Une larme. Elle ne laissa couler qu'une larme, avant de relever la tête vers lui, pour plonger son regard dans le sien. Depuis combien de temps n'avait-il pas plongé ses prunelles chocolat dans celles, toutes aussi brunes, de la jeune femme ? Un long moment, un trop long moment. Mais si, en de rares fois, il avait pu voir son regard ombragé par le doute et le remord, ou quelque sentiment s'en approchant, il pouvait désormais lire aussi facilement dans ses iris qu'auparavant, quand aucune barrière ne les séparait. Plus aucun trouble, plus aucun nuage ne venait assombrir son si beau regard.
Et alors, un sourire éclaira son visage. Mais non pas un de ces sourires crispés qu'elle lui avait montré depuis quelques temps, pour lui faire croire que tout allait bien et qu'il n'avait pas à s'inquiéter, ce qui, évidemment, n'avait pas fonctionné. Sur tous les autres, peut-être, mais pas sur lui.
Il passa alors un pouce sur la joue d'Adèle pour essuyer, d'un geste d'une douceur infinie, une dernière trace de larme, qui roulait encore à cet instant sur le torse de Jack, dont le t-shirt était toujours posé sur l'épaule. Cette étreinte signifiait donc l'espoir ? L'espoir que tout puisse recommencer, que cette barrière s'effondre enfin ? Ou bien la certitude qu'elle allait disparaître et ne laisser derrière elle qu'un écran de fumée, bientôt dissout dans l'atmosphère ambiante ?
Il avait envie d'y croire. Et ce qu'il lisait sur le visage de la jeune femme lui donnait confiance en l'avenir. Mais il y avait toujours, quelque part, ce petit doute. Que tout ne finisse par rechuter, un jour ou l'autre. Car, sans connaître les raisons, comment avoir confiance en l'avenir ?
Et ce n'était pourtant pas faute d'espérer, car ça faisait des jours que l'espoir le faisait avancer. Et, malgré tout, il continuait, encore en cet instant.
Elle ne tremblait pas face à l'idée d'exterminer un nombre incalculable de Terriens à l'instant, et dans les heures qui suivront. Mais quelle sera sa réaction quand elle découvrira tous les corps ? Quelle sera sa réaction quand il s'agira de calmer une centaine de jeunes ? Quelle sera sa réaction en découvrant le cadavre de John ? Cette pensée la mit hors d'elle. Pourquoi ne pouvait-il pas comprendre qu'il s'agissait de sa décision ? Qu'elle pouvait, si elle le décidait, rester dehors et donner sa vie pour les autres ? Pourquoi ne voulait-il pas comprendre ? Il avait toujours été borné avec ça, et elle voyait maintenant qu'il n'avait pas changé et qu'il l'était toujours autant. Mais pas une seule fois elle ne se demanda pourquoi. La seule chose à laquelle elle pensait, c'était qu'elle ne voulait pas qu'il meure, et qu'elle voulait rester à l'extérieur pur attirer les sauvages.
Elle ne répondit donc d'abord rien. A quoi bon, de toute manière ? Ils étaient tous les deux aussi déterminés l'un que l'autre, sur leurs positions, et bien décidés à ne rien laissé passer. Elle voulait y aller et ne voulait pas qu'il y aille. Il voulait y aller et ne voulait pas qu'elle y aille. Ils ne pouvaient pas y aller tous les deux. Comment tout cela allait-il se finir ? Elle n'en avait aucune idée, mais comptait bien sur le fait que John serait celui à fermer la porte de la station.
- Tu saurais les soigner, John. Tu m'a vue faire, et tu n'es pas idiot. Je t'ai montré les plantes qui soignent, je t'ai montré comment soigner. Tu es autoritaire et tu es leur chef. Comment vont-ils réagir en apprenant ta mort ? Comment ? Tu crois qu'ils vont tous pleurer et se morfondre ? Ils vont vouloir la guerre, la vengeance. Et si nous arrivons à nous sortir de ce bourbier, ils voudront du sang pour du sang. Ils auront tué leur chef, ils voudront le leur. Tu veux peut-être que je me cache à l'intérieur, que je reste bien en sécurité, au chaud, pendant que deux d'entre nous seront dehors, en plein milieu des Terriens ? Tu veux peut-être être l'un de ces deux-là ? Eh bien le fait est là : tu ne peux pas. Tu as un devoir envers tous ces jeunes, envers ton peuple, et tu ne peux pas les abandonner. Tu ne peux pas simplement, parce que tu ne veux pas qu'il m'arrive quelque chose, abandonner cent jeunes qui comptent sur toi et ont confiance en toi. Au nom de quoi irais-tu dehors ? Les protéger ? Ta place n'est pas là et tu le sais, elle est auprès d'eux. Tu sais exciter les troupes, mais tu crois que je saurais les calmer ? Ils t'écoutent, c'est indéniable. Et peut-être qu'ils m'écouteront pour un temps. Mais il y aura un moment où ils voudront la guerre, et je ne pourrais rien faire. S'ils perdent leur chef aujourd'hui, John, alors cette guerre ne sera que reportée.
Et elle ne voulait pas qu'il meure, tout simplement. Juste pour ne pas qu'il lui arrive quelque chose.
Et alors, un sourire éclaira son visage. Mais non pas un de ces sourires crispés qu'elle lui avait montré depuis quelques temps, pour lui faire croire que tout allait bien et qu'il n'avait pas à s'inquiéter, ce qui, évidemment, n'avait pas fonctionné. Sur tous les autres, peut-être, mais pas sur lui.
Il passa alors un pouce sur la joue d'Adèle pour essuyer, d'un geste d'une douceur infinie, une dernière trace de larme, qui roulait encore à cet instant sur le torse de Jack, dont le t-shirt était toujours posé sur l'épaule. Cette étreinte signifiait donc l'espoir ? L'espoir que tout puisse recommencer, que cette barrière s'effondre enfin ? Ou bien la certitude qu'elle allait disparaître et ne laisser derrière elle qu'un écran de fumée, bientôt dissout dans l'atmosphère ambiante ?
Il avait envie d'y croire. Et ce qu'il lisait sur le visage de la jeune femme lui donnait confiance en l'avenir. Mais il y avait toujours, quelque part, ce petit doute. Que tout ne finisse par rechuter, un jour ou l'autre. Car, sans connaître les raisons, comment avoir confiance en l'avenir ?
Et ce n'était pourtant pas faute d'espérer, car ça faisait des jours que l'espoir le faisait avancer. Et, malgré tout, il continuait, encore en cet instant.
Elle ne tremblait pas face à l'idée d'exterminer un nombre incalculable de Terriens à l'instant, et dans les heures qui suivront. Mais quelle sera sa réaction quand elle découvrira tous les corps ? Quelle sera sa réaction quand il s'agira de calmer une centaine de jeunes ? Quelle sera sa réaction en découvrant le cadavre de John ? Cette pensée la mit hors d'elle. Pourquoi ne pouvait-il pas comprendre qu'il s'agissait de sa décision ? Qu'elle pouvait, si elle le décidait, rester dehors et donner sa vie pour les autres ? Pourquoi ne voulait-il pas comprendre ? Il avait toujours été borné avec ça, et elle voyait maintenant qu'il n'avait pas changé et qu'il l'était toujours autant. Mais pas une seule fois elle ne se demanda pourquoi. La seule chose à laquelle elle pensait, c'était qu'elle ne voulait pas qu'il meure, et qu'elle voulait rester à l'extérieur pur attirer les sauvages.
Elle ne répondit donc d'abord rien. A quoi bon, de toute manière ? Ils étaient tous les deux aussi déterminés l'un que l'autre, sur leurs positions, et bien décidés à ne rien laissé passer. Elle voulait y aller et ne voulait pas qu'il y aille. Il voulait y aller et ne voulait pas qu'elle y aille. Ils ne pouvaient pas y aller tous les deux. Comment tout cela allait-il se finir ? Elle n'en avait aucune idée, mais comptait bien sur le fait que John serait celui à fermer la porte de la station.
- Tu saurais les soigner, John. Tu m'a vue faire, et tu n'es pas idiot. Je t'ai montré les plantes qui soignent, je t'ai montré comment soigner. Tu es autoritaire et tu es leur chef. Comment vont-ils réagir en apprenant ta mort ? Comment ? Tu crois qu'ils vont tous pleurer et se morfondre ? Ils vont vouloir la guerre, la vengeance. Et si nous arrivons à nous sortir de ce bourbier, ils voudront du sang pour du sang. Ils auront tué leur chef, ils voudront le leur. Tu veux peut-être que je me cache à l'intérieur, que je reste bien en sécurité, au chaud, pendant que deux d'entre nous seront dehors, en plein milieu des Terriens ? Tu veux peut-être être l'un de ces deux-là ? Eh bien le fait est là : tu ne peux pas. Tu as un devoir envers tous ces jeunes, envers ton peuple, et tu ne peux pas les abandonner. Tu ne peux pas simplement, parce que tu ne veux pas qu'il m'arrive quelque chose, abandonner cent jeunes qui comptent sur toi et ont confiance en toi. Au nom de quoi irais-tu dehors ? Les protéger ? Ta place n'est pas là et tu le sais, elle est auprès d'eux. Tu sais exciter les troupes, mais tu crois que je saurais les calmer ? Ils t'écoutent, c'est indéniable. Et peut-être qu'ils m'écouteront pour un temps. Mais il y aura un moment où ils voudront la guerre, et je ne pourrais rien faire. S'ils perdent leur chef aujourd'hui, John, alors cette guerre ne sera que reportée.
Et elle ne voulait pas qu'il meure, tout simplement. Juste pour ne pas qu'il lui arrive quelque chose.