se dérouler. Mais là, maintenant, il n'y avait plus aucun signe de violence, de combats. LEs cris guerriers avaient disparu, cédant la place à ce calme étrange, que seuls les crépitements des flammes venaient déranger.
Et puis, elle le tira encore. L'une des flèches bougea dans sa blessure, et, en lâchant un râle de douleur, Jack finit enfin par se redresser, pour passer un bras sur les épaules de la jeune femme et commencer à courir. Mais c'était trop tard, bien trop tard. Il avait attendu trop longtemps avant de se mettre en route, il avait laissé son regard errer sur cette surface mouvante, destructrice, pendant trop longtemps. S'ils courraient, ils n'auraient aucune chance. Absolument aucune. Ils allaient mourir sur place, cramé, grillé, dans le piège que les 100 avaient érigé contre les Terriens. Mourir dans leur propre piège. Quelle ironie.
Cependant, alors qu'ils courraient désespérément, les forces les abandonnant peu à peu, le brun avisa un énorme rocher, sur sa droite. Et, dans un accès de folie, il arrêté de courir pour fuir le feu, et se mit à longer la vague perpendiculairement, tirant Adèle derrière lui. Cet énorme rocher pourrait peut-être les protéger des flammes. Elle ne prendrait pas feu, et la vague ne reviendrait pas en arrière. Il fallait juste espérer que le rocher soit suffisamment grand pour qu'ils tiennent tous les deux derrière, sans craindre que des flammèches ne viennent les lécher avidement. C'était risqué, mais ils n'avaient pas le choix. Soit ils mourraient en fuyant, soit ils mourraient en essayant de trouver un moyen de survivre. Le jeune homme préférait la seconde option.
Mais Adèle était de plus en plus faible. Il la sentait défaillir sous son bras, et, en jetant un regard à sa cuisse, il vit son pantalon imbibé de sang. Sans compter sa blessure à l'épaule. Ils étaient presque au rocher. Presque. Plus que quelques mètres. Mais la vague arrivait elle aussi. Plus que quelques mètres aussi. Qui, du feu ou des jeunes gens, serait le plus rapide ?
Jack ne réfléchit pas. Il attrapa Adèle sous les genoux, et, dans un grognement, la souleva, avant de se mettre à courir. Mais il n'était pas un surhomme. Et, déjà, quand il l'avait prise dans ses bras, le corps de la jeune fille avait heurté la flèche dans sa cuisse. Un autre grognement avait échappé au jeune homme, tandis qu'il n'espérait qu'une chose : que sa jambe tienne. Mais il courait, encore et encore. Et il finit par atteindre le rocher. Il se jeta donc littéralement en avant, ayant le réflexe de retomber sur le dos pour, de une, ne pas enfoncer les flèches encore plus dans son corps, et, ensuite, pour éviter le choc à Adèle.
« - On va roussir ... » souffla-t-il en attrapant la jeune femme pour l'amener au centre du rocher.
Puis, il frissonna, de douleur, d'épuisement, et de peur certainement, avant de se recroqueviller sur lui-même, autant que les flèches qui le transperçaient le lui permettaient, sans avoir lâché la main d'Adèle. Se faire petit. Se faire petit et espérer que son plan marcherait.